Pas de mariage, une vente pure et dure
Le Pôle Champagne-Ardenne-Picardie (CAP)
du Groupe Hersant Media (GHM) sera vendu au groupe de presse belge
Rossel (Le Soir, entre autres, en Belgique ; La Voix du Nord en France).
Il n'y aura pas de dépôt de bilan, donc pas de redressement ou de
liquidation judiciaire. En revanche, s'il n'est pas encore annoncé, ce
rachat devrait être assorti d'un plan de restructuration qui risque bien
de détruire 200 à 300 emplois en Champagne-Ardenne et dans l'Aisne.
La Filpac-CGT du Pôle CAP avait « accueilli » François Hollande lors de l'inauguration de la dernière foire de Châlons. Prochaines actions en fin d'année ? (© l'Hebdo du Vendredi)
Après l'échec des « négociations » avec le syndicat Filpac-CGT du mois de juin, Rossel avait déclaré abandonner sa volonté de se rapprocher de GHM pour construire ce grand groupe de presse en France. Dans un communiqué en date du 19 octobre, Bernard Marchant, administrateur délégué du groupe belge, indique que « Le Groupe Rossel a été retenu comme repreneur des journaux et activités que le groupe de presse Hersant Media (GHM) détient en Champagne-Ardenne et en Picardie et représentant près de 600 000 lecteurs quotidiens. Les titres concernés par cette reprise sont l'Union, l'Ardennais, l'Est Eclair, Libération Champagne et l'Aisne Nouvelle auxquels s'ajoute aussi la radio Champagne FM ». Cette dernière étant la surprise de dernière minute. « La cerise sur le gâteau », évoque Emmanuel Busson, délégué du personnel Filpac-CGT du Pôle CAP. Syndicat majoritaire qui a refusé le plan proposé par Rossel et GHM en juin dernier. Pour rappel, Rossel prévoyait alors d'injecter 20 millions d'euros, dont une partie pour financer un plan social conséquent (220 suppressions de poste, dont 193 non-journalistes qui auraient perçu l'équivalent de 30 mois de salaire d'indemnités). Face au refus des représentants des salariés, Rossel avait donc jeté l'éponge.
La Filpac-CGT du Pôle CAP avait « accueilli » François Hollande lors de l'inauguration de la dernière foire de Châlons. Prochaines actions en fin d'année ? (© l'Hebdo du Vendredi)
Après l'échec des « négociations » avec le syndicat Filpac-CGT du mois de juin, Rossel avait déclaré abandonner sa volonté de se rapprocher de GHM pour construire ce grand groupe de presse en France. Dans un communiqué en date du 19 octobre, Bernard Marchant, administrateur délégué du groupe belge, indique que « Le Groupe Rossel a été retenu comme repreneur des journaux et activités que le groupe de presse Hersant Media (GHM) détient en Champagne-Ardenne et en Picardie et représentant près de 600 000 lecteurs quotidiens. Les titres concernés par cette reprise sont l'Union, l'Ardennais, l'Est Eclair, Libération Champagne et l'Aisne Nouvelle auxquels s'ajoute aussi la radio Champagne FM ». Cette dernière étant la surprise de dernière minute. « La cerise sur le gâteau », évoque Emmanuel Busson, délégué du personnel Filpac-CGT du Pôle CAP. Syndicat majoritaire qui a refusé le plan proposé par Rossel et GHM en juin dernier. Pour rappel, Rossel prévoyait alors d'injecter 20 millions d'euros, dont une partie pour financer un plan social conséquent (220 suppressions de poste, dont 193 non-journalistes qui auraient perçu l'équivalent de 30 mois de salaire d'indemnités). Face au refus des représentants des salariés, Rossel avait donc jeté l'éponge.
Après cet épisode, GHM avait obtenu de ses banques créancières un délai
supplémentaire de cinq mois pour trouver une solution. Certains salariés
imaginaient le pire - un dépôt de bilan - pour les fêtes de fin
d'année. On peut facilement imaginer que les banques ont traité, depuis,
directement avec Rossel. Et que les tentatives de Jacques Tillier,
ancien PDG du Pôle CAP licencié au printemps dernier, de monter une
offre alternative, avec l'appui de cadres des journaux, n'ont pas pesé
face à Rossel. Même quand il a été question, ces toutes dernières
semaines, de voir Rossel tout racheter sauf L'Ardennais, laissé à
l'ancien patron et ses anciens collaborateurs.
L'avis de la direction de la concurrence pour Noël
Maintenant que le rachat est annoncé, les salariés peuvent-ils être pour autant rassurés ? À la Filpac-CGT, on ne rêve pas. « GHM n'a pas communiqué pour le moment. Au jour d'aujourd'hui, nous n'avons eu aucune information officielle, indique Emmanuel Busson. Si Rossel vient sans la dette Hersant, il ne faut pas qu'il revienne avec le plan du mois de juin. Il serait propriétaire tout seul. Les chiffres de suppression d'emploi qui circulent sont des extrapolations de ce qui avait été écrit en juin, dans le contexte de l'époque. Là, Rossel ne parle pas de restructuration. » Un peu quand même : « Conscient des efforts qui restent à faire avant de redresser l'économie difficile du pôle CAP, dit le communiqué de Bernard Marchant, le Groupe Rossel entend y investir afin de moderniser l'outil industriel et chaque fois que nécessaire, redimensionner les équipes aux réalités nouvelles du marché. Le pôle CAP a particulièrement souffert ces dernières années d'avoir été dimensionné en fonction d'activités de presse gratuite que son pôle soeur Comareg devait lui apporter. » Redimensionner les équipes aux réalités nouvelles du marché, ça ne veut certainement pas dire embaucher. Sinon, Bernard Marchant aurait parlé de création d'emplois. « De toute façon tant qu'ils ne sont pas propriétaires, ils ne peuvent pas vraiment s'avancer, poursuit Emmanuel Busson. Ils ont toujours dit qu'ils voulaient des conditions d'exploitation à deux chiffres. Ils mettent la barre à 10%, et pour ça, il faut taper très fort dans la masse salariale, donc on s'attend évidemment à ce qu'ils viennent avec un plan de restructuration. Nous, on s'attend au pire. On est prêt, on les attend. Mais demander autant, c'est une aberration dans le contexte actuel. »
Pour l'association Sauvons Nos Journaux, créé en mai dernier pour proposer une autre voix que celle de la Filpac-CGT, c'est le soulagement qui prévaut : « Soulagement que nos titres soient rachetés par un important groupe de presse, soulagement de ne pas aller au redressement judiciaire, soulagement de savoir que nos journaux ont un avenir. Soulagés mais pas euphoriques, loin de là. Car la période qui s'engage sera celle de la restructuration. Alors, comment ne pas dire notre inquiétude. Une inquiétude que nous partageons avec de nombreux salariés qui se sentent menacés dans leur emploi, qui s'interrogent et qui ne savent pas de quoi demain sera fait. Le groupe Rossel n'a pas encore présenté son plan et ses projets pour les titres du pôle CAP. En juin dernier, nous avons montré notre force, la puissance de notre représentation dans tous les services et toutes les sociétés du pôle CAP. Nous sommes entrés en légitimité. Nous avons été entendus. »
Tout le monde, chez les salariés, attendait Noël et la fin du délai accordé par les banques créancières de GHM pour savoir. Aujourd'hui, si le rachat par Rossel est pratiquement acquis, il manque l'aval des banques en question - mais on voit mal comment elles ne le donneraient pas puisque ce sont elles qui ont choisi Rossel - qui doit intervenir cette semaine, et celui de la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes (DGCCRF). Comme les ministères concernés sont tous d'accord avec l'opération, on voit mal la DGCCRF aller dans le sens inverse, mais son travail devrait prendre pratiquement deux mois. Ce qui amène à Noël. D'ici là, l'inquiétude pour les salariés restera la même.
Tony Verbicaro
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