En une décennie, Philippe Hersant, réfugié fiscal en Suisse, y a créé un petit groupe de presse, fort de quatre quotidiens.
De notre correspondant à Genève, Ian Hamel
Dans son édition 2012, le magazine Bilan a rayé de la liste des 300 plus riches de Suisse le nom de Philippe Hersant. L'année dernière, cet exilé fiscal, installé dans le hameau de Cara, dans le canton de Genève, à quelques mètres de la frontière française, jouissait d'une fortune estimée entre 80 et 160 millions d'euros.
Est-ce les difficultés du Groupe Hersant Média (GHM) qui affecte son patrimoine, comme le suggère le magazine économique suisse ? En Suisse, le fils de Robert Hersant a fait preuve de la même discrétion qu'en France. "C'est bien simple, chaque fois que nous parlons de son groupe, et nous en parlons souvent, il est impossible de mettre la main sur une photo de lui. Philippe Hersant reste le grand inconnu, le grand inconnu", ironise Christian Campiche, rédacteur en chef d'Édito, le magazine des médias suisses.
Quatre quotidiens dans trois cantons
Installé depuis le début des années 2000 sur la commune de Presinge, dans le canton de Genève, et propriétaire de trois bâtiments achetés autour de 10 millions d'euros, afin d'échapper à l'impôt sur les successions, Philippe Hersant s'est constitué en toute discrétion un petit empire de presse, à l'échelle de la Suisse francophone.Il a tour à tour acheté La Côte, à Nyon, une petite ville entre Genève et Lausanne, dans le canton de Vaud, puis L'Express à Neuchâtel, L'Impartial à La Chaux-de-Fonds (canton de Neuchâtel) et enfin Le Nouvelliste à Sion (canton du Valais), en 2010. De petits quotidiens, dont les tirages varient de 15 000 à 40 000 exemplaires mais bien implantés localement, restent toujours très rémunérateurs.
70 millions de chiffre d'affaires
À côté de cela, le groupe Éditions suisses Holding (ESH), installé à Fribourg, a mis la main sur des périodiques, comme Le journal de Cossonay et L'Écho rollois et aubonnois, ainsi que sur des publications gratuites, l'Arc Hebdo et Le Courrier neuchâtelois. Philippe Hersant possède également des participations dans une imprimerie à Neuchâtel et dans des télévisions locales, Léman Bleu et TVM3.Le groupe compterait 350 salariés et réaliserait un chiffre d'affaires de 70 millions d'euros. En mars dernier, les Éditions suisses Holding préparaient un numéro zéro, intitulé Côte à Côte, un gratuit qui devait être diffusé dans le département français de l'Ain. Mais Philippe Hersant a finalement renoncé à attaquer le marché français à partir de son groupe suisse, en raison des difficultés rencontrées par le Groupe Hersant Média (GHM) dans L'Hexagone.
Plus que quatre journalistes
"En fait, nous n'avons vu Philippe Hersant qu'une seule fois. Son discours était tellement inodore et sans saveur que nous avions plutôt envie de rire... si ce n'est qu'il annonçait des licenciements", raconte un journaliste du canton de Neuchâtel. Depuis, le quotidien L'Impartial ne compte plus que... quatre journalistes, qui ne traitent plus que la locale de la ville de La Chauds-de-Fonds."Après avoir promis qu'il ne toucherait pas aux rédactions, Philippe Hersant a créé en 2011 l'Agence romande de presse (ARP), une plate-forme composée de huit journalistes, fournissant des pages économiques, de société, d'actualité suisse et internationale aux publications helvétiques de ESH.
Philippe Hersant peut-il encore s'étendre en Suisse francophone ? Il ne reste qu'un seul quotidien indépendant La Liberté, dans le canton de Fribourg. Les principaux quotidiens, La Tribune de Genève, 24 Heures, Le Matin et Le Temps, appartiennent à des groupes suisses allemands, Tamedia et Ringier, dont le siège est à Zurich.
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