La Provence et Nice-Matin
dans la tourmente Tapie
Une partie de ses biens saisis,
l'investisseur Bernard Tapie se trouve sans moyens pour investir dans
les journaux qu'il co-détient avec la famille Hersant.
Les nuages s'amoncellent sur le groupe Hersant
Média (GHM), qui détient La Provence et Nice-Matin,
et dont Bernard
Tapie est propriétaire à 50% aux côtés de la famille Hersant.
Au lendemain
de l'intervention télévisée de l'homme d'affaires, les 2500
salariés du groupe à Nice, Marseille et aux Antilles sont dans
l'expectative. La justice pourrait saisir la participation de Bernard
Tapie. Quelle conséquence pour eux?
Dans son éditorial de jeudi matin, le directeur de
la rédaction de La Provence, Olivier Mazerolle, ne cache pas
son «inquiétude». L'homme de confiance de Bernard Tapie
s'interroge: «Jusqu'à quel point est-il désormais interdit à
Bernard Tapie d'investir dans les journaux dont il est le
co-propriétaire? Voilà une question qui reste sans réponse
officielle de la part des magistrats.» Avant d'assurer que «dans
l'immédiat, elle (La Provence) n'est pas menacée».
«En réalité, la saisie de participations est
courante dans la vie des affaires, y compris dans la presse, indique
Jean-Clément Texier, un banquier d'affaires spécialiste du secteur.
Des actions sous séquestre, cela peut arriver, notamment en presse
régionale où beaucoup de groupes sont familiaux.» Mais ce type de
situation n'est pas en soi un problème. «Dans le cas de GHM, le
protocole d'actionnaires prévoit que Philippe Hersant,
copropriétaire du groupe avec sa famille, est primus inter pares,
c'est-à-dire qu'il reste le premier responsable et qu'il a tous les
pouvoirs juridiques», poursuit Jean-Clément Texier. En d'autres
termes, aucun problème de gestion ne se pose. L'activité des
journaux n'est donc en effet pas menacée.
En revanche, la
situation personnelle de Bernard Tapie va poser problème. Ce qu'il a
d'ailleurs largement laissé entendre mercredi soir lors de son
intervention télévisée... «Le vrai souci, c'est qu'il y a une
restructuration à conduire et des développements à financer,
souligne Jean-Clément Texier. L'intérêt de l'arrivée de Bernard
Tapie, c'était son rôle d'investisseur. Le plus dommageable n'est
pas le séquestre des actions ou leur saisie conservatoire, c'est le
fait que les biens et actifs financiers saisis ne pourront être
utilisés pour financer GHM.»
Retour à la case départ?
Retour à la case départ donc pour les salariés du
groupe de presse? A La Provence, on veut croire que l'affaire
Tapie n'a pas d'impact à court terme et parmi les dirigeants on
minimise. Mais l'on s'inquiète dans les couloirs de voir se réaliser
un cauchemar sans doute fantasmé par nombre d'entre eux: la
transformation de l'investisseur miracle en «agent d'asphyxie».
Dans un tract qui circulait mercredi soir, les
syndicats SNJ Autonome, CGC et SNJ-CGT du groupe Nice-Matin
dénonçaient la situation. «MM les juges, vous venez de saisir 1200
familles, interpellent-ils. Une entreprise n'est pas un gadget de
luxe. Une société de presse n'est ni un jet privé, ni un yacht».
Le comble, c'est que c'est en fait la saisie des biens matériels de
Bernard Tapie qui compromet l'avenir de GHM.
La
situation pourrait malheureusement se tendre rapidement. D'autant que
d'autres problèmes pointent leur nez. 356 anciens salairés de Paru
Vendu (ex-Comareg) viennent de déposer devant les Prud'hommes de
Lyon un dossier de contestation des conditions de la liquidation en
2011 de Comareg.
Des «casseroles» que GHM aura plus de mal à gérer
sans l'aide d'un investisseur providentiel.
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