Les actions de Bernard Tapie dans La Provence bientôt saisies ?
Selon une information du JDD, l'État a réclamé dans un courrier "des mesures conservatoires" contre Bernard Tapie en cas de mise en examen. Ses actions dans le groupe GHM pourraient être concernées.
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C'est la dernière blague en vogue dans les couloirs de La Provence : "On va bientôt être nationalisés". Si le quotidien est loin de devenir le France Bleu Provence du papier, la boutade montre l'incertitude qui pèse au sein des équipes du Groupe Hersant médias (GHM) sur l'avenir de la participation de Bernard Tapie, aujourd'hui co-actionnaire avec Philippe Hersant du groupe.
Cette question reprend de la consistance avec les révélations ce mardi du Journal du dimanche sur son site Internet. Alors que l'homme d'affaires est en garde à vue depuis hier dans le cadre de l'instruction judiciaire concernant l'arbitrage potentiellement arrangé, l'Etat réclame des garanties quant à la solvabilité de Tapie. Dans un courrier commun avec le Consortium de réalisation, il a demandé que des "mesures confiscatoires soient prises". Elles concernent notamment la moitié des parts du groupe de presse que l'homme d'affaires a acquis pour 25 millions d'euros début 2013. Ces actions font partie des rares biens encore possédés par Tapie en France et constituent donc une cible privilégiée.
Géré en "bon père de famille" par l'État ?
Le dispositif dit de saisie conservatoire permet en effet de transférer provisoirement les actions à la Caisse des Dépôts dans l'attente d'un jugement définitif. En cas de condamnation, les actions sont vendues et servent alors en premier lieu à rembourser les victimes. "Cette mesure vise à empêcher une personne mise en cause et son entourage de faire disparaître les biens mobiliers et immobiliers dont il dispose et éviter qu'il organise son insolvabilité", explique le député UMP Jean-Luc Warsmann, spécialiste du sujet. Il a été à l'origine de la création d'une agence spécialisée dans la gestion de ces biens, l'Agrasc. "L'agence s'applique à gérer « en bon père de famille » des actions, c'est l'esprit du législateur", reprend l'élu ardennais.
Cette mesure, si elle devait être choisie par les juges d'instruction, aurait de fortes conséquences sur GHM qui, outre La Provence, possède Nice-matin et Var-matin. En arrivant, Tapie avait laissé entendre qu'il pourrait investir conjointement avec Philippe Hersant près de 50 millions d'euros pour développer l'entreprise. Depuis cet investissement n'avait jamais été confirmé. Si Bernard Tapie poursuit la logique de laisser le moins possibles d'actifs en France, cette piste paraît désormais avoir du plomb dans l'aile. Du coup, il resterait un actionnaire stable, la caisse des dépôts mais plus personne pour rêver autour d'un développement de la marque Provence.
Dans ce contexte, l'ambiance était évidemment morose dans les couloirs de La Provence. Ainsi, personne n'a oublié que c'est un chèque de 4,3 millions d'euros de Bernard Tapie qui a permis de régler les salaires de février de l'ensemble du personnel. "Il risque d'y avoir un arrêt brutal à tout. Il ne faut pas que l'État oublie que, rien qu'à La Provence, il y a six cents salariés", rappelle une employée. Le compte à rebours de la bombe sociale est enclenché. Pour le moment, toujours selon le JDD, l'État s'est bien gardé de préciser quelles étaient les cibles dans son appel à des mesures confiscatoires.
Par Jean-Marie Leforestier, le 25 juin 2013
» Le dossier Tapie de Libé pour tout comprendre.
» Le dossier de Médiapart (payant)
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