Retour et explications avec Dominique Bernard sur le terrible épilogue de la Comareg.
Faute de moyens de trésorerie suffisants pour poursuivre l’activité du pôle Presse Gratuite d’Annonces, faute d’offres de reprise valable pour celui-ci, le tribunal de commerce de Lyon a dû mettre en oeuvre la procédure de liquidation de la Comareg et d’Hebdoprint.
Faute de moyens de trésorerie suffisants pour poursuivre l’activité du pôle Presse Gratuite d’Annonces, faute d’offres de reprise valable pour celui-ci, le tribunal de commerce de Lyon a dû mettre en oeuvre la procédure de liquidation de la Comareg et d’Hebdoprint.
Comment est-on arrivé à cette situation!?
Dominique Bernard!: «!Cette situation que le Groupe regrette profondément, après les nombreux efforts entrepris, depuis deux ans, par la Direction et les salariés et compte tenu des conséquences qu’elle induit pour chacun des collaborateurs concernés, est la résultante de divers facteurs. La brutalité de la crise économique de 2008-2009, l’effondrement des investissements publicitaires et des annonces dans les 3 secteurs clé de Paru Vendu (emploi, immobilier, automobile) et l’accélération sans précédent de la migration du marché internet qu’elle a entraînée, ont bouleversé en quelques mois le modèle économique de la presse gratuite d’annonces.
« Nous avons tout tenté »
Difficile d’admettre cette triste fin, surtout quand on s’est battu pour que ne s’achève pas
dans la douleur une histoire qui était avant tout humaine. Car il y
avait à la Comareg un esprit, une solidarité faite d’engagement, de
performances, d’efforts et de joies partagées. Ce qui rend le constat
aujourd’hui encore plus dur à supporter. « Nous n’ avons pas réussi mais nous avons tout essayé confie avec amertume Dominique Bernard.
La liquidation aurait pu être envisagée il y a un an, mais cela aurait
été injuste si nous n’avions pas tout tenté. Jamais nous n’avons baissé
les bras et quinze jours avant la fin, nous nous battions toujours
ardemment. Nos efforts ont en effet été constants et je rappelle qu’ a
l’issue de l’audience du tribunal de commerce du 29 septembre GHM
apportait encore 14 millions d’euros de trésorerie. Mais voilà, compte
tenu de ses propres contraintes financières, le Groupe ne pouvait faire
plus pour l’exploitation du pôle de Presse Gratuite d’Annonces. Ou
c’était mettre en péril sa situation et celle de ses autres activités
dans la Presse Quotidienne Régionale . C’était exposer 4000 salariés. La
procédure a été très brutale et très juridique et le calendrier rapide,
ce qui n’a fait qu’accentuer la dureté de la décision, insupportable
pour tous ceux qui ont fait la Comareg. Au moins avons nous conscience
d’avoir tout tenté…!»
Tous les acteurs du secteur ont connu dans cette même période d’importantes difficultés et tenté de s’adapter!: Spir (Ouest-France)!: plan de sauvegarde de l’emploi, fermetures d’éditions et de halls petites annonces, cession du contrôle du site leboncoin.fr S3G (Sud-Ouest)!:
plan de sauvegarde de l’emploi puis liquidation. C’est dans ce
contexte, et confronté à des niveaux de pertes importants, que GHM
avait, après avoir mené 2 plans de sauvegarde de l’Emploi (PSE) en 2009
et réduit ses effectifs de plus de 500 personnes, lancé en 2010 un plan
de refondation de son pôle PGA, avec l’ambition de relancer son
activité. Ce plan s’est notamment traduit par les mesures suivantes!:
-Placement en redressement judiciaire de Comareg (société éditrice de
ParuVendu) et procédure de sauvegarde pour Hebdoprint (filiales
prépresse et imprimeries)!; -Ouverture de nombreux chantiers
opérationnels!: réorganisation des forces commerciales sur le
territoire, refontes du journal papier et du site internet, mise en
place de la gratuité des petites annonces particuliers sur internet
(etc.)!; -Adaptation des effectifs et PSE pour près de 700
collaborateurs.
Ces mesures d’urgence devaient permettre une refonte en profondeur du modèle économique du pôle PGA vers un modèle multi-canal. L’objectif était de soumettre dans une seconde étape au Tribunal de Commerce de Lyon, fin novembre, un plan de continuation de l’activité. Si ces mesures avaient produit des premiers résultats (hausse du trafic sur le site internet, réduction des coûts etc.), le chiffre d’affaires de la Comareg ne s’est pas redressé à un rythme suffisant. Ainsi, le pôle PGA présentait un déficit prévisionnel de trésorerie trop important au regard des moyens financiers dont dispose GHM, qui n’était pas en mesure de ce fait de présenter un plan de continuation ».
Ces mesures d’urgence devaient permettre une refonte en profondeur du modèle économique du pôle PGA vers un modèle multi-canal. L’objectif était de soumettre dans une seconde étape au Tribunal de Commerce de Lyon, fin novembre, un plan de continuation de l’activité. Si ces mesures avaient produit des premiers résultats (hausse du trafic sur le site internet, réduction des coûts etc.), le chiffre d’affaires de la Comareg ne s’est pas redressé à un rythme suffisant. Ainsi, le pôle PGA présentait un déficit prévisionnel de trésorerie trop important au regard des moyens financiers dont dispose GHM, qui n’était pas en mesure de ce fait de présenter un plan de continuation ».
Il n’y avait pas d’autre piste, tout était misé uniquement sur les mesures d’urgence!?
Dominique Bernard! : «!GHM avait pris, depuis plus d’un an, de nombreux contacts avec d’éventuels partenaires et/ou repreneurs pour l’activité Presse Gratuite d’Annonces. Trois acteurs industriels et huit fonds d’investissements étudiaient encore le dossier les dernières semaine. De son côté, sollicitée par GHM, la Caisse des Dépôts et Consignation Entreprises filiale de la Caisse des Dépôts indiquait qu’elle était prête à investir 10 à 20M euros, en tant qu’actionnaire minoritaire, aux côtés d’un nouvel opérateur industriel. Cependant, aucune des entreprises ou fonds d’investissements contactés n’ont souhaité donner suite. Lors de son audience du 29 septembre, le Tribunal de commerce de Lyon avait fixé au 25 octobre la date limite de réception par les administrateurs judiciaires des offres de reprise. Aucune offre de reprise recevable n’avait été formulée à cette date. Les 3 offres reçues par le Tribunal de Commerce, dans le détail!: reprise du site de Dijon et de 2 salariés!; reprise du site internet et de 11 salariés par un fond de placement!; reprise de l’activité print avec 500 salariés Comareg et 150 salariés Hebdoprint. Les deux premières offres concernaient un périmètre d’activité trop limité pour pouvoir être considérées comme des offres de reprise. La troisième, à condition d’être complétée, notamment sur le plan financier, aurait pu servir de base à un plan de cession, mais ses initiateurs ont fait savoir le 27 octobre qu’ils la retiraient.!»
Dominique Bernard! : «!GHM avait pris, depuis plus d’un an, de nombreux contacts avec d’éventuels partenaires et/ou repreneurs pour l’activité Presse Gratuite d’Annonces. Trois acteurs industriels et huit fonds d’investissements étudiaient encore le dossier les dernières semaine. De son côté, sollicitée par GHM, la Caisse des Dépôts et Consignation Entreprises filiale de la Caisse des Dépôts indiquait qu’elle était prête à investir 10 à 20M euros, en tant qu’actionnaire minoritaire, aux côtés d’un nouvel opérateur industriel. Cependant, aucune des entreprises ou fonds d’investissements contactés n’ont souhaité donner suite. Lors de son audience du 29 septembre, le Tribunal de commerce de Lyon avait fixé au 25 octobre la date limite de réception par les administrateurs judiciaires des offres de reprise. Aucune offre de reprise recevable n’avait été formulée à cette date. Les 3 offres reçues par le Tribunal de Commerce, dans le détail!: reprise du site de Dijon et de 2 salariés!; reprise du site internet et de 11 salariés par un fond de placement!; reprise de l’activité print avec 500 salariés Comareg et 150 salariés Hebdoprint. Les deux premières offres concernaient un périmètre d’activité trop limité pour pouvoir être considérées comme des offres de reprise. La troisième, à condition d’être complétée, notamment sur le plan financier, aurait pu servir de base à un plan de cession, mais ses initiateurs ont fait savoir le 27 octobre qu’ils la retiraient.!»
Dominique Bernard!: «!Le
nombre très limité de marques d’intérêt et l’absence d’offre de reprise
recevable traduisent les grandes difficultés du marché de la presse
gratuite d’annonces et ses perspectives difficiles. Internet aurait pu
présenter une voie possible de développement, mais le modèle papier de
la petite annonce semble lui condamné. En tout état de cause, une
migration complète du pôle Presse Gratuite d’Annonces sur internet
aurait impliqué une transformation totale de l’organisation de
l’entreprise et une réduction drastique de ses effectifs. L’exemple des
concurrents montre qu’ils fonctionnent désormais sur internet avec 200 à
300 collaborateurs, pas avec 1650.!»
Propos recueillis par Jean-Marie Gautier - Photos : DR