jeudi 15 décembre 2011

L'HUMANITE - L’avenir n’est pas si net pour la presse écrite


Médias - le 15 Décembre 2011
Presse écrite

L’avenir n’est pas si net pour la presse écrite

Mots clés : presse écrite,
France-Soir, la Tribune, les Échos, Prisma Presse, les imprimeries, la société de distribution Presstalis : c’est toute une filière qui subit les effets de la crise.
France-Soir n’était pas en kiosques hier matin, une partie des salariés ayant décidé d’exercer « un droit de retrait » après l’occupation, mardi, des locaux par des militants CGT, qui ont empêché la tenue d’un comité d’entreprise. Hier soir, le SIP-CGT (rotativistes) et les salariés de Roto Francilienne (avec la présence de représentants d’Info’Com-CGT France-Soir et de SPPS) avaient convié la presse « à assister à la dernière production du titre version papier ». Mais peu de temps avant, on apprenait qu’Alexandre Pougatchev avait décidé de ne pas faire de dernière édition, estimant que les conditions de sa réalisation n’étaient pas réunies. Le plan Pougatchev était vivement contesté depuis des semaines après l’annonce de l’arrêt du journal papier le 15 décembre, 
avec 89 suppressions d’emplois sur 127 pour se limiter 
à une édition numérique.
À la Tribune, on reste encore stupéfait des propos du ministre de la Culture, dimanche sur Canal Plus. Frédéric Mitterrand a indiqué, après un long silence, vouloir « sortir la Tribune de ce mauvais pas » en se montrant « solidaire » d’une direction qui a l’ambition de stopper l’édition papier pour ne maintenir qu’une édition numérique. Dans un communiqué commun, les élus de la SDJ et du comité d’entreprise relèvent qu’il aurait été « plus judicieux de réaffirmer la nécessité du pluralisme de la presse et de défendre un journalisme de qualité, qui sont les vrais enjeux du moment : l’un comme l’autre sont menacés. Le ministre de la Culture aurait alors été dans son rôle », ajoutent-ils. L’autre quotidien économique, les Échos, ne joue pas sa survie mais souffre aussi. « L’année 2012 sera extrêmement difficile », a même prévenu, mardi, Francis Morel, le PDG des Échos, en annonçant un plan de départs « volontaires » de 30 à 40 personnes. Avec des pertes estimées à huit millions d’euros en 2010, le quotidien de Bernard Arnault (LVMH) annonce un plan d’économies de 12 à 14 millions d’euros et compte investir dans le même temps 3 à 5 millions d’euros pendant cinq ans avec pour mot d’ordre « web first » ! Autrement dit, priorité à internet. Tout un programme. Les suppressions d’emplois tombent : 1 650 salariés à la Comareg (éditeur de Paru Vendu), 43 emplois externalisés à Prisma Presse, l’un des principaux éditeurs de presse télé… Combien ailleurs dans les imprimeries ? Confrontée à l’érosion des ventes des journaux, Presstalis – la société de distribution de la presse table sur une baisse moyenne de 6,5 % pour les quatre prochaines années – subit lourdement les effets de cette crise. Le Point vient d’annoncer qu’il quittait la messagerie pour aller se faire distribuer par les MLP et Presstalis vient de se placer sous mandat ad hoc, procédure qui permet de chercher de nouveaux financements sans entrer dans un processus de liquidation judiciaire. Il est sans doute utile de rappeler que Patrick Le Hyaric, directeur de l’Humanité, avait suggéré dès septembre de voir comment, pour maintenir et développer Presstalis dans un système coopératif et mutualiste, on pouvait imaginer le concours financier de la Caisse des dépôts, qui pourrait en devenir actionnaire et, « compte tenu des complémentarités existantes », que la Poste puisse aussi être sollicitée.
Claude Baudry

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire