jeudi 16 février 2012

Jeudi 16 Février 2012 - Lettre aux candidats à la Présidence de la République


Mesdames, Messieurs les candidats à la Présidence de la République,

    Nous voulons attirer votre attention sur la situation des salariés du groupe Comareg éditeur des journaux de PGA (Presse d’Annonces Gratuites) ParuVendu. Cette société, ainsi que sa filiale technique, Hebdoprint, ont été mises en liquidation le 3 novembre dernier, mettant au chômage 1600 personnes auxquelles se rajoutent 750 salariés partis lors du PSE du premier semestre et 150 départs “naturels”. Nous avons le triste record d’être le plus gros plan social de l’année 2011.
    Cette liquidation a été décidée par notre maison-mère, la société GHM Groupe Hersant Media, également propriétaire de quotidiens régionaux d’informations en métropole (La Provence, L’Union, Nice Matin, Paris Normandie,…) et dans les DOM TOM. Et pourtant nous étions le fleuron de GHM. C’est grâce à nos bénéfices que GHM a acheté La Provence et une participation dans Nice Matin. Mais lorsque nous avons connu quelques difficultés, plus question de remettre une partie de cet argent pour permettre une réorganisation de notre société. Nous sommes allés de plan social en plan social, puis en redressement judiciaire pour apprendre le 28 Octobre 2011 au matin que l’audience prévue au tribunal fin novembre était avancée au 3 Novembre et que l’administrateur judiciaire, également mandataire ad hoc de GHM demanderait la liquidation. En moins d’une semaine, 1600 salariés, disséminés sur toute la France, se sont retrouvés sans activité.
    A cet acte d’une violence inouïe, se rajoute le fait que ce dernier “PSE”, fait dans le cadre d’une liquidation est proprement scandaleux : pas de cellule de reclassement, pas d’indemnités supra-légales, pas de budget formation prévus.
    Nous avons été sacrifiés pour que M. Hersant puisse faire un accord avec le groupe belge Rossel pour céder la plupart de ses titres de métropole.
    Quelques uns de vous se sont intéressés à notre sort et ont posé des questions au gouvernement, mais quatre mois plus tard, nous en sommes quasiment au même point et nous refusons que cela perdure.
    Nous nous sommes structurés en collectif de défense des salariés Comareg et Hebdoprint et avons entrepris plusieurs actions au niveau d’assemblées départementales et régionales, de représentants de l’état au travers de préfets. Certains de nous ont rencontré M. Xavier Bertrand, d’autres des conseillers de l’Elysée. Notre but est de demander au Gouvernement et aux acteurs politiques d’obliger notre ex-actionnaire à mettre en place des conditions de sortie décentes. Pour exemple, les 500 salariés de la filiale d’impression Hebdoprint dépendaient de la convention collective des Imprimeries de Labeur et des Arts Graphiques. Or cette convention, contrairement à celle de la Presse, est en deçà de ce que prévoit le Code du Travail. Un imprimeur ayant 20 ans d’ancienneté (ce qui est la moyenne) touchera comme indemnité légale de licenciement, l’équivalent d’un peu plus de quatre mois de salaires comme le prévoit le code du travail.
    Selon le Ministre du Travail, de l’Emploi et de la Santé en exercice, Xavier Bertrand, il est impossible de changer la loi : pas de possibilité de rallonger le CSP, limité à 12 mois. Les financements prévus dans le cadre du Contrat de Sécurisation Professionnel sont bien trop bas pour permettre des formations à des salariés qui ont besoin de changer de métier. Sa seule action, pour l’instant, a été la mise en place d’une cellule de reclassement de six mois, payée par l’Etat. Ce devait être “un PSE exemplaire” d’après ses déclarations à l’Assemblée Nationale.
    Pourtant, si, pour l’instant, le gouvernement ne semble pas touché par la détresse de 1650 personnes, il peut intervenir sur d’autres choses :
- Lors de discussions à Bercy, les 17 banques de M. Hersant lui ont fait cadeau de 50 millions d’euros et reporté le remboursement de 50 autres millions de plusieurs années.
- GHM a perçu, comme d’autres groupes de presse, des subventions pour sa PQR et, à ce titre, devrait être redevable de ses actes envers la collectivité. Est-il normal que la liquidation de Comareg/Hebdoprint soit également payée par l’Etat?
    Ce sont nos impôts qui financent la cellule de reclassement mise en place par M. Xavier Bertrand. Philippe Hersant est la centième fortune de France et réside en Suisse. Il vient d’y bâtir au cours des dernières années, un nouvel empire de presse très prospère en veillant bien à ce qu’il n’y ait pas de communication entre celui-ci et ses affaires en France.
    Où est la morale dans ces actes pourtant tout à fait légaux ? Nous sommes indignés, révoltés. Quelles seront les actions que vous envisagez de prendre et dans quels délais, pour que, dans le futur, un “patron-voyou” avec des relations ne puisse plus générer tant de misère humaine sans devoir rendre des comptes aussi bien sur le plan financier que sur le plan pénal ? M. Hersant est gagnant sur trois points : apurement de sa dette, perception de subventions, gestion de la casse sociale par les pouvoirs publics alors qu’il a mis à la rue des milliers de familles…. Pourtant, d’autres solutions, moins radicales, existaient.
    Le silence des médias, l’absence de réponse à nos interpellations écrites au Président de la République et aux Ministres (M. François Baroin vient de décliner, pour la deuxième fois, et au dernier moment, un rendez-vous avec une de nos délégations), le non-accompagnement à la hauteur de ce drame humain, voire de versement d’indemnités “supra-légales” pour compenser le préjudice subi, sont vécus par les salariés de ParuVendu et Hebdoprint comme une injure. A leur désarroi si soudain de se retrouver sans emploi, se rajoute la non-reconnaissance de leur mort professionnelle et de leur vie antérieure.
    Les interventions du gouvernement et la médiatisation qui en a été faite, sur les dossiers de Sea France et Lejaby ont été très mal vécues. Notre propos n’est pas de critiquer les emplois “sauvés” ou les financements d’indemnités supra-légales possibles. Nous ne pouvons que nous réjouir pour ces salariés, d’autant que cela montre que des solutions peuvent être trouvées. Alors, pourquoi ne pas se pencher sur notre sort ?
    Bien que dispersés sur 55 départements, nous voulons nous faire entendre aussi bien dans la campagne présidentielle que dans celle des législatives qui suivront.
    Tenant compte de tous ces éléments, du mépris de notre actionnaire et de l’autisme sélectif des ministres en situation, nous viendrons exprimer notre colère et réclamer notre dû le 6 mars à Paris, à l’Assemblée Nationale. Nous comptons sur votre soutien public dans notre combat pour le respect de nos droits et notre dignité.

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