Hersant répond
au député Mennucci
sur Tapie
Dominique Bernard, DG du groupe Hersant Média. Crédit photo: Marmara/Le Figaro
Crédits photo : Jean-Christophe MARMARA/Le Figaro |
INTERVIEW - Dominique Bernard, DG du groupe Hersant Média, rejette les accusations du député PS qui s'interroge sur les conditions de la cession de 50 % du groupe de presse à Bernard Tapie.
GHM (La Provence, Nice-Matin, Corse-Matin, France Antilles…) vient
d'être racheté à parité par Bernard Tapie et la famille Hersant pour
51 millions d'euros.
LE FIGARO. - Que vous inspire la
demande du député PS des Bouches-du-Rhône Patrick Mennucci de créer une
commission sur les conditions de rachat de GHM par le tandem
Tapie-Hersant?
Dominique BERNARD. - J'ai du mal à
comprendre l'objet de cette démarche. J'ai l'impression que la réaction
de Patrick Mennucci tient surtout au fait qu'il voit d'un mauvais œil Bernard Tapie arriver
sur ses terres marseillaises. Le courrier qu'il a adressé au président
du groupe socialiste à l'Assemblée nationale est truffé d'inexactitudes
et d'invraisemblances qui démontrent une grande méconnaissance du
dossier.
Que lui répondez-vous sur les conditions d'endettement de GHM et les modalités de sa cession?
L'endettement
de GHM remonte au rachat, en 2007, auprès du groupe Lagardère, des
journaux du Sud pour un montant de 160 millions d'euros. À l'époque,
nombreuses étaient les banques qui voulaient financer l'opération! Le
prêt devait être remboursé sur sept ans, grâce aux résultats du groupe
et notamment de la Comareg (pôle de presse gratuite qui a été liquidé en
2011, NDLR). Il a été évidemment accordé sous conditions de garantie,
contrairement à ce qu'indique Patrick Mennucci. Tous les actifs de GHM
ont été nantis, ainsi que 34 % des titres du groupe. Sur le rachat de la
créance bancaire, je rappelle que c'est une opération entre sociétés de
droit privé, dans laquelle 17 banques, également privées, sont
impliquées. Je ne vois pas en quoi c'est le contribuable qui paiera in
fine, comme le soutient Patrick Mennucci.
Qui étaient les autres candidats au rachat?
Seule l'offre du tandem formé par Bernard Tapie et trois membres de la famille Hersant
était globale, inconditionnelle et financée, les fonds ayant été
déposés sous séquestre, conformément aux conditions posées par les
banques. L'offre de Rossel ne répondait pas à ces exigences et était en
outre «moins-disante». Les autres candidats qui ont eu accès à la «data
room» sont le cabinet d'expertise comptable Fiducial, le fonds
britannique Local World (David Montgomery) et les Américains OpenGate
Capital et Platinum Capital. Aucun n'a souhaité donner suite.
Patrick Mennucci dénonce l'opacité du processus de vente…
Au
cours des trois ans de renégociation de la dette, nous avons tenu avec
le Ciri plus de cent réunions avec les banques, et le tribunal de
commerce a été informé à chaque étape. En septembre dernier, un certain
nombre de banques ont choisi le cabinet de conseil en restructuration
Alvarez et Marsal qui a été retenu pour veiller au bon déroulement du
processus d'information auprès des éventuels investisseurs.
Comment interpréter la fausse sortie de Bernard Tapie?
Je
pense que c'était un mouvement d'humeur contre les atermoiements
tardifs de certaines banques et l'intervention d'Arnaud Montebourg qui
voulait faire émerger une autre offre.
La période de conciliation a pris fin lundi. Quelle est la prochaine étape?
Le
protocole d'accord signé par toutes les parties le 21 décembre doit
maintenant être homologué par le président du tribunal de commerce de
Paris le 9 janvier. GHM va devenir une société anonyme à conseil de
surveillance et directoire. Par une augmentation de capital, Bernard
Tapie en deviendra coactionnaire à parité avec la famille Hersant.
Philippe Hersant prendra la présidence du conseil de surveillance.
Où en est la vente de vos actifs en Nouvelle-Calédonie et la cession du pôle Champagne-Ardennes à Rossel?
Nos
titres en Nouvelle-Calédonie sont en cours de cession auprès
d'investisseurs locaux. Nous reprenons la main. Maintenons que nous
sommes désendettés, nous prendrons le temps qu'il faut pour réussir
cette vente. Quant au pôle Champagne-Ardennes-Picardie (CAP),
l'opération avec Rossel sera totalement bouclée vendredi.
Par Alexandre Debouté, Philippe Larroque
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