La vie après la liquidation d’Hebdoprint aux Angles
Social l Licenciés cet automne, les anciens salariés qui viennent juste de toucher leurs indemnités se sentent abandonnés et ne se voient pas d’avenir. Témoignages.
Il y a des larmes retenues et de la pugnacité. Du découragement et des lueurs d’espoir. Mais pour tous, une grande lassitude. Hier matin, une trentaine de salariés de l’imprimerie Hebdoprint se sont retrouvés une nouvelle fois au Forum pour faire le point sur leur situation, trois mois après la mise en liquidation judiciaire de leur entreprise. Et se soutenir. «Quand on se lève le matin, qu’est-ce qu’on fait ? On ne va plus au travail mais on n’est pas en vacances non plus... », souffle Christophe, conducteur de rotative pendant vingt-trois ans chez Hebdoprint, qui sait déjà que sa reconversion sera douloureuse.
« Il y a dix jours, on n’avait pas un rond, on était tous en situation de survie. Là, 90 % des 80 licenciés ont
touché leurs indemnités », explique Jean-Paul Fabre, le représentant syndical qui multiplie les démarches et
“dépatouille” les situations individuelles. « Quand on a toujours travaillé, on ne comprend rien aux papiers, à Pôle emploi... », résume Yamina, 59 ans. Bienvenue dans l’univers impitoyable du chômage. À 48 ans, Isabelle, opératrice PAO pendant vingt-neuf ans, vient de s’entendre dire « qu’après 43 ans, on est trop vieux ! Je vais quand même tenter une formation d’auxiliaire de vie», dit-elle en confiant son anxiété et ses insomnies. Pour beaucoup comme Yamina, «vingt et un ans de boîte », Hebdoprint était comme une deuxième famille et la blessure est profonde. À 57 ans, Maria Volponi, l’ex-directrice dont les parents ont créé l’imprimerie, le sait sans doute mieux que quiconque, mais elle est lucide : « Il faut faire son deuil maintenant. Une nouvelle vie commence. Se réunir et se soutenir, c’est bien, mais chacun doit aussi faire son chemin, préparer l’avenir. Un an d’indemnités chômage, c’est si vite passé ».
Si tous ont conscience que « ça va être dur de s’en sortir », ils sont prêts à aller au bout de leur combat (lire ci-contre), «même si ça doit durer quatre ou cinq ans, il ne faudra pas lâcher, c’est tellement amoral », lance Maria Volponi. « Et ne me souhaitez pas bon courage, sourit tristement Isabelle. Je n’en peux plus que tout le monde me le dise. Même à Pôle emploi ! Ça fait trop mal... »
KATHY HANIN Photo KATHY HANIN
ET MAINTENANT
Une lettre
Elle est arrivée lundi mais n’a fait sauter personne au plafond. La seule chose concrète à retenir de la lettre
du ministre du Travail Xavier Bertrand, « c’est la mise en place de cellules de reclassement financées par l’État... alors que ce serait à Hersant (le propriétaire d’Hebdoprint,Ndlr) de payer, constate Maria Volponi, l’ex-directrice. Mais rien n’a avancé sur les supralégales », une indemnité supplémentaire de 6 000 euros par personne.
Une action
« Si la situation ne se débloque pas, il faudra aller chercher notre dû avec une démonstration plus musclée ! », prévient Jean-Paul Fabre, le représentant syndical.
D’ici la semaine prochaine, les 1 650 salariés licenciés en France chez Hebdoprint et à la Comareg, la branche presse gratuite du groupe GHM, devraient se concerter. « Il faut leur faire peur et que ça pète avant les élections pour faire pression. »
Un blog
Pour être plus efficaces, s’informer et collecter des fonds pour leurs actions, les salariés ont créé Avenir Presse Publications, une association et un blog du même nom. « Déjà 20 % ont adhéré au niveau national. »
Très bien cet article !
RépondreSupprimerAu moins avec Jean-Paul, ça bouge ! C'est bien le seul !
Bon courage
"Il faut faire peur et que ça pète avant les élections pour faire pression."
RépondreSupprimerJe suis entièrement d'accord !!!!!
Jp un homme d'action, je te soutiens
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