La
tension est à son comble au sein du Groupe Hersant Média. Alors que
« Paris Normandie », en redressement judiciaire depuis février, est
menacé de liquidation, c'est au tour des autres journaux du groupe de se
trouver dans la tourmente : le pôle Champagne-Ardenne, Picardie
(« L'Union », « L'Est éclair », « Libération Champagne » et « L'Aisne
nouvelle »), voire le pôle Paca (« Nice-Matin », « La Provence »,
« Corse-Matin »).
Car le groupe belge
Rossel avait posé comme préalable à son mariage avec Hersant l'obtention
d'un accord sur le plan de restructuration du pôle CAP. Or les
négociations sur ce plan, qui prévoyait dans une première version
270 suppressions de postes, ramenées ensuite à 225 (sur 650), sont dans
l'impasse. Les salariés sont divisés. La moitié environ d'entre eux,
réunis dans un collectif, a voté par référendum pour une reprise des
négociations et l'acceptation de l'accord, qui prévoit des conditions
d'accompagnement avantageuses. Mais l'autre moitié, menée par la
Filpac-CGT, veut ramener le nombre de départs à 125 et n'en démord pas.
Des comités d'entreprise extraordinaires doivent se tenir aujourd'hui.
Mais personne n'en attend grand-chose, car la CGT y est majoritaire. « La
position de la Filpac est d'autant moins susceptible d'être assouplie
qu'elle place désormais le débat sur un plan national : pas question de
créer un précédent », souligne une partie prenante.
Même
si les CE n'ont qu'un rôle consultatif, le groupe Rossel ne veut pas
prendre le risque de passer en force et de subir de longs conflits
sociaux. « Nous ne voulons pas mener ce projet contre le personnel, mais avec lui »,
insiste Eric Malrain, son directeur financier. Rossel, qui tient son
conseil d'administration en fin de semaine, ne veut plus attendre. Et la
perspective, évoquée en coulisses, de négociations au niveau national,
impliquant la CGT et le ministère du Travail, n'y changera rien. « Un
délai supplémentaire ne serait pas compatible avec la réalité du
marché : la situation du groupe s'est déjà fortement dégradée depuis
notre accord avec Hersant, en octobre dernier », justifie-t-il, affirmant être décidé à renoncer au rapprochement.
Or,
pour le Groupe Hersant Média (GHM), ce retrait signifie un aller simple
vers le redressement judiciaire. Dans une lettre adressée par la poste
aux salariés dès jeudi, Dominique Bernard, directeur général de GHM,
explique que le plan proposé, qui prévoit aussi des investissements de
5 millions d'euros à court terme et autant à moyen terme, est nécessaire
pour rétablir les comptes d'exploitation du pôle. Une perte
d'exploitation de 6 millions d'euros est prévue pour 2012. Sans
restructuration, GHM n'ayant plus les moyens, le pôle CAP sera contraint
de déposer son bilan. Ce qui, compte tenu de sa fragilité financière,
risque d'entraîner l'ensemble du groupe et de ses filiales au tribunal
de commerce.
D'autant que le retrait de
Rossel fera tomber l'accord, obtenu au forceps en décembre dernier, avec
les 17 banques créancières du groupe. Lourdement endetté depuis le
rachat du pôle Paca en 2007, GHM n'a pas pu honorer les échéances de sa
dette bancaire (200 millions d'euros), suite aux difficultés brutales de
sa filiale Comareg, liquidé en novembre dernier.
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