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Chargés d'éclaircir les conditions dans lesquelles Bernard Tapie a pu obtenir un arbitrage favorable pour régler son litige avec le Crédit lyonnais, les juges Serge Tournaire et Guillaume Daïeff ont choisi de frapper l'homme d'affaires au portefeuille.
Le 28 juin, ils ont délivré une série d'ordonnances de saisies pénales, après avoir obtenu l'accord du parquet de Paris. Ils postulent, pour justifier leurs actes, que "Bernard Tapie apparaît comme le principal bénéficiaire des sommes versées par le CDR [l'organisme chargé de solder le passif du Crédit lyonnais] au terme d'une escroquerie dont il apparaît comme l'un des organisateurs".
Le couple Tapie, Bernard et Dominique, dispose de quinze comptes bancaires, en France, mais aussi à Monaco. L'acteur assure vivre de ses dividendes, à hauteur de 25 000 euros mensuels, et pense avoir payé 2 millions d'euros au titre de l'ISF en 2012. Les juges estiment que, à la suite de l'arbitrage, l'homme d'affaires a reçu au total 278 millions d'euros.
VILLA À SAINT-TROPEZ, HÔTEL PARTICULIER RUE DES SAINT-PÈRES
Les juges ont d'abord fait saisir
deux assurances-vie, souscrites par les Tapie en novembre 2008, grâce
au montant faramineux du préjudice moral qui leur a été accordé en
juillet 2008, soit 45 millions d'euros. Leur valeur de rachat est
estimée par les enquêteurs à 20 780 272,66 euros.
Les magistrats ont également saisi les parts sociales détenues par
Bernard Tapie dans son hôtel particulier de la rue des Saints-Pères, à
Paris, à hauteur de 69 300 000 euros. Ils ont aussi confisqué la villa "la Mandala"
achetée par l'homme d'affaires à Saint-Tropez, le 29 septembre 2011,
pour un montant de 48 millions d'euros. C'est l'agence de gestion et de
recouvrement des avoirs saisis et confisqués (AGRASC), alertée le 28
juin, qui va procéder aux actes.
Les juges ont également demandé l'avis du parquet pour saisir six comptes bancaires, un contrat d'assurance-vie de 180 millions d'euros détenu par la holding Groupe Bernard Tapie domiciliée à Bruxelles, et même les parts de l'homme d'affaires sur la SA Groupe Hersant Media, les journaux La Provence et Nice-Matin, rachetés par M. Tapie.
Par ailleurs, la brigade financière a adressé aux juges un inventaire complet des biens de la famille Tapie. Grâce à l'arbitrage, Mme Tapie a offert le 20 octobre 2008 à Stéphane Tapie, leur fils, un bien immobilier de 320 m2
à Asnières-sur-Seine, payé 1 335 000 euros. Un autre appartement est
acquis à Marseille, le 5 mars 2009, pour 270 000 euros. Puis elle a
acheté le 29 octobre 2010 un appartement à Neuilly-sur-Seine, avec sauna
et jardin privé de 213 m2 pour 2 650 000 euros. C'est sa fille, Sophie Tapie, qui l'occupe. Deux ans plus tard, le 1er octobre 2012, elle acquiert un hôtel particulier, toujours à Neuilly-sur-Seine, pour 15 200 000 euros.
Bernard Tapie, lui, possède une résidence secondaire à Combs-la-Ville (Seine-et-Marne), la villa de Saint-Tropez, un yacht, le Reborn,
payé 40 millions d'euros et amarré à Marseille, 426 tonnes pour 74
mètres de long, qu'il loue 500 000 euros la semaine. Il utilise aussi
pour ses déplacements une Range Rover, une Smart, et son avion privé, qu'il a décidé de revendre pour 15 millions d'euros.
Fabrice Lhomme et Gérard Davet
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