Pour faire pression, les salariés envisagent d'occuper l'imprimerie.
(Photos KATHY HANIN)
Moi, je me bats pour ma survie, pour mon avenir. On a été sacrifié.
Hersant, lui, il ne risque pas de finir dans une caravane comme moi !"
La voix est vibrante d'émotion et de colère contenues. La cinquantaine
de salariés d'Hebdoprint, réunie hier dans les locaux de l'imprimerie
autour des élus locaux venus apporter leur soutien, applaudit. La
détresse est palpable. Dans quelques jours, les 80 salariés des Angles
recevront leur lettre de licenciement. Comme les 1 150 employés de la
Comareg qui éditait le journal d'annonces gratuites Paru Vendu et les
500 des trois autres imprimeries Hebdoprint, deux sociétés du Groupe
Hersant Média placées en liquidation judiciaire."Notre présence est plus
qu'un témoignage de soutien et d'indignation, face à cette brutalité,
vous devez rester soudés et nous, nous allons relayer votre parole au
plus haut niveau de l'État", a assuré le conseiller général Patrice
Prat, qui n'hésite pas à dénoncer "un sabotage organisé". Avec son
collègue Alexandre Pissas, ils vont demander que la Cour des comptes se
penche sur l'usage des fonds public fait par le groupe Hersant : "Il a
touché 200 M€ d'aides directes au moment du rachat de la Comareg. Où est
cet argent ?"
Dans l'immédiat, alors que le tout dernier comité
d'entreprise est prévu vendredi, à Lyon, les salariés s'inquiètent de
leurs indemnités de licenciement et de formation ou de reclassement. "On
part avec le minimum. Après vingt-cinq ans de boîte, je vais toucher 13
000 €", s'énerve Jacky, chauffeur-livreur. Hier, les élus au chevet
d'Hebdoprint ont aussi promis d'aider les salariés à toucher des
supra-légales (lire encadré). "Tout ça, c'est du blabla avant les
élections. Pour nous, c'est trop tard, on est abandonné", lance Khalid
désabusé. Dominique, qui travaille comme secrétaire depuis trente ans,
renchérit : "Je ne me vois aucun avenir. À plus de 50 ans, se
reconvertir mais dans quoi ? Mon mari aussi travaille à Hebdoprint
depuis trente ans. Qu'est-ce qu'on va devenir ?"
Dans quelques jours, les scellés devraient être posés pour empêcher
l'accès à l'imprimerie, "sauf si on occupe le site, tranche Gérard. La
rotative, c'est notre dernier trésor, notre arme." "Depuis trente-quatre
ans, elle ne s'est jamais arrêtée de tourner. Ne plus l'entendre, ça
fait mal au ventre", raconte Jean-Paul Fabre, le secrétaire FO du comité
d'hygiène et de sécurité.
"Jusque-là, on a été digne et calme
mais s'il le faut, on va s'énerver pour se faire entendre et respecter",
lance Olivier. Ce matin, les salariés ont prévu une assemblée générale
pour décider d'éventuelles actions. La tension pourrait bien monter d'un
cran.
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