lundi 10 décembre 2012

Lundi 10 Décembre 2012 - Le Monde.fr - Curieuses gesticulations autour du rachat des journaux du Groupe Hersant

Bernard Tapie refuse de revenir dans la course à la reprise des journaux du Groupe Hersant Médias.
Le feuilleton du rachat des journaux de Groupe Hersant Média (GHM), va de rebondissement en rebondissement. Vendredi 7 décembre, une nouvelle offre, de 50 millions d'euros, a été déposée in extremis par le groupe belge Rossel, tandis que Bernard Tapie annonçait qu'il retirait la sienne, d'un montant équivalent. Mais, lundi 10 décembre, la direction de GHM pressait ce dernier de revenir sur sa décision. La mission du conciliateur devrait être prolongée jusqu'au 24 décembre.


Les interrogations sur les ambitions de M. Tapie. Personne ne croit que M. Tapie s'est découvert une vocation de patron de presse. De l'avis général, la reprise de GHM par un tandem Tapie-famille Hersant est le prélude à un dépeçage de l'entreprise. Philippe Hersant conserverait France-Antilles, le cœur historique du groupe ; M. Tapie garderait La Provence en vue des élections municipales de 2014 à Marseille ; les titres Nice-Matin et Corse-Matin seraient revendus, peut-être à l'homme d'affaires franco-libanais Iskandar Safa.M. Tapie accuse le ministre du redressement productif, Arnaud Montebourg, d'avoir forcé la main de BNP Paribas pour que la banque soutienne l'offre de Rossel. "Ce qui s'est passé est invraisemblable, dit-il. Un ministre intervient pour qu'une entreprise de presse ne puisse pas être vendue à un investisseur, alors que les deux ne doivent rien à l'Etat." L'ancien président de l'Olympique de Marseille assure que "[son] offre s'arrête là".

Les préférences d'Hersant Médias. Le directeur général de GHM, Dominique Bernard, n'a jamais caché sa préférence pour l'offre Tapie. Dans Le Figaro du 10 décembre, il affirme que "l'initiative de Rossel appuyée par BNP Paribas [conduit] dans une impasse" et demande à M. Tapie de revenir sur sa décision.

M. Bernard déclare avoir reçu "l'accord de 15 des 17 banques du pool représentant plus de 66 % des créances". Or, de sources bancaires, seules huit banques, représentant 40 % des créances, ont signé le protocole de conciliation. Six établissements, représentant 52 % des encours, ont refusé : BNP Paribas, Natixis, Société générale, West LB ainsi que deux caisses d'épargne.

Ces banques reprochent à la direction de GHM d'avoir découragé systématiquement les offres concurrentes de celle de M. Tapie. "Aucun autre repreneur potentiel n'a pu bénéficier des informations financières sur l'état du groupe", déplore-t-on chez BNP Paribas.

On s'étonne aussi que, dans le schéma proposé par M. Tapie et la famille Hersant, celle-ci apporte 25 millions d'euros. "Philippe Hersant, qui n'avait pas d'argent pour redresser son groupe, trouve cette somme pour réaliser une opération financière", souligne-t-on.

Les prochains épisodes. Malgré ses démentis, M. Tapie pourrait revenir dans le jeu et proposer une offre supérieure à celle de Rossel, par exemple à 60 millions d'euros. Tout est possible avec celui qui affirmait au Monde, fin octobre, qu'il n'était pas intéressé par les journaux du Sud. Même à ce prix, l'ex-ministre de la ville de François Mitterrand ferait une bonne affaire, la valeur des actifs de GHM étant estimée entre 70 et 90 millions.

De son côté, Rossel doit formaliser son offre. Tout le monde sait que le groupe belge ne possède pas les 50 millions d'euros qui peuvent lui permettre de racheter GHM et devra donc les emprunter à BNP Paribas et à d'autres banques.

Enfin, une troisième offre peut émerger. Par exemple du groupe financier Fiducial ou du fonds américain OpenGate Capital. GHM pourrait aussi être placé en redressement judiciaire ; ce serait le pire scénario pour les banques créancières. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire