jeudi 11 juillet 2013

Jeudi 11 Juillet 2013 - LE FIGARO.fr - La Provence et Nice-Matin dans la tourmente Tapie


La Provence et Nice-Matin
dans la tourmente Tapie

Une partie de ses biens saisis, l'investisseur Bernard Tapie se trouve sans moyens pour investir dans les journaux qu'il co-détient avec la famille Hersant.

Les nuages s'amoncellent sur le groupe Hersant Média (GHM), qui détient La Provence et Nice-Matin, et dont Bernard Tapie est propriétaire à 50% aux côtés de la famille Hersant. Au lendemain de l'intervention télévisée de l'homme d'affaires, les 2500 salariés du groupe à Nice, Marseille et aux Antilles sont dans l'expectative. La justice pourrait saisir la participation de Bernard Tapie. Quelle conséquence pour eux?
Dans son éditorial de jeudi matin, le directeur de la rédaction de La Provence, Olivier Mazerolle, ne cache pas son «inquiétude». L'homme de confiance de Bernard Tapie s'interroge: «Jusqu'à quel point est-il désormais interdit à Bernard Tapie d'investir dans les journaux dont il est le co-propriétaire? Voilà une question qui reste sans réponse officielle de la part des magistrats.» Avant d'assurer que «dans l'immédiat, elle (La Provence) n'est pas menacée».
«En réalité, la saisie de participations est courante dans la vie des affaires, y compris dans la presse, indique Jean-Clément Texier, un banquier d'affaires spécialiste du secteur. Des actions sous séquestre, cela peut arriver, notamment en presse régionale où beaucoup de groupes sont familiaux.» Mais ce type de situation n'est pas en soi un problème. «Dans le cas de GHM, le protocole d'actionnaires prévoit que Philippe Hersant, copropriétaire du groupe avec sa famille, est primus inter pares, c'est-à-dire qu'il reste le premier responsable et qu'il a tous les pouvoirs juridiques», poursuit Jean-Clément Texier. En d'autres termes, aucun problème de gestion ne se pose. L'activité des journaux n'est donc en effet pas menacée.

En revanche, la situation personnelle de Bernard Tapie va poser problème. Ce qu'il a d'ailleurs largement laissé entendre mercredi soir lors de son intervention télévisée... «Le vrai souci, c'est qu'il y a une restructuration à conduire et des développements à financer, souligne Jean-Clément Texier. L'intérêt de l'arrivée de Bernard Tapie, c'était son rôle d'investisseur. Le plus dommageable n'est pas le séquestre des actions ou leur saisie conservatoire, c'est le fait que les biens et actifs financiers saisis ne pourront être utilisés pour financer GHM.»

Retour à la case départ?

Retour à la case départ donc pour les salariés du groupe de presse? A La Provence, on veut croire que l'affaire Tapie n'a pas d'impact à court terme et parmi les dirigeants on minimise. Mais l'on s'inquiète dans les couloirs de voir se réaliser un cauchemar sans doute fantasmé par nombre d'entre eux: la transformation de l'investisseur miracle en «agent d'asphyxie».
Dans un tract qui circulait mercredi soir, les syndicats SNJ Autonome, CGC et SNJ-CGT du groupe Nice-Matin dénonçaient la situation. «MM les juges, vous venez de saisir 1200 familles, interpellent-ils. Une entreprise n'est pas un gadget de luxe. Une société de presse n'est ni un jet privé, ni un yacht». Le comble, c'est que c'est en fait la saisie des biens matériels de Bernard Tapie qui compromet l'avenir de GHM.
La situation pourrait malheureusement se tendre rapidement. D'autant que d'autres problèmes pointent leur nez. 356 anciens salairés de Paru Vendu (ex-Comareg) viennent de déposer devant les Prud'hommes de Lyon un dossier de contestation des conditions de la liquidation en 2011 de Comareg. 
Des «casseroles» que GHM aura plus de mal à gérer sans l'aide d'un investisseur providentiel.



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