| LES VISAGES DE L'ACTUALITÉ |
En novembre en pleine liquidation de la Comareg, ils
envisageaient déjà de remonter l'entreprise. Plus de six mois après, les
anciens d'Hebdoprint ont finalement réussi à lancer leur SCOP baptisée
« Inter 59 ». Une structure allégée qui fonctionne depuis le 15 juin
avec une quinzaine de sociétaires et dont les trois cadres dirigeants
sont Pascal Barbaut, Laurent Fernandez et Bruno Vangaeveren.
On se souvient de la liquidation de la Comareg et de son imprimerie Hebdoprint à Lomme, début novembre, qui avait mis 150 personnes sur le carreau dans la région (1 650 en France).
De la venue, en pleine
occupation de l'imprimerie, de l'ancien patron René Bétourné qui s'était
porté au secours de ses ex-salariés.
De la construction
mi-décembre d'un projet de SCOP avec tout d'abord 75 salariés, puis 40,
puis de l'abandon le 9 avril de la reprise de l'imprimerie lommoise à
« cause de la frilosité des banques pour 200 000 euros », regrettera
René Bétourné... « On a eu la naïveté de penser que le crédit classique
serait plus facile à obtenir que les appuis institutionnels », explique
Bruno Vangaeveren. Directeur financier, il a été appelé dans le projet
par René Bétourné.
« Il y avait une véritable volonté de créer des
emplois de la part des élus de tout bord », insiste Laurent Fernandez,
ancien directeur du pré-presse à Hebdoprint.
Un plan média tout support
Mais après « ces six mois de bagarre », l'obstination a payé avec la création d'une nouvelle entreprise de communication.
Inter 59 a ouvert ses bureaux dans la ruche des 2 Lys à Armentières.
Et
en six mois, le concept a sérieusement mûri. La Scop Inter 59, au-delà
du journal gratuit de petites annonces, a l'ambition de proposer « un
véritable plan média tout support » à ses clients : avec le journal
papier mais surtout avec le web et la téléphonie mobile. C'est-à-dire
« qu'une pub paraît simultanément sur les trois supports pour le même
prix », précise Pascal Barbaut, responsable des commerciaux. « On s'est
demandé ce qu'on pouvait apporter de plus que nos concurrents et cela a
été : bâtir différents outils technologiques qui répondent à toutes les
problématiques, de la grande entreprise aux petits commerçants. d'autant
que l'on touche toutes les générations », ajoute Bruno Vangaeveren.
Avec
un départ « pied au plancher », des journées longues et des nuits
courtes, la SCOP Inter 59 démarre, en juin, à une époque de l'année peu
favorable pour la prospection publicitaire.
Qu'à cela ne tienne,
les quinze sociétaires en profitent pour tester le terrain. Ainsi le
mensuel Inter 02 paraît dans l'Aisne à Chauny et Laon. Il sera distribué
toutes boîtes. « L'objectif à atteindre était de 15 jours pour vendre
le journal, les commerciaux l'ont fait en une semaine. le 16 pages
budgétées est atteint. » A Lens, Béthune et Arras est testée une autre
formule Inter coupon. Un bon moyen d'attirer la clientèle en période
creuse pour le commerce de centre-ville avec des bons de réduction.
« Se rincer les neurones »
Pour
parvenir à cette création d'entreprise qui n'est en rien une
renaissance sur les cendres du défunt Paru-Vendu, les sociétaires ont dû
« se rincer les neurones », comme le dit Laurent Fernandez. Comprendre
« qu'il a fallu oublier ce qui se faisait avant. imaginer sa propre
entreprise », explique celui qui porte le projet depuis ses débuts avec
René Bétourné et accompagné de l'union régionale des SCOP.
« Au
début, les gens voulaient faire un journal comme avant. Le travail de
fond a parfois été pénible, et d'ailleurs certaines personnes se sont
retirées », raconte Laurent Fernandez. Mais la solidarité a joué. comme
celle des opérateurs en PAO qui sont venus travailler sur le projet
« alors qu'ils savaient que l'on ne pouvait en prendre que la moitié ».
« Les feux sont au vert »
Aujourd'hui
les quinze sociétaires de la SCOP « sont impliqués à 200 % et ont
entièrement validé le produit », assure Pascal Barbaut.
Les trois
cadres dirigeants rendent régulièrement des comptes aux salariés sur
leurs décisions. Quant aux primes, elles correspondent au résultat de
l'entreprise. Laquelle reste indépendante et ne peut voir aliéner ses
fonds propres. gage d'indépendance et de... survie.
« Mais ce
n'est pas un kolkhoze, s'amuse Laurent Fernandez. C'est bel et bien une
entreprise classique à but très lucratif, Sauf que les salariés
détiennent la majorité du capital. » Sauf aussi que les cadres
dirigeants sont élus.
« Aujourd'hui, on expérimente le modèle sur
le terrain », conclut Pascal Barbaut. « Les feux sont au vert, la
tendance est plutôt bonne. On ne peut que l'améliorer. » En septembre
Inter 59 passera de mensuel à bi-mensuel.
PAR CAROLE MOCELLIN
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