Vendredi 05 Juillet 2013 - Echo du Frioul - 356 anciens employés du groupe Hersant veulent faire banquer Tapie
356
anciens employés du groupe Hersant veulent faire banquer Tapie
|
© Droits Réservés |
Les
ennuis s’accumulent autour du groupe Hersant médias (GHM). Le
nouvel actionnaire Bernard Tapie, va devoir faire face à une
première salve du « risque Comareg » qu’il avait
lui-même accepté de prendre. En effet, vendredi, 356 anciens
salariés de Paru Vendu déposent leur dossier devant les Prud’hommes
de Lyon
C’est
un grand coup que s’apprêtent à frapper les anciens de Paru Vendu
en déposant conjointement 356
dossiers devant
les Prud’hommes de Lyon. Ces salariés d’Hebdo Print et de
la Comareg, deux filiales du groupe Hersant médias (GHM),
éditaient ces journaux spécialisés dans les petites annonces
jusqu’à leur
liquidation en 2011.
À l’époque, les 1650 employés étaient partis avec le minimum
légal en termes d’indemnités de licenciement, payées par la
puissance publique.
L’hiver
dernier, les tractations autour du rachat des titres de Hersant
médias leur avaient donné une lueur d’espoir. En décembre, le
futur actionnaire, Bernard Tapie, avait clairement indiqué dans un
courrier [voir
le courrier] qu’il
était prêt à assumer « le
risque Comareg ».
Dans une lettre adressée à l’administrateur judiciaire Christophe
Thévenod en décembre, le futur cador des médias du sud écrivait
en toutes lettres :
Je
confirme enfin avoir pris connaissance du risque Comareg et notamment
celui du co-emploi.
Ce
« risque Comareg » était celui-là même qui
avait fait reculer le groupe belge Rossel candidat à l’entrée
dans le capital groupe Hersant. En janvier, un proche du dossier chez
Rossel avait indiqué à Marsactu : « Il y avait un
risque de co-emploi évalué par nos avocats ». Même si ce
risque est difficile à mesurer, il va vite se chiffrer en millions
d’euros. Et c’est bien sur cette notion de co-emploi que l’avocat
des anciens d’Hebdoprint, Gilles Gauer et ceux des anciens de
la Comareg, Pierre Masanovic, ont bâti les dossiers individuels
qu’ils déposent conjointement ce vendredi. En cas de
liquidation d’une filiale, ce principe du co-emploi permet aux
salariés licenciés de se retourner contre la société mère en
qualité de co-employeur à partir du moment où ces derniers
arrivent à prouver qu’il y a confusion « d’intérêts,
d’activités et de direction » entre la maison mère et
ladite filiale.
« Vaches
à lait du groupe Hersant »
« Certes,
il existait des difficultés économiques au sein des sociétés
Comareg et Hebdoprint mais ces sociétés ont été utilisées comme
des vaches à lait par le groupe Hersant médias notamment pour
racheter les journaux du sud de la France,
plaide maître Gauer. Les
profits de Paru Vendu ont été utilisés pour payer les dettes alors
qu’ils auraient pu servir à payer le passage sur internet de ces
journaux ».
Un jeu de vases communicants admis par le directeur général
Dominique Bernard dans une interview sur
le site du Figaro.
Depuis, GHM a bénéficié, lors de l’entrée de Bernard Tapie au
capital, d’un effacement de dettes qui les place en position
financière favorable. « Or,
il y avait une confusion d’intérêt entre GHM et ses filiales.
C’est le directeur général de GHM qui présidait la Comareg ».
Pour l’avocat, on se trouve bien dans une situation de co-emploi et
c’est en sens qu’il compte argumenter au profit des 356 anciens
salariés réunis dans cette procédure. Du côté de GHM, la réponse
habituelle est de renvoyer la balle vers le liquidateur du groupe
comme Dominique Bernard l’avait fait dans Les
Echos en
janvier. Pour les anciens Paru Vendu, il a fallu convaincre et
patiemment construire les dossiers de cette action collective.
Un
travail de fourmi
« Nous
avons fait un travail de fourmi, très administratif,
raconte Jean-Paul Fabre, ancien d’Hebdoprint qui a monté
une association pour
défendre les anciens salariés des imprimeries de Paru Vendu. Nous
avons contacté les anciens collègues, pour rassembler les preuves
que GHM était bien à la manoeuvre au sein de ses filiales. Au bout
du compte, nous avons récolté pas mal d’éléments. Nous avons
donc de nombreuses présomptions de co-emploi ».
La justice tranchera. Bien entendu, tous n’ont pas emboîté le pas
de l’action collective. Pour Hebdoprint, seuls 138 présenteront un
dossier ce vendredi. « C’est
souvent pour des raisons financières. Le dépôt d’un dossier
coûte environ 300 euros. Pour beaucoup, c’est déjà trop ».
Ancienne
secrétaire du comité d’entreprise de la Comareg, Corinne
Bélorgeot est la cheville ouvrière du collectif éponyme qui
rassemble près de 650 anciens salariés dont 218 se tournent vers
les Prud’hommes.« Tous n’ont pas souhaité nous
accompagner. Certains ont entamé des démarches individuelles,
d’autres n’ont pas répondu à temps. Il a bien fallu se résoudre
à mettre une date butoir à notre action collective. Mais, déjà,
un ancien salarié a eu gain de cause devant les prud’hommes qui
ont reconnu le co-emploi ».
Pour
autant, elle n’affiche pas une confiance à toute épreuve. Côté
épreuves justement, les anciens Comareg ont tous des souvenirs
amers. En 2011, dans la foulée d’un plan social, ils avaient vu le
chiffre d’affaires remonter avant que la liquidation ne mette1650
personnes à la porte « avec,
en poche, juste ce que prévoit le droit du travail ».
Au-delà de la procédure judiciaire et des indemnités « plus
justes » qu’elle
pourrait leur apporter, ils aimeraient que toute la lumière soit
faite sur la façon dont l’ancienne « vache à lait »
du groupe Hersant a été liquidée. Une information qui
pourrait être utile aux autres salariés du groupe Hersant qui
ne savent pas du tout de quoi leur avenir sera fait.
Une tuile de plus pour Bernard Tapie qui n’avait pas vraiment
besoin de cela.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire