Le groupe Hersant veut sortir de « Paris Normandie »
Le directeur général du Groupe Hersant Média, Dominique Bernard, explique que la restructuration du titre visant à en restaurer la rentabilité avait été lancée « essentiellement dans le but de susciter des offres de reprise »
« Paris Normandie » perd 2 millions d'euros par an depuis plusieurs années. - KENZO TRIBOUILLARD/AFP
Au
lendemain de la prolongation jusqu'au 21 juin, par le tribunal de
commerce du Havre, de la période d'observation sur « Paris Normandie »,
son actionnaire, le Groupe Hersant Média, sort de son silence. Selon
Dominique Bernard, son directeur général, l'objectif est clairement de
se désengager des quotidiens normands. « Si nous avons
lancé, avec la direction des titres concernés, une restructuration pour
en restaurer la rentabilité, c'était essentiellement dans le but de
susciter des offres de reprise », affirme-t-il dans un entretien aux « Echos ».
C'est
la première fois que les dirigeants du groupe Hersant tiennent un
discours aussi clair. Après le placement du titre en redressement
judiciaire, fin février, c'est plutôt un plan de continuation qui avait
été évoqué. « Je souhaite évidemment que le tribunal nous permette
de présenter un plan de continuation. J'ai la conviction que les titres
du pôle ont un avenir
», avait alors déclaré Michel Lepinay,
président de la SNPEI, qui édite les quotidiens normands. Il était alors
question de voir « Paris Normandie », une fois restructuré, rejoindre
la société commune qui sera constituée avec le groupe belge Rossel.
Deux mois de trésorerie
Le
projet présenté par la direction actuelle prévoyait notamment
111 suppressions de postes, sur les 365 salariés actuels.L'offre
« surprise » remise la semaine dernière par Denis Huertas, ancien
directeur du « Dauphiné libéré », et Xavier Ellie, ex-directeur du
« Progrès de Lyon », a changé la donne. Les deux hommes prévoient, eux,
88 suppressions de postes : le plan engagé par la direction actuelle a
été suspendu, afin d'étudier ce nouveau projet. « Nous croyons réellement que "Paris Normandie" peut être relancé : n
otre expérience nous permet d'aborder ce dossier de façon très lucide, déclare Denis Huertas. Nous avons déposé une offre ferme, mais nous avons besoin d'informations complémentaires pour l'affiner. » Les deux professionnels devront aussi trouver un financement pour leur projet.
Selon
nos informations, d'autres repreneurs potentiels ont affiché des
« marques d'intérêt » pour « Paris Normandie » : le groupe belge Rossel
et un ancien dirigeant du « Républicain lorrain », Jean-Charles
Bourdier. Le fonds de capital-investissement local NCI Gestion aurait
aussi regardé le dossier - sans suite pour l'instant.
« Paris
Normandie » perd 2 millions d'euros par an depuis plusieurs années.
Alors que, très mobilisés, ses salariés accusent le groupe Hersant de
les abandonner (ils ont notamment occupé le golf de Philippe Hersant
pour montrer que la famille n'est pas démunie), Dominique Bernard
rappelle que le groupe a investi plus de 25 millions dans les quotidiens
normands, par le biais d'un compte courant. « Nous avons
en outre apporté plus de 1,5 million d'euros de trésorerie
supplémentaire lors de l'ouverture de la procédure de redressement
judiciaire, ce qui permet aujourd'hui d'avoir la trésorerie suffisante pour tenir deux mois de plu
s »,
indique-t-il. Deux mois pendant lesquels va donc se jouer l'avenir de « Paris Normandie ».
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