mardi 2 juillet 2013

Mardi 02 Juillet 2013 - MarsActu - 356 anciens employés du groupe Hersant veulent faire banquer Tapie

356 anciens employés du groupe Hersant veulent faire banquer Tapie

Les ennuis s'accumulent autour du groupe Hersant médias (GHM). Le nouvel actionnaire Bernard Tapie, va devoir faire face à une première salve du "risque Comareg" qu'il avait lui-même accepté de prendre. En effet, vendredi, 356 anciens salariés de Paru Vendu déposent leur dossier devant les Prud'hommes de Lyon.


C'est un grand coup que s'apprêtent à frapper les anciens de Paru Vendu en déposant conjointement 356 dossiers devant les Prud'hommes de Lyon. Ces salariés d'Hebdo Print et de la Comareg, deux filiales du groupe Hersant médias (GHM), éditaient ces journaux spécialisés dans les petites annonces jusqu'à leur liquidation en 2011. À l'époque, les 1650 employés étaient partis avec le minimum légal en termes d'indemnités de licenciement, payées par la puissance publique.
L'hiver dernier, les tractations autour du rachat des titres de Hersant médias leur avaient donné une lueur d'espoir. En décembre, le futur actionnaire, Bernard Tapie, avait clairement indiqué dans un courrier [voir le courrier] qu'il était prêt à assumer "le risque Comareg". Dans une lettre adressée à l'administrateur judiciaire Christophe Thévenod en décembre, le futur cador des médias du sud écrivait en toutes lettres :
Je confirme enfin avoir pris connaissance du risque Comareg et notamment celui du co-emploi.
Ce "risque Comareg" était celui-là même qui avait fait reculer le groupe belge Rossel candidat à l'entrée dans le capital groupe Hersant. En janvier, un proche du dossier chez Rossel avait indiqué à Marsactu : "Il y avait un risque de co-emploi évalué par nos avocats". Même si ce risque est difficile à mesurer, il va vite se chiffrer en millions d'euros. Et c'est bien sur cette notion de co-emploi que l'avocat des anciens d'Hebdoprint, Gilles Gauer et ceux des anciens de la Comareg, Pierre Masanovic, ont bâti les dossiers individuels qu'ils déposent conjointement ce vendredi. En cas de liquidation d'une filiale, ce principe du co-emploi permet aux salariés licenciés de se retourner contre la société mère en qualité de co-employeur à partir du moment où ces derniers arrivent à prouver qu'il y a confusion "d'intérêts, d'activités et de direction" entre la maison mère et ladite filiale.

"Vaches à lait du groupe Hersant"

"Certes, il existait des difficultés économiques au sein des sociétés Comareg et Hebdoprint mais ces sociétés ont été utilisées comme des vaches à lait par le groupe Hersant médias notamment pour racheter les journaux du sud de la France, plaide maître Gauer. Les profits de Paru Vendu ont été utilisés pour payer les dettes alors qu'ils auraient pu servir à payer le passage sur internet de ces journaux". Un jeu de vases communicants admis par le directeur général Dominique Bernard dans une interview sur le site du Figaro. Depuis, GHM a bénéficié, lors de l'entrée de Bernard Tapie au capital, d'un effacement de dettes qui les place en position financière favorable. "Or, il y avait une confusion d'intérêt entre GHM et ses filiales. C'est le directeur général de GHM qui présidait la Comareg". Pour l'avocat, on se trouve bien dans une situation de co-emploi et c'est en sens qu'il compte argumenter au profit des 356 anciens salariés réunis dans cette procédure. Du côté de GHM, la réponse habituelle est de renvoyer la balle vers le liquidateur du groupe comme Dominique Bernard l'avait fait dans Les Echos en janvier. Pour les anciens Paru Vendu, il a fallu convaincre et patiemment construire les dossiers de cette action collective.

Un travail de fourmi

"Nous avons fait un travail de fourmi, très administratif, raconte Jean-Paul Fabre, ancien d'Hebdoprint qui a monté une association pour défendre les anciens salariés des imprimeries de Paru Vendu. Nous avons contacté les anciens collègues, pour rassembler les preuves que GHM était bien à la manoeuvre au sein de ses filiales. Au bout du compte, nous avons récolter pas mal d'éléments. Nous avons donc de nombreuses présomptions de co-emploi". La justice tranchera. Bien entendu, tous n'ont pas emboîté le pas de l'action collective. Pour Hebdoprint, seuls 138 présenteront un dossier ce vendredi. "C'est souvent pour des raisons financières. Le dépôt d'un dossier coûte environ 300 euros. Pour beaucoup, c'est déjà trop". 
Ancienne secrétaire du comité d'entreprise de la Comareg, Corinne Bélorgeot est la cheville ouvrière du collectif éponyme qui rassemble près de 650 anciens salariés dont 218 se tournent vers les Prud'hommes. "Tous n'ont pas souhaité nous accompagner. Certains ont entamé des démarches individuelles, d'autres n'ont pas répondu à temps. Il a bien fallu se résoudre à mettre une date butoir à notre action collective. Mais, déjà, un ancien salarié a eu gain de cause devant les prud'hommes qui ont reconnu le co-emploi".
Pour autant, elle n'affiche pas une confiance à toute épreuve. Côté épreuves justement, les anciens Comareg ont tous des souvenirs amers. En 2011, dans la foulée d'un plan social, ils avaient vu le chiffre d'affaires remonter avant que la liquidation mettent 1650 personnes à la porte "avec, en poche, juste ce que prévoit le droit du travail". Au-delà de la procédure judiciaire et des indemnités "plus justes" qu'elle pourrait leur amener, ils aimeraient que toute la lumière soit faite sur la façon dont l'ancienne "vache à lait" du groupe Hersant a été liquidée. Une information qui pourrait être utile aux autres salariés du groupe Hersant qui ne savent pas du tout de quoi leur avenir sera fait. Une tuile de plus pour Bernard Tapie qui n'avait pas vraiment besoin de cela.
Lire la lettre de Bernard Tapie sur le site de MarsActu, lien sur le logo en haut de page

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