Hersant et ses banques ont trouvé un accord
La dette du groupe Hersant Média sera restructurée, ce qui ouvre la voie au rapprochement des quotidiens régionaux du groupe (« Nice Matin », « L'Union »), avec ceux du belge Rossel (« La Voix du Nord »).
C'est la fin d'un long marathon, qui a duré plus
de deux ans et s'est achevé hier soir, après des heures passées en
réunions ces derniers jours : Philippe Hersant et ses banques
créancières sont parvenues à se mettre d'accord sur le plan de
restructuration de la dette du groupe Hersant Média (GHM), qui s'élevait
à plus de 200 millions d'euros. Un protocole d'accord doit être signé
la semaine prochaine. La restructuration qui donnera lieu à un montage
complexe, à plusieurs étages, permettra à Philippe Hersant et à ses
banques de sortir d'une situation inextricable, dont la seule autre
issue était le dépôt de bilan.
L'accord
permettra notamment à GHM de mettre en oeuvre son alliance avec le
groupe belge Rossel, consistant à réunir au sein d'une société commune
des journaux de presse quotidienne régionale (« La Voix du Nord »,
apportée par Rossel, « Nice Matin », « Corse Matin », « L'Union »,
apportés par GHM) afin de constituer le troisième groupe français de
presse quotidienne régionale. Ce rapprochement stratégique était en
effet conditionné à la restructuration de la dette de GHM.
Les dispositions de l'accord sont les suivantes :
-les banques acceptent un abandon de créances de 50 millions d'euros.
-une autre tranche de 50 millions d'euros sera apportée à la société commune constituée avec Rossel.
-GHM
procédera à toute une série de cessions d'actifs : les quotidiens de
Nouvelle Calédonie et de Polynésie, de même que la société d'hébergement
de sites SDV. Les actionnaires de GHM (Philippe Hersant et sa famille)
rachèteront le golf familial de Nantilly dans l'Eure. Et Philippe
Hersant rachètera lui-même la participation de 22% détenue par GHM dans
ses journaux suisses. Au total, les actionnaires de GHM apporteront 23
millions d'euros.
Une partie du produit
de ces cessions (environ 50 millions au total) sera consacrée au
remboursement de la dette. La proportion n'est pas connue à ce stade,
mais il s'agissait, dans la dernière ligne droite, d'un point de
désaccord entre les dirigeants de GHM et les banques. Une somme de 10
millions d'euros sera remboursée immédiatement.
-le
solde sera remboursé grâce aux cash-flows dégagés par la société
commune constituée avec Rossel et par les journaux conservés par GHM
(notamment les journaux antillais, exclus de l'accord, sachant que «
Paris Normandie », déficitaire et lui aussi exclu de l'accord, a
vocation à rejoindre la société commune après restructuration).
Les
banques ont obtenu qu'une partie de ce remboursement soit réalisée
grâce à des ORA (obligations remboursables en actions) qui arriveront à
échéance en 2019. Et en cas de non remboursement de tout ou partie de la
dette restante, ces ORA leur donneront accès au capital de la société
commune créée avec Rossel, pour un maximum de 25% (soit la moitié de la
participation de GHM).
Ces dispositions
doivent donc encore être signées par l'ensemble des 17 banques en début
de semaine, alors que Bernard Marchant, administrateur délégué de
Rossel, avait selon nos informations fait savoir que, si l'accord
n'était pas signé lundi, Rossel renoncerait à son rapprochement.
Plusieurs dates limites avaient précédemment été évoquées, mais en
coulisses le dirigeant de Rossel temporisait.
Il
faudra ensuite encore trois mois selon GHM pour que ces accords entrent
effectivement en vigueur, et ouvrent la voie au rapprochement effectif
avec Rossel.
ANNE FEITZ
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