mardi 24 juillet 2012

Mardi 24 Juillet 2012 - L'EXPRESS - La justice autorise la reprise de "Paris-Normandie" par deux journalistes

La justice autorise la reprise de
"Paris-Normandie" par deux journalistes

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LE HAVRE - Le tribunal de commerce du Havre a donné mardi son feu vert à la reprise de Paris-Normandie par les journalistes Xavier Ellie et Denis Huertas qui auront la lourde tâche de tenter de redresser un quotidien qui n'a cessé de perdre des lecteurs depuis 40 ans.


La Une du journal "Paris-Normandie", photographiée le 21 février 2012
afp.com/Kenzo Tribouillard
L'offre présentée par ces anciens directeurs respectifs du Progrès de Lyon et du Dauphiné Libéré prévoit la suppression de 85 emplois sur 357. Grâce à cette économie dans la masse salariale et à une réduction des frais de structures, les repreneurs espèrent un retour à l'équilibre, sans toucher à l'imprimerie et en conservant les huit éditions.
Selon Denis Huertas, la nouvelle direction veut mettre en oeuvre quelques principes simples comme "remobiliser les équipes", "ne pas opposer le web et le print", ou encore "se mettre en correspondance avec les attentes de deux millions de personnes".
Le périmètre de reprise comprend la régie publicitaire et l'ensemble de la Société normande de presse d'édition et d'impression (SNPEI), filiale du Groupe Hersant Médias (GHM), qui possède Paris-Normandie, mais aussi les titres de la pointe de Caux (Havre Libre, Le Havre Presse et Le Progrès de Fécamp).
Le procureur de la République et les administrateurs judiciaires s'étaient prononcés en faveur de l'offre tandis que le comité d'entreprise s'était abstenu. "Nous ne voulions pas faire obstacle à l'offre mais nous ne pouvions dire oui à un plan qui prévoit 85 licenciements", a dit Véronique Christol, secrétaire du CE.
Cette offre était la seule en lice après le retrait de Jean-Charles Bourdier, ancien dirigeant du Républicain Lorrain, et du groupe belge Rossel. Ce dernier conditionnait son arrivée à l'acquisition simultanée des titres du pôle Champagne-Ardennes-Picardie (L'Union, L'Est Eclair...) de GHM dans le cadre d'un rapprochement avec ce dernier qui n'a pas abouti.
Avec ce changement de mains qui sera effectif le 1er août, les titres normands retrouvent leur indépendance, quarante ans après leur prise de contrôle par Robert Hersant, le père de Philippe, patron actuel de GHM. Au cours de cette période, la diffusion quotidienne de Paris-Normandie, navire-amiral de cet ensemble, est tombée de 166.000 à 53.000 exemplaires, selon l'OJD.
Cette descente aux enfers n'avait été enrayée ni par le rapprochement avec les journaux du Havre, ni par les changements de formule comme le passage au format tabloïd, ni par le retour à une certaine neutralité politique après une grande proximité avec la mairie centriste de Rouen dans les années 1970 à 1990.
Fragilisée par cette érosion des ventes et par un recul des recettes publicitaires, l'entreprise avait dû déposer son bilan fin février après avoir accusé en 2011 un déficit d'exploitation de deux millions d'euros pour un chiffre d'affaires de 40 millions.
Ces difficultés récurrentes ont parfois été mises sur le compte de la présence en Haute-Normandie d'une dizaine d'hebdomadaires et bi-hebdomadaires qui font concurrence au quotidien régional et dont la taille modeste leur a permis d'anticiper les changements technologiques. Ils ont pour nom le Réveil de Neuchâtel, l'Informateur d'Eu ou encore l'Impartial des Andelys et la diffusion du plus important d'entre eux, le Courrier Cauchois, dépasse les 37.000 exemplaires.
Mais cette hypothèse reste à étayer car de tels titres prospèrent aussi en Basse-Normandie sans mettre en difficulté le quotidien de référence de cette région, Ouest France.
Par

 

vendredi 20 juillet 2012

Jeudi 19 Juillet 2012 - cgt FORCE OUVRIERE - COMBATTRE L'AUSTERITE, COMBATTRE “LA REGLE D'OR”


Communiqué de presse cgt - FORCE OUVRIERE
COMBATTRE L'AUSTERITE,
COMBATTRE “LA REGLE D'OR”

Dans un contexte social, économique et financier qui se détériore jour après jour, frappant sans cesse les salariés actifs, chômeurs et retraités du département, l'UD FO du Gard tient à réaffirmer aux pouvoirs publics, au patronat et aux élus son opposition à toutes les mesures d'austérité, d'où qu'elles viennent, qui ne font qu'aggraver les conséquences de la crise.

L'UD FO du Gard, en conformité avec les positions unanimes des instances dirigeantes de la Confédération FO, rappelle que cette crise n'est pas autre chose que la crise systémique du capitalisme dans lequel la recherche effrénée du profit par les détenteurs de capitaux accumulés au fil des décennies sur l'exploitation du travail salarié n'a plus comme débouché que la spéculation sur le crédit des particuliers, des entreprises et des états.
Les conséquences pour :
- les particuliers, ce sont les “subprimes” qui ont déclenché la crise
- les entreprises, ce sont les restructurations et délocalisations sans fin
- les Etats, la dette fabriquée par le recul de la souveraineté nationale qui a consisté à priver chaque état du droit d'emprunter à sa banque centrale pour l'obliger à s'endetter auprès des spéculateurs...

De ce point de vue, l'UD FO du Gard réaffirme que la dette que l'on veut nous faire payer n'est pas celle des salariés. Ils n'ont donc pas à la payer.

C'est dans ce contexte que l'UD FO du Gard, avec sa Confédération, appelle ses syndicats et plus largement les salariés à prendre conscience de l'urgente nécessité qu'il y aura à se mobiliser pour combattre cette « dictature de la dette » qui sacrifie les dépenses les plus essentielles pour réduire un endettement public dont les salariés ne sont pas responsables.

L'UD FO du Gard, avec sa Confédération, met en garde les salariés sur les deux traités décidés dans le cadre de l’Union Européenne, traités du Mécanisme Européen de Stabilité (MES) et de Stabilité, coordination et gouvernance (TSCG appelé aussi «  Pacte Budgétaire Européen » PBE). Ce sont les deux faces d’une même pièce conduisant à plus d’austérité, à créer une « Europe des sanctions » et à des transferts de souveraineté. Ils ne sont pas amendables ou aménageables : ils doivent être rejetés.

Lors de l'examen par le Parlement, la Confédération FORCE OUVRIERE s’adressera aux Parlementaires pour leur demander de ne pas voter ce TSCG ou PBE.
L'UD FO du Gard appuiera la mobilisation des salariés allant dans ce sens.

Nîmes, le 19 juillet 2012


Le Secrétaire Général
Gilles BESSON


mardi 17 juillet 2012

Mardi 17 Juillet 2012 - LA DEPECHE.PF - Acquisition du groupe GHM à Tahiti par Media Polynésie

Acquisition du groupe GHM à Tahiti par Media Polynésie

L’acquisition du groupe GHM (Groupe Hersant Media) en Polynésie française par Media Polynésie a été officialisée ce mardi à Papeete. Les associés de cette acquisition sont Paul Yeou Chichong, Richard Bailey et Marc Collins (les deux derniers représentent des sociétés de participation familiale). Ils se sont regroupés au sein de la Sarl baptisée Media Polynésie pour reprendre, à part égale,  l’intégralité des participations détenues par GHM dans les différentes sociétés polynésiennes. L’ensemble des titres publiés par le groupe est concerné, ainsi que la station de radio NRJ : les quotidiens La Dépêche de Tahiti et Les Nouvelles de Tahiti, les magazines TikiMag, Fenua’Orama, Maisons du Fenua et le gratuit Paru Vendu.
Hasard du calendrier, PAC FM qui détient les fréquences pour la radio NRJ vient de se voir attribuer une fréquence supplémentaire pour rediffuser les programmes de Rires et Chansons, et ainsi améliorer l’offre radiophonique pour les auditeurs polynésiens.
Les associés de Media Polynésie se disent particulièrement enthousiastes et espèrent bien faire bénéficier à ce nouveau groupe de leurs expériences réussies dans l’économie du fenua.

vendredi 13 juillet 2012

Vendredi 13 Juillet 2012 - LE NOUVEL ECOMISTE.FR - Robert Hersant vous salue bien


Robert Hersant vous salue bien
Le groupe Hersant sent le sapin.
Oui, mais s’agit-il du sapin dont on fait les cercueils
ou de celui dont on bâti les chalets ?


Robert Hersant 


                                                                    Robert Hersant

Toute la grande presse en habit noir publie ces jours-ci son avis de décès, racontant comment de Robert en Philippe, l’empire du “Papivore” (son surnom officiel) est devenu celui d’un omnivore qui pâture en Suisse. “Succession mal ordonnée” (Le Monde), “L’héritier Hersant n’a pas réussi à se faire un prénom” (Marianne), “La chute de la maison Hersant” (Les Echos), etc. On se croirait dans un film de Philippe Labro. Hersant et la France, c’est une histoire de haine. Robert Hersant a été haï autant qu’il méprisait. Mais qu’on se rassure, Philippe Hersant, à qui la presse reproche de n’avoir pas réussi à se faire un prénom, est en passe d’y remédier.
Depuis des années, la photo de sa propriété apparaissait l’été entre celles d’autres exilés fiscaux connus dans les magazines. L’été, la presse adore faire rêver les pauvres. L’évasion fiscale vue du ciel, en quelque sorte. Montrer leurs chalets évite de traiter le sujet (lire pages suivantes). Pendant dix ans, jamais la presse, et encore moins la gauche, n’ont relevé l’incongruité, pas même l’an dernier lorsque Hersant a liquidé la Comareg – ancien numéro un de la presse gratuite tué net par Internet – en licenciant près de 3 000 salariés. A quelques mois près, ce plan social, qui fut l’un des plus importants de l’année, a échappé à Montebourg. Mais l’histoire repasse toujours les plats.
2012, c’est l’été des plans sociaux et des exilés fiscaux. Exactement comme en 81. Le retour d’Hersant dans l’actualité est donc cruellement symbolique. Un symbole déplaisant, mais en est-il d’autres désormais ? Comme en 81, des tas de gens s’activent à leur exil fiscal, à ceci près qu’ils disposent maintenant de banquiers conseils, d’avocats et d’experts-comptables qui se font une spécialité et un plaisir de raccompagner l’élite sociale aux frontières.
En 81, ils avaient peur des rouges, le mot nationalisation les réveillait la nuit, leur or n’était plus à l’abri. En 2012, ils ont juste peur que les roses les piquent. Mais comme en 81, il y a un dossier Hersant marqué chaud et posé sur des bureaux à l’Elysée, avec copies à Bercy et rue de Valois. Problème, le dossier Hersant est sur la même pile que celui de Presstalis, autre résidu du passé, connu alors sous le nom de NMPP. Un autre scandale, celui de la distribution de la presse, mais celui-là n’éclatera pas. La presse et le gouvernement ont un commun intérêt dans cette affaire. La presse a besoin que le gouvernement réinjecte un milliard (à fonds perdus, tout le monde l’admettra, mais dans trois ans) et le gouvernement, que la presse ne l’assassine pas trop vite. Une sorte de chantage endogamique qui, en son temps, a fait la fortune d’Hersant.
On a changé d’époque, on a changé de François, on a changé d’Hersant, mais le groupe Hersant n’est plus un épouvantail. D’abord parce qu’il a fondu depuis la mort de Robert, ensuite parce que le problème de la presse n’est plus sa concentration mais sa survie, et enfin parce qu’à chaque période ses épouvantails à pigeons et que ce mot, Hersant, n’évoque plus qu’un fantôme. En 81, le dossier Hersant était politique parce que cette entreprise avait trop de pouvoir. En 2012, le dossier Hersant est politique parce que c’est celui d’un exilé fiscal qui laisse en France dettes et licenciements pour sauver les restes d’un empire familial.
En 81, Robert Hersant était l’épouvantail numéro un de la gauche. Il avait bâti par endettement bancaire un groupe de quotidiens qui a couvert jusqu’à 60 % du territoire, colonies incluses. Hersant, c’était Murdoch qui aurait collaboré avec les Allemands. D’ailleurs, il a collaboré avec les Allemands. Pendant la guerre, c’était un jeune Rastignac antisémite comme il en pullulait à Paris. Après la guerre, il s’est fait tout petit pendant dix ans avant de se lancer. Un magazine, puis deux, puis trois ; puis un premier quotidien, puis deux, puis trois. Il a même été député pendant des siècles, de ceux qui siègent peu. C’est là qu’il a croisé Mitterrand avec qui un étrange rapport de neutralité existait.
Le seul scoop journalistique qu’on doive à l’armada de journaux du groupe Hersant en cinquante ans est arrivé le premier jour, lorsqu’il a publié les photos de la future DS dans l’Auto Journal. L’objet symbolique de la France de l’après-guerre lui a permis de se lancer. Chez Hersant, le journalisme n’a jamais été que du gris à mettre autour des photos. Hersant méprisait profondément tout le monde et en particulier les journalistes, à part FOG peut-être, qu’il avait arraché à la gauche. Son deuxième coup malin fut d’imaginer agrémenter l’ennuyeux Figaro d’un magazine en quadri pour piquer des pages de pub aux trois news. Il a bien failli y passer lorsque, voulant faire de la télévision, il a racheté la 5 à Berlusconi ; mais il est parvenu à la revendre in extremis à Jean-Luc Lagardère qui, lui aussi, a d’ailleurs failli y passer.
La gauche n’a jamais pu faire tomber Hersant. Elle a voté une loi anticoncentration rien que pour le faire maigrir, mais elle n’a jamais été appliquée. Chirac est arrivé et entre eux, c’était simple. Au pic de sa splendeur, l’organigramme du Figaro rassemblait plus de députés qu’il n’en faut pour constituer un groupe parlementaire. Les banques non plus ne l’ont jamais fait chuter. Il les tenait par son endettement. Sa faillite était inenvisageable, alors il obtenait toujours plus, pour racheter des quotidiens ou pour rembourser les échéances délicates. Parfois, il faisait visiter sa dernière imprimerie à un Arnault ou à un Bolloré pour faire croire aux banques qu’il allait vendre.
Après la mort de Robert Hersant, en 96, quelques mois après Mitterrand, d’autres méchants sont venus nourrir les rengaines anti- tycoons. Jean-Marie Messier, Arnaud Lagardère, Serge Dassault… Le groupe Hersant s’était fait oublier. Il ne possèdait plus que quelques quotidiens de province et des gratuits de petites annonces que personne ne lisait à Paris. Les barons qui entouraient Robert Hersant s’étaient égayés et la famille s’est fiscalement exilée avec le fruit de la vente de ses bijoux (la Socpresse, c’est-à-dire le Figaro, le Progrès, le Dauphiné Libéré principalement). 1 milliard, dit-on, partagé en une poignée d’héritiers.
Il faut admettre que la suite n’a pas été glorieuse. Robert Hersant lui-même l’avait prédit. Voilà ce que le Nouvel Economiste lui avait soutiré en 1995 : “Quant à ma succession, s’il y en a une, les solutions se trouveront d’elles-mêmes. Je ne me sens pas responsable, au-delà de ma propre capacité à exercer mon autorité. (…) J’ai tout réussi dans ma vie, mais je n’ai pas été totalement victorieux dans ma famille.”
Philippe Hersant, qui n’était pas le fils prévu pour tenir la barre, n’a dans un premier temps pourtant pas mal manoeuvré mais la crise de 2008 a fait basculer tous les cadrans dans le rouge. Brutalement et définitivement, les journaux qui gagnaient de l’argent se sont mis à en perdre et ceux qui en perdaient se sont mis à en perdre davantage. Le reste n’est qu’enchaînement jusqu’à aujourd’hui. D’ici la fin de l’été, ses derniers quotidiens auront trouvé un repreneur, les banques auront vraisemblablement bradé le tout pour un tiers de leur dette, mais ce sera comme un solde de tout compte entre la France et Hersant.
Déjà, la grande braderie a commencé. Paris Normandie, un quotidien historique du groupe, sera même cédé pour l’euro symbolique à deux anciens barons du groupe qui pourtant se tiraient la bourre lorsqu’ils dirigeaient, l’un le Dauphiné Libéré, et l’autre le Progrès. Leur alliance est le signe que l’odeur de l’encre au petit matin leur manquait trop. On peut même s’offrir pour 100 millions les quotidiens de toute la Côte d’Azur, Nice Matin, Var Matin, la Provence et Corse Matin. Une affaire pour qui saurait y faire. Ce qui a fait chuter le groupe Hersant, c’est que son opération de la dernière chance a capoté. Depuis plusieurs mois, le groupe de presse belge Rossel avait prévu de fusionner avec Hersant, lui permettant de gagner du temps. Rossel a jeté l’éponge, vraisemblablement pour mieux revenir.
A moins qu’ils ne soient coiffés au poteau par celui qui a remplacé Hersant dans le rôle du méchant glouton. Le banquier Michel Lucas, qui s’est pris pour Citizen Kane et assouvit grâce aux poches profondes du Crédit Mutuel une tardive passion. Les quotidiens de l’est de la France et de Rhône-Alpes et rien ne semble vouloir l’arrêter. De plus, il est entré dans l’histoire de la presse comme celui qui le premier aura, par un bug informatique, donné accès aux informations sur les clients de sa banque aux journalistes de son groupe. Par souci d’économie, il avait en effet décidé de regrouper les services informatiques de ses banques et de ses journaux. C’est comme si Lagardère, les journalistes de Elle avaient eu accès aux plans de l’Airbus en allumant leur Facebook.
Du groupe bâti par Robert Hersant, il ne restera bientôt plus en France qu’un golf qui porte son nom et dont l’entretien était assuré par la trésorerie des journaux ; jusqu’à l’an dernier où les banques créancières ont osé réclamer que le groupe récupère les 14 millions prêtés au golf d’Ivry-la-Bataille en Normandie et dépensés pour son réaménagement. 14 millions pour tondre un golf et refaire son Club House, l’année de la liquidation de la Comareg…
Mais Philippe Hersant n’est pas le benêt qu’on dit. Il a reçu un héritage relativement incontrôlable et s’apprête à mener une vie plus adaptée à sa carrure. Il a tranquillement créé un nouveau groupe de journaux en Suisse, autour du Lac Léman. L’Impartial, le Nouvelliste, la Côte… Des titres follement ringards mais drôlement rentables, sans CGT ni Presstalis, et qui pèsent déjà pas loin de 80 millions d’euros de CA. A croire que la presse, c’est comme le ski : c’est en Suisse qu’il faut en faire.
Durant toutes les années 80, la gauche a régulièrement dénoncé la surpuissance de Robert Hersant ; trente ans plus tard, ce combat a été remplacé par les vociférations de Mélenchon contre les médias en général et les journalistes en particulier, si possible jeunes et sans défense. Gros succès. Dans la vraie vie, Mélenchon est ami avec Serge Dassault, propriétaire du Figaro (racheté à Hersant il y a dix ans) et on ne l’a jamais entendu hurler contre le scandale du coût du programme des avions Rafale.
On a fait d’Hersant un symbole alors qu’il n’était qu’un symptôme.
Par Pierre-Louis Rozynès

mardi 3 juillet 2012

Mardi 03 Juillet 2012 - LES ECHOS - La chute de la maison Hersant

Présidé par Philippe Hersant, troisième fils du « papivore » Robert Hersant, le groupe de presse quotidienne régionale se posait fin 2007 comme l'un des leaders du secteur. Il est engagé depuis 2008 dans une longue descente aux enfers.
C'est un homme grave qui reçoit dans ses bureaux de la rue de Presbourg, à Paris, au lendemain de la rupture des fiançailles entre le belge Rossel et le groupe familial qui porte son nom, Hersant Média. Une rupture lourde de sens et de conséquences, car le groupe de presse quotidienne régionale que préside Philippe Hersant se retrouve brutalement seul, empêtré dans ses difficultés, faute d'un allié pour l'aider à redresser des journaux devenus structurellement déficitaires.
« Paris Normandie » a été placé en redressement judiciaire en février et ses 365 salariés attendent de savoir si l'unique offre de reprise déposée la semaine dernière sera acceptée par le tribunal de commerce. « L'Union » de Reims et les autres journaux du pôle Champagne Ardennes Picardie sont eux aussi menacés, à très court terme, de dépôt de bilan. « La Dépêche de Tahiti » vient d'être vendue à des hommes d'affaires locaux et « Les Nouvelles calédoniennes » sont en cours de cession. Restent les journaux du sud de la France (« Nice-Matin », « La Provence ») et les quotidiens antillais, dont la rentabilité est encore satisfaisante mais ne cesse de décliner. Elle ne suffira pas, en tout cas, ni à financer les restructurations nécessaires ni à rembourser la lourde dette bancaire du groupe. Les 4.200 salariés ont de quoi être inquiets. La filiale de presse gratuite d'annonces Comareg, qui employait 3.000 personnes il y a trois ans, a tout bonnement été liquidée en novembre dernier. Remportant au passage le triste record du plus grand plan social de l'année.
L'atmosphère est étouffante en cette chaude matinée de juin. Philippe Hersant s'exprime avec humilité. Il ne cherche pas à se défausser de sa responsabilité. «  J'ai approuvé, comme les autres actionnaires familiaux, toutes les décisions qui ont été prises », lâche-t-il. Il donne pourtant le sentiment d'une immense impuissance. Comment aurait-il pu deviner qu'un retournement aussi brutal du marché publicitaire allait provoquer, en moins de trois ans, la perte de plus de 300 millions d'euros de chiffre d'affaires, soit 30 % de moins qu'en 2007 ? Comment aurait-il pu moderniser sa presse quotidienne régionale (PQR) sans consentir de lourds sacrifices humains -et risquer de graves conflits sociaux, compte tenu du poids de la CGT dans ses entreprises ? « L'échec du groupe Hersant est lié à deux péchés originels : s'être construit par endettement, sans capitaux propres. Trop risqué dans ce secteur. Et n'avoir pas réussi à adapter ses journaux à l'ère moderne », analyse ainsi un spécialiste du secteur.

 

Le pari des gratuits

L'horizon paraît pourtant dégagé lorsque Philippe Hersant signe les deux actes fondateurs du Groupe Hersant Média (GHM) d'aujourd'hui : l'acquisition de Comareg en 2003, puis celle des journaux du sud de la France en 2007. Le troisième fils de Robert Hersant est aux manettes de France-Antilles depuis 1982 (le groupe sera rebaptisé Hersant Média en 2006). Son « papivore » de père vient alors de scinder son empire au terme d'une donation-partage, pour échapper à la loi anticoncentration sur la presse concoctée par les socialistes fraîchement arrivés au pouvoir : d'un côté, France-Antilles ; de l'autre, la Socpresse (« Le Progrès », « Le Dauphiné libéré », « Le Figaro », « France Soir » et quelques autres). Dirigée par Yves de Chaisemartin lors de la disparition de Robert Hersant, en 1996, la Socpresse sera vendue à Dassault quelques années plus tard, entre 2003 et 2004. Les 13 héritiers de Robert Hersant se partageront une somme alors estimée à plus de 1 milliard d'euros (un montant que Philippe Hersant dément aujourd'hui).
Homme de presse depuis toujours, Philippe Hersant est animé d'une véritable vision lorsqu'il reprend Comareg. La presse gratuite d'annonces, il y croit dur comme fer. Et n'hésite pas à endetter le groupe pour acheter la société, au prix de 135 millions. « J'ai voulu cette opération. Les gratuits avaient un vrai potentiel auprès des annonceurs locaux », confirme-t-il. De même, l'acquisition des journaux du sud de la France à Lagardère en 2007, pour 160 millions d'euros, lui apparaît comme une magnifique opération stratégique, conforme au prix du marché. « Il n'est aucun secteur économique comportant une composante industrielle qui puisse survivre sans consolidation et mutualisation de ses moyens », insiste-t-il, se défendant de toute mégalomanie. « Tout le monde nous disait alors que le groupe était trop petit. » L'opération porte la dette bancaire de GHM à plus de 200 millions d'euros, y compris les besoins de financement et la dette résiduelle sur Comareg. Les actionnaires familiaux y croient aussi : ils apportent 80 millions, sous forme d'obligations. Une dette obligataire alourdie depuis des intérêts capitalisés et non perçus, à 105 millions d'euros.
Fin 2007, le ciel est encore bleu azur. Les deux opérations ont permis à GHM de tripler son chiffre d'affaires, à 926 millions d'euros. Comareg, déficitaire au moment de l'acquisition, a été redressé. C'est devenu une fantastique machine à cash et sa contribution au résultat d'exploitation du groupe, 35 millions d'euros sur 64, permet d'envisager le remboursement de la dette avec sérénité. GHM publie 27 quotidiens régionaux aux quatre coins de la France et en outre-mer, et emploie 7.500 salariés. « GHM détient alors aussi 27 % de "L'Est républicain". La perspective de le voir devenir un groupe structurant de la PQR en France n'est pas très éloignée. Philippe Hersant pensait avoir du temps devant lui », rappelle un observateur. Le site Internet du groupe est d'ailleurs figé sur ce tableau idyllique. Comme une photo jaunie que l'on conserve pour se rappeler des jours heureux.
L'horizon ne restera pas dégagé très longtemps. Le marché publicitaire s'effondre littéralement à l'été 2008 et frappe de plein fouet la presse gratuite d'annonces. Comareg ne s'en remettra pas. Concurrencée sur les petites annonces par les « pure players » d'Internet comme Le Bon Coin ou SeLoger, privée de ses recettes de publicité commerciale, la société voit son chiffre d'affaires fondre comme neige au soleil : 388 millions en 2007, 240 millions en 2010. Précipitant GHM dans des pertes nettes abyssales : 82 millions en 2009, 217 millions en 2010. GHM sera incapable de rembourser la première échéance de sa dette bancaire. Le produit des cessions d'actifs réalisées à cette époque sera englouti dans l'exploitation : 22 millions tirés de la vente du « Journal de la Réunion » en avril 2009, 23 millions de celle de Mediapost en mai 2010 ou encore 22 millions pour la participation dans « L'Est républicain », cédée en octobre 2010.

 

Une réorganisation insuffisante

GHM aurait-il pu anticiper et, en investissant davantage sur le numérique, mieux conduire la mutation des petites annonces sur Internet ? « On nous a reproché d'avoir retardé le passage à la gratuité des petites annonces. Mais elles représentaient encore 60 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2009 : il était impossible alors de décider de se couper un bras. D'autant que cette évolution aurait aussi conduit à de lourdes réorganisations », explique Philippe Hersant. Sans doute le groupe a-t-il commis des erreurs. Mais c'est un fait : le numérique est loin de rapporter autant que le papier, sur les petites annonces comme d'ailleurs sur l'information. Le leader des annonces en France, Le Bon Coin, n'a réalisé « que » 64 millions d'euros de chiffre d'affaires l'an dernier. Bien loin des recettes de Comareg au temps de sa gloire.
De même Philippe Hersant se défend de tout immobilisme sur la presse. « Nous avons investi 49 millions dans le numérique entre 2007 et 2011, par exemple dans une plate-forme commune utilisée par nos titres pour leurs sites Internet. Nous avons aussi engagé des plans de modernisation, mais uniquement par des préretraites. Nous n'avons jamais pu, en raison de l'opposition de la Filpac-CGT, aller au delà, même depuis 2008 pour faire face à la crise», dit-il. GHM a effectivement investi dans les imprimeries de « Nice-Matin » ou de « L'Union », moyennant 140 suppressions de postes dans chacun des deux pôles. Mais la modification des organisations n'a pas forcément suivi. Et la charge de travail n'a pas toujours été bien anticipée. A Reims, par exemple, 22 millions d'euros ont été dépensés pour moderniser l'imprimerie et lui permettre de prendre en charge les gratuits de Comareg : elle se trouve aujourd'hui en forte surcapacité...
Pour autant, Philippe Hersant ne peut pas se défausser entièrement sur la fatalité. Beaucoup lui reprochent aujourd'hui la distance prise avec les affaires de GHM ces dernières années. En 2003, le fils du « papivore » s'est installé en Suisse, sur les bords du lac Léman. Il a d'ailleurs bâti de l'autre côté des Alpes un autre groupe de presse depuis 2001 : « La Côte », « L'Impartial », « Le Nouvelliste » regroupés au sein des Editions Suisse Holding. Gérés d'une main de maître par son fidèle lieutenant Jacques Richard, ils représentent une soixantaine de millions d'euros de chiffre d'affaires et affichent une rentabilité bien supérieure à celle de la presse française. Dans l'Hexagone, il a confié en 2003 les rênes de GHM à un directoire, présidé par Frédéric Aurand, secondé par Jacques Bolelli aux finances. Les salariés le voient peu.

 

Diversifications hasardeuses

A-t-il laissé trop de liberté à ce directoire, entérinant des décisions sans bien mesurer leurs conséquences ? De fait, GHM s'est aussi engagé pendant cette période dans des diversifications hasardeuses comme la télévision locale, qui aura coûté au groupe, reconnaît-il, plus de 40 millions d'euros entre 2005 et 2009. A-t-il au contraire systématiquement refusé des propositions d'investissement, d'ouverture du capital, de restructuration de Comareg, comme l'affirment des proches des anciens dirigeants ? Les dissensions avec ces derniers se soldent en tout cas brutalement par leur départ en août 2009 et leur remplacement, au printemps 2010, par Dominique Bernard à la direction générale de GHM.
La crise avait alors frappé. Dès lors, l'énergie des dirigeants a été consacrée à négocier avec les banques, à tenter de relancer Comareg, à chercher des partenaires. L'accord passé avec Rossel en octobre 2011, qui prévoyait d'apporter des titres des deux groupes à une société commune, devait permettre de retrouver l'équilibre grâce à des restructurations et la mutualisation de certains moyens. Le refus par la CGT d'accepter le plan de restructuration proposé à « L'Union », préalable à l'accord, a provoqué le retrait du groupe belge. La nouvelle ère qui s'ouvre pour GHM ne sera sans doute pas la plus drôle.
ANNE FEITZ, Les Echos
Une perte nette de 217 millions en 2010
• 2008 
Chiffre d'affaires : 900 millions d'euros
Résultat d'exploitation : 50,4 millions d'euros
Résultat net : 1,1 million d'euros 
• 2009
Chiffre d'affaires : 749 millions d'euros
Résultat d'exploitation : 1,4 million d'euros 

Résultat net : - 82 millions d'euros
• 2010
Chiffre d'affaires : 697 millions d'euros

Résultat d'exploitation : 17,6 millions d'euros
Résultat net : - 217 millions d'euros
Écrit par Anne FEITZ