vendredi 26 octobre 2012

Vendredi 26 Octobre 2012 - L'HEBDO DU VENDREDI - Pas de mariage, une vente pure et dure


Pas de mariage, une vente pure et dure
Le Pôle Champagne-Ardenne-Picardie (CAP) du Groupe Hersant Media (GHM) sera vendu au groupe de presse belge Rossel (Le Soir, entre autres, en Belgique ; La Voix du Nord en France). Il n'y aura pas de dépôt de bilan, donc pas de redressement ou de liquidation judiciaire. En revanche, s'il n'est pas encore annoncé, ce rachat devrait être assorti d'un plan de restructuration qui risque bien de détruire 200 à 300 emplois en Champagne-Ardenne et dans l'Aisne.


 La Filpac-CGT du Pôle CAP avait « accueilli » François Hollande lors de l'inauguration de la dernière foire de Châlons. Prochaines actions en fin d'année ? (© l'Hebdo du Vendredi)

Après l'échec des « négociations » avec le syndicat Filpac-CGT du mois de juin, Rossel avait déclaré abandonner sa volonté de se rapprocher de GHM pour construire ce grand groupe de presse en France. Dans un communiqué en date du 19 octobre, Bernard Marchant, administrateur délégué du groupe belge, indique que « Le Groupe Rossel a été retenu comme repreneur des journaux et activités que le groupe de presse Hersant Media (GHM) détient en Champagne-Ardenne et en Picardie et représentant près de 600 000 lecteurs quotidiens. Les titres concernés par cette reprise sont l'Union, l'Ardennais, l'Est Eclair, Libération Champagne et l'Aisne Nouvelle auxquels s'ajoute aussi la radio Champagne FM ». Cette dernière étant la surprise de dernière minute. « La cerise sur le gâteau », évoque Emmanuel Busson, délégué du personnel Filpac-CGT du Pôle CAP. Syndicat majoritaire qui a refusé le plan proposé par Rossel et GHM en juin dernier. Pour rappel, Rossel prévoyait alors d'injecter 20 millions d'euros, dont une partie pour financer un plan social conséquent (220 suppressions de poste, dont 193 non-journalistes qui auraient perçu l'équivalent de 30 mois de salaire d'indemnités). Face au refus des représentants des salariés, Rossel avait donc jeté l'éponge.
Après cet épisode, GHM avait obtenu de ses banques créancières un délai supplémentaire de cinq mois pour trouver une solution. Certains salariés imaginaient le pire - un dépôt de bilan - pour les fêtes de fin d'année. On peut facilement imaginer que les banques ont traité, depuis, directement avec Rossel. Et que les tentatives de Jacques Tillier, ancien PDG du Pôle CAP licencié au printemps dernier, de monter une offre alternative, avec l'appui de cadres des journaux, n'ont pas pesé face à Rossel. Même quand il a été question, ces toutes dernières semaines, de voir Rossel tout racheter sauf L'Ardennais, laissé à l'ancien patron et ses anciens collaborateurs.
L'avis de la direction de la concurrence pour Noël

Maintenant que le rachat est annoncé, les salariés peuvent-ils être pour autant rassurés ? À la Filpac-CGT, on ne rêve pas. « GHM n'a pas communiqué pour le moment. Au jour d'aujourd'hui, nous n'avons eu aucune information officielle, indique Emmanuel Busson. Si Rossel vient sans la dette Hersant, il ne faut pas qu'il revienne avec le plan du mois de juin. Il serait propriétaire tout seul. Les chiffres de suppression d'emploi qui circulent sont des extrapolations de ce qui avait été écrit en juin, dans le contexte de l'époque. Là, Rossel ne parle pas de restructuration. » Un peu quand même : « Conscient des efforts qui restent à faire avant de redresser l'économie difficile du pôle CAP, dit le communiqué de Bernard Marchant, le Groupe Rossel entend y investir afin de moderniser l'outil industriel et chaque fois que nécessaire, redimensionner les équipes aux réalités nouvelles du marché. Le pôle CAP a particulièrement souffert ces dernières années d'avoir été dimensionné en fonction d'activités de presse gratuite que son pôle soeur Comareg devait lui apporter. » Redimensionner les équipes aux réalités nouvelles du marché, ça ne veut certainement pas dire embaucher. Sinon, Bernard Marchant aurait parlé de création d'emplois. « De toute façon tant qu'ils ne sont pas propriétaires, ils ne peuvent pas vraiment s'avancer, poursuit Emmanuel Busson. Ils ont toujours dit qu'ils voulaient des conditions d'exploitation à deux chiffres. Ils mettent la barre à 10%, et pour ça, il faut taper très fort dans la masse salariale, donc on s'attend évidemment à ce qu'ils viennent avec un plan de restructuration. Nous, on s'attend au pire. On est prêt, on les attend. Mais demander autant, c'est une aberration dans le contexte actuel. »

Pour l'association Sauvons Nos Journaux, créé en mai dernier pour proposer une autre voix que celle de la Filpac-CGT, c'est le soulagement qui prévaut : « Soulagement que nos titres soient rachetés par un important groupe de presse, soulagement de ne pas aller au redressement judiciaire, soulagement de savoir que nos journaux ont un avenir. Soulagés mais pas euphoriques, loin de là. Car la période qui s'engage sera celle de la restructuration. Alors, comment ne pas dire notre inquiétude. Une inquiétude que nous partageons avec de nombreux salariés qui se sentent menacés dans leur emploi, qui s'interrogent et qui ne savent pas de quoi demain sera fait. Le groupe Rossel n'a pas encore présenté son plan et ses projets pour les titres du pôle CAP. En juin dernier, nous avons montré notre force, la puissance de notre représentation dans tous les services et toutes les sociétés du pôle CAP. Nous sommes entrés en légitimité. Nous avons été entendus. »

Tout le monde, chez les salariés, attendait Noël et la fin du délai accordé par les banques créancières de GHM pour savoir. Aujourd'hui, si le rachat par Rossel est pratiquement acquis, il manque l'aval des banques en question - mais on voit mal comment elles ne le donneraient pas puisque ce sont elles qui ont choisi Rossel - qui doit intervenir cette semaine, et celui de la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes (DGCCRF). Comme les ministères concernés sont tous d'accord avec l'opération, on voit mal la DGCCRF aller dans le sens inverse, mais son travail devrait prendre pratiquement deux mois. Ce qui amène à Noël. D'ici là, l'inquiétude pour les salariés restera la même.
Tony Verbicaro

samedi 20 octobre 2012

Samedi 20 Octobre 2012 - LE PARISIEN / AFP - Le groupe Rossel reprend le pôle Champagne-Ardenne-Picardie de Hersant

Le groupe Rossel reprend le pôle
Champagne-Ardenne-Picardie
de Hersant

Publié le 20.10.2012
Les publications du pôle CAP (Champagne-Ardenne-Picardie) du Groupe Hersant Média (GHM) devraient passer dans le giron du groupe belge Rossel, poursuivant le démembrement des restes de l'empire Hersant, quelques mois après l'échec des négociations globales de reprise du groupe.



Les publications du pôle CAP (Champagne-Ardenne-Picardie) du Groupe Hersant Média (GHM) devraient passer dans le giron du groupe belge Rossel, poursuivant le démembrement des restes de l'empire Hersant, quelques mois après l'échec des négociations globales de reprise du groupe. | Pierre-Yves Thienpont

Les publications du pôle CAP (Champagne-Ardenne-Picardie) du Groupe Hersant Média (GHM) devraient passer dans le giron du groupe belge Rossel, poursuivant le démembrement des restes de l'empire Hersant, quelques mois après l'échec des négociations globales de reprise du groupe.
Rossel, qui contrôle déjà le groupe de presse nordiste La Voix, détiendra également, après ce rachat annoncé samedi dans un communiqué, les titres L'Union-L'Ardennais, L'Est Eclair, Libération Champagne et L'Aisne nouvelle, ainsi que la radio Champagne FM.

Les journaux du pôle CAP avec leurs 13 éditions représentent une audience de près de 600.000 lecteurs jour et une diffusion quotidienne, sept jours sur sept, de près de 140.000 journaux. Le groupe Rossel couvrira avec cette acquisition un territoire français de près de 7 millions d'habitants.
"L'acquisition reste encore à être validée, en début de semaine prochaine, par les banques créancières de GHM, ses modalités étant couvertes par une clause de confidentialité", a précisé Rossel dans son communiqué.
GHM, de son côté, a confirmé avoir engagé "de nouvelles discussions avec le groupe Rossel, dont les termes devront recevoir, dans les prochains jours, l'accord des banques créancières" et rappelle qu'il lui "appartiendra ensuite de procéder à la procédure d'information-consultation des représentants du personnel".

"Nous avons toujours voulu favoriser en un développement par phase et par complémentarité géographique", a expliqué à l'AFP Bernard Marchant, administrateur délégué de Rossel.

Le groupe belge, dont les principaux fleurons sont le quotidien belge Le Soir et le nordiste La Voix du Nord, avait renoncé en juin au rapprochement envisagé avec l'ensemble du groupe Hersant Média (qui comprend également un pôle PACA avec notamment La Provence et Nice-Matin). Les deux entreprises avaient alors accusé la d'avoir fait capoter le projet.

Le projet de reprise devait s'accompagner de la suppression de 220 postes sur les 640 emplois dans le pôle CAP, dont les pertes fin 2012 devraient s'élever à 7,5 millions d'euros pour un chiffre d'affaires de 60 millions, selon les .

"Des problèmes à l'Union n'ont toujours pas été réglés, il y aura nécessairement des discussions à engager pour un plan social", a poursuivi M. Marchant.
"Il va falloir que le groupe Rossel nous présente son projet industriel et social mais s'il revient avec le même état d'esprit qu'en juin en supprimant autant d'emplois, cela va mal se passer", a prévenu à l'AFP Emmanuel Busson, le délégué du personnel Filpac-CGT de l'Union.
"Rossel ne se marie plus avec un malade il rachète une entreprise, on ne peut qu'espérer que la facture sociale sera bien moins élevée que ce qui avait été annoncé lors du projet de rapprochement", a souligné Philippe Mellet, délégué du personnel SNJ.

L'ex-propriétaire de France Soir, le promoteur immobilier Jean-Pierre Brunois était également candidat au rachat du pôle CAP.

Après l'échec des négociations avec Rossel, le groupe Hersant qui cherchait un accord avec ses 17 banques créancières pour une dette estimée à quelque 215 millions d'euros, avait opté pour une solution de vente à la découpe.

"Aujourd'hui, nous n'avons pas l'ambition d'investir directement sur les autres journaux du groupe Hersant", a précisé Bernard Marchant.

En juillet dernier, GHM avait cédé ses titres de Polynésie, soit deux quotidiens de cette collectivité française du Pacifique, une radio et plusieurs magazines à trois hommes d'affaires polynésiens.
Un de ses anciens fleurons Paris Normandie et les journaux associés, en redressement judiciaire, avaient été repris en août par les journalistes Xavier Ellie et Denis Huertas, moyennant quelques licenciements parmi les 357 salariés.

Avant le démembrement du groupe, GHM était à la tête de 27 titres de presse (métropole et outre-mer) totalisant plus de 750.000 exemplaires quotidiens et quatre télévisions locales avec 7.000 collaborateurs pour un chiffre d'affaires de 900 millions d'euros.

mercredi 3 octobre 2012

Mercredi 03 Octobre 2012 - Le Monde.fr - Plusieurs repreneurs possibles pour "L'Union"


Le groupe belge Rossel, qui est propriétaire de La Voix du Nord, à Lille, va déposer une offre de reprise du quotidien L'Union, à Reims, propriété de Groupe Hersant Media (GHM). Lesté d'une dette de 200 millions d'euros, le groupe dirigé par Philippe Hersant cherche à vendre ses actifs l'un après l'autre sous la pression de ses banques créancières.

Capture d'écran du site de "L'Union".
D.R - Capture d’écran du site de l'Union

Rossel avait déjà fait une offre de reprise du pôle Champagne-Ardenne de GHM (L'Union, L'Ardennais, L'Aisne nouvelle et L'Est éclair) sous la forme d'une holding commune avec GHM. Mais il y avait renoncé fin juin, devant le refus des syndicats d'approuver le plan de restructuration proposé par le repreneur.

UN EURO SYMBOLIQUE ?
Cette fois, les banques poussent GHM à vendre et Rossel se trouve théoriquement en position de force. Pour le groupe belge, il y a une logique géographique à s'étendre de Lille jusqu'à Troyes. Mais d'autres candidats pourraient se déclarer. Le promoteur immobilier Jean-Pierre Brunois, propriétaire de France Soir de 2006 à 2009, est tenté de se lancer dans l'aventure, mais il hésite encore. Celui-ci est natif des Ardennes et a fait ses études supérieures à Reims, où il a fondé une radio locale en 1983. Il est aujourd'hui président régional du Parti radical valoisien Champagne-Ardenne. Certains lui prêtent des ambitions politiques locales.
Parmi les autres entreprises qui pourraient être intéressées figurent le groupe belge Corelio, qui publie notamment L'Avenir et De Standaard, et enfin le groupe Ebra (Est-Bourgogne-Rhônes-Alpes), propriété du Crédit mutuel. La valorisation du pôle Champagne-Ardenne, qui perd environ 4 millions d'euros par an, est proche de l'euro symbolique. Cependant, selon une source proche du dossier, les repreneurs devraient faire des offres situées entre 10 et 20 millions d'euros.