L'union fait la force, mais à quel prix ?
Les chiffres - prévisionnels - sont tombés
la semaine dernière : 278 postes (sur 650 environ) sont menacés au sein
du pôle Champagne-Ardenne-Picardie (CAP) du Groupe Hersant Media. Pour
« satisfaire » aux exigences du groupe Rossel, le plan social devrait
être mis en place d'ici la mi-juin. Les syndicats ont déposé un préavis
de grève.
Le site du journal l'union en centre-ville de Reims
Le 2 mai dernier à Paris, un Comité de Groupe a réuni les principaux
dirigeants de Groupe Hersant Media (GHM) et du Groupe Rossel. Et au
cours de cette réunion, les patrons belges ont pratiquement lancé un
ultimatum à ceux de GHM, pour la mi-juin. Leur projet commun est de
créer une holding qui rassemblera les titres français détenus par Rossel
(la Voix du Nord, Nord Eclair, le Courrier Picard...) et ceux détenus
par GHM (l'union, L'Ardennais, l'Aisne nouvelle, L'Est Eclair,
Libération Champagne, qui forment le pôle CAP, et les titres du pôle
Provence-Alpes-Maritimes-Corse - PACA, La Provence, Nice Matin... et
aussi Paris Normandie, que Rossel accepterait finalement d'intégrer,
bien qu'en redressement judiciaire depuis février). Un projet
d'envergure, qui ferait de l'ensemble un leader de la presse quotidienne
en France (900 000 exemplaires par jour, 500 millions d'euros de
chiffre d'affaires annuel). Et selon les patrons de Rossel, rien ne sera
signé tant que la mariée ne sera pas belle. En clair, Rossel s'engagera
quand GHM aura procédé à une restructuration de ses quotidiens qui
permettra des conditions d'exploitation à hauteur de 10% de rentabilité.
En contrepartie, Rossel serait prêt à ne pas toucher de dividendes
avant 2015.
À l'issue de cette réunion au sommet, le directeur général de GHM,
Dominique Bernard, a adressé un courrier aux collaborateurs du groupe.
Il y explique les lignes précédentes, ajoute une enveloppe de 80
millions d'euros que mettrait le nouvel ensemble pour rembourser une
partie (50 millions) de la dette de GHM et investir et restructurer (30
millions). Dominique Bernard poursuit en indiquant qu'il a demandé aux
directeurs des différents titres « d'ouvrir des négociations dès la
semaine prochaine (ndlr, la semaine dernière) afin de parvenir, le plus
rapidement possible et avant la mi-juin, à un accord avec vos
représentants sur les mesures à prendre, car c'est une condition
préalable à la mise en oeuvre de ce projet porteur d'avenir. À défaut
d'un tel accord, le Groupe Rossel y renoncerait. » Off, on entend qu'à
défaut de montage avec Rossel, le pôle Cap pourrait déposer le bilan...
Pour les journaux du Sud, a priori, pas de problème. Le pôle Paca a
réalisé un bénéfice en 2011, et les salariés n'auraient à « supporter »
qu'une modération salariale. En revanche, pour le pôle Cap, c'est tendu.
Pour parvenir à l'objectif fixé par Rossel, 278 postes doivent être
coupés, parmi lesquels une quarantaine de journalistes, essentiellement à
l'union. Les autres suppressions d'emplois toucheraient les rotatives
et l'administration.
Mener un tel plan social d'ici la mi-juin parait intenable. Dans
l'histoire, Rossel risque de passer pour le « méchant » de service. Des
politiques champardennais n'oublient pas que Philippe Hersant, toujours
principal actionnaire et président du conseil de surveillance de GHM,
depuis la Suisse, où il vit, « n'est pas pour rien dans la situation
actuelle du groupe, et il est tranquille, là-bas, et il ne paie pas
d'impôts... »
Tony Verbicaro
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