lundi 25 juin 2012

Lundi 25 juin 2012 - LES ECHOS - Le Groupe Hersant Média sous la menace d'un dépôt de bilan

Les Echos



Faute d'accord sur le plan de restructuration, voulu comme préalable au rapprochement avec le groupe de presse français par le belge Rossel, ce dernier envisage de se retirer du projet.
Philippe Hersant, le président du directoire du Groupe Hersant Média. - AFP PHOTO VALERY HACHE
Philippe Hersant, le président du directoire du Groupe Hersant Média. - AFP PHOTO VALERY HACHE
La tension est à son comble au sein du Groupe Hersant Média. Alors que « Paris Normandie », en redressement judiciaire depuis février, est menacé de liquidation, c'est au tour des autres journaux du groupe de se trouver dans la tourmente : le pôle Champagne-Ardenne, Picardie (« L'Union », « L'Est éclair », « Libération Champagne » et « L'Aisne nouvelle »), voire le pôle Paca (« Nice-Matin », « La Provence », « Corse-Matin »).
Car le groupe belge Rossel avait posé comme préalable à son mariage avec Hersant l'obtention d'un accord sur le plan de restructuration du pôle CAP. Or les négociations sur ce plan, qui prévoyait dans une première version 270 suppressions de postes, ramenées ensuite à 225 (sur 650), sont dans l'impasse. Les salariés sont divisés. La moitié environ d'entre eux, réunis dans un collectif, a voté par référendum pour une reprise des négociations et l'acceptation de l'accord, qui prévoit des conditions d'accompagnement avantageuses. Mais l'autre moitié, menée par la Filpac-CGT, veut ramener le nombre de départs à 125 et n'en démord pas. Des comités d'entreprise extraordinaires doivent se tenir aujourd'hui. Mais personne n'en attend grand-chose, car la CGT y est majoritaire. « La position de la Filpac est d'autant moins susceptible d'être assouplie qu'elle place désormais le débat sur un plan national : pas question de créer un précédent », souligne une partie prenante.
Même si les CE n'ont qu'un rôle consultatif, le groupe Rossel ne veut pas prendre le risque de passer en force et de subir de longs conflits sociaux. « Nous ne voulons pas mener ce projet contre le personnel, mais avec lui », insiste Eric Malrain, son directeur financier. Rossel, qui tient son conseil d'administration en fin de semaine, ne veut plus attendre. Et la perspective, évoquée en coulisses, de négociations au niveau national, impliquant la CGT et le ministère du Travail, n'y changera rien. « Un délai supplémentaire ne serait pas compatible avec la réalité du marché : la situation du groupe s'est déjà fortement dégradée depuis notre accord avec Hersant, en octobre dernier », justifie-t-il, affirmant être décidé à renoncer au rapprochement.
Or, pour le Groupe Hersant Média (GHM), ce retrait signifie un aller simple vers le redressement judiciaire. Dans une lettre adressée par la poste aux salariés dès jeudi, Dominique Bernard, directeur général de GHM, explique que le plan proposé, qui prévoit aussi des investissements de 5 millions d'euros à court terme et autant à moyen terme, est nécessaire pour rétablir les comptes d'exploitation du pôle. Une perte d'exploitation de 6 millions d'euros est prévue pour 2012. Sans restructuration, GHM n'ayant plus les moyens, le pôle CAP sera contraint de déposer son bilan. Ce qui, compte tenu de sa fragilité financière, risque d'entraîner l'ensemble du groupe et de ses filiales au tribunal de commerce.
D'autant que le retrait de Rossel fera tomber l'accord, obtenu au forceps en décembre dernier, avec les 17 banques créancières du groupe. Lourdement endetté depuis le rachat du pôle Paca en 2007, GHM n'a pas pu honorer les échéances de sa dette bancaire (200 millions d'euros), suite aux difficultés brutales de sa filiale Comareg, liquidé en novembre dernier.
ANNE FEITZ

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