Reprise de l'emploi et restructuration
Pour la 3e année consécutive, F/I/E (France Industrie et
Emploi), cabinet en ressources humaines et en marketing des territoires,
présentait le 2 mai 2012 son étude sur les créations et les
destructions d’emplois intervenues en 2011 dans l’industrie et les
services.
L’embellie de la situation de l’emploi constatée en
2010 se confirme, même si on observe un léger ralentissement du nombre
d’emplois créés. Fait nouveau cependant, les restructurations dans les
activités de services ont progressé par rapport à 2010, ces dernières
compensent plus difficilement les destructions d’emploi de l’industrie.
Les collectivités territoriales doivent développer leur rôle moteur dans
l’attractivité des territoires.
Une reprise de l’emploi qui se confirme…
L’année 2011 est dans la lignée de 2010. Avec 1 405
projets créateurs d’emplois contre 844 projets destructeurs d’emploi, le
solde net de la création d’emplois est positif de 15 700 emplois, mais
inférieur à 2010 (25 000). La reprise de l’emploi se confirme, notamment
avec une évolution légèrement favorable du nombre de projets
destructeurs d’emplois (-11 % par rapport à 2010) ainsi que du nombre
d’emplois supprimés (-4 %). On observe la poursuite d’une dynamique dans
certaines filières industrielles comme l’aéronautique et l’énergie
(l’éolien) et une diminution des plans sociaux en particulier au sein de
grands groupes.
… mais qui reste fragile
Malgré un solde net d’emplois créés positif, le nombre
de projets créateurs d’emplois chute de 15 % (1 405 contre 1 660 en
2010) et pèse négativement sur le nombre d’emplois créés (50 200 contre
61 500 en 2010, soit -18 % par rapport à 2010).
Les signes de cette fragilité :
Une légère diminution de la taille moyenne des projets créateurs d’emplois (35 contre 37 en 2010)
Une baisse du nombre d’emplois créés dans les services (- 26 %) et l’industrie (- 10 %)
Des
restructurations qui affectent également les activités de services (+
5,3 % par rapport à 2010) : banques, TIC, relation clientèle, transport…
Une
forte diminution des projets étrangers créateurs d’emplois : 120
projets recensés contre 250 en 2010 contribuant à la création de 7 000
emplois (- 2000 emplois par rapport à 2010).
Une
part encore très élevée des fermetures de sites (58 % des projets
destructeurs d’emplois), représentant ainsi une menace majeure pour
l’économie locale.
Malgré un recul des plans sociaux au sein de grands
groupes, l’année 2011 a vu s’opérer la liquidation judiciaire des
sociétés Comareg et Hebdoprint (Paru Vendu) du groupe Hersant Média, à
l’origine de la destruction de 1 650 emplois, des salariés licenciés
sans indemnités supra-conventionnelles.
Le cas de Comareg – Hebdoprint souligne le décalage qui subsiste
aujourd’hui, entre la perception qu’a le grand public des plans sociaux
et leur réalité. Il existe une France à deux vitesses avec :
d’une part les grands groupes qui licencient et proposent des primes de départ à leurs salariés
d’autre
part, les licenciements sans indemnités issus des PME ou de
liquidations judiciaires, qui représentent l’essentiel des destructions
d’emplois.
L’emploi dans les services affecté par des restructurations
Avec la création de 25 000 emplois, le secteur des
services reste le plus créateur d’emplois en 2011, principalement dans
les services à la personne, les emplois médicaux et paramédicaux (1/4
des emplois créés en 2011). Les projets créateurs d’emploi comptent, en
moyenne, 33 salariés et sont ainsi moins pourvoyeurs d’emplois que ceux
de l’industrie (44 salariés en moyenne). On observe un fort
ralentissement du dynamisme des services puisque le nombre d’emplois
créés recule de 26 %. Epargnées jusqu’ici, les activités de service font
l’objet de restructurations (+ 5,3 % par rapport à 2010) et compensent
plus difficilement les destructions d’emplois de l’industrie. Les
banques, les TIC, les media, la relation client sont des exemples de
secteurs touchés par ces restructurations. Cette tendance pourrait
s’aggraver en 2012.
Des disparités entre les territoires
L’année 2011 marque un renforcement des disparités entre
les territoires. On observe une aggravation de la situation de l’emploi
dans les départements de taille moyenne, dont l’économie repose
traditionnellement sur un tissu de PME-PMI sous traitantes directement
impactées par d’importantes restructurations privées, en particulier
dans les régions de l’Est. Ce sont les départements ayant une métropole
dynamique (Lille, Paris, Toulouse, Nantes…) et adossés à des secteurs
d’activités structurants qui ont créé le plus d’emplois en 2011.
Le Nord est le premier département créateur d’emplois privés grâce au
dynamisme des filières automobile, services à la personne et
ferroviaire. Mais c’est également le 2e département le plus destructeur
d’emplois.
Paris et la Haute-Garonne demeurent les territoires dynamiques, en
particulier dans les secteurs à haute valeur ajoutée, créant ainsi des
emplois qualifiés dans les technologies de l’information ou encore
l’aéronautique.
L’impact de la crise dans le temps, n’est pas homogène selon les
caractéristiques socio-économiques des territoires. Ainsi, malgré de
fortes destructions d’emplois opérés dans la chimie en 2010, la
Seine-Maritime et les Pyrénées-Atlantiques ont réussi à achever leurs
restructurations. A l’inverse, les destructions dans le travail des
métaux plus importantes qu’en 2010, voient des départements spécialisés
dans ce secteur comme : l’Indre-et-Loire, les Vosges et l’Aube détruire
des emplois. La région Centre, quant à elle, continue de subir
d’importantes pertes, notamment au sein des PME de sous-traitance
industrielle (automobile, industrie pharmaceutique…).
Les investissements étrangers en recul
La grande majorité des projets créateurs d’emplois sont
toujours le fait d’entreprises françaises (91 %, soit 3 points de plus
qu’en 2010). Dans un contexte de ralentissement de la croissance
mondiale, on observe une forte diminution du nombre de nouveaux projets
étrangers en France (- 49 %).
Malgré cette baisse, la France reste attractive pour les capitaux
étrangers, la qualité de la main d’œuvre, l’offre de formation, le
niveau de recherche étant reconnus par les entreprises étrangères. Ces
qualités séduisent principalement des sociétés :
européennes, et notamment l’Allemagne qui représente plus d’1/4 des projets étrangers en France
nord-américains,
les Etats-Unis sont le 1er pays investisseur en France et ont contribué
à la création de nombreux emplois (Mars, Lydall…), majoritairement dans
l’industrie manufacturière.
A noter, une présence chinoise en progression, malgré
des investissements faibles. Un fait étonnant si l’on considère la
présence importante des investissements chinois chez nos voisins
allemands (la Chine est le 1er investisseur étranger en Allemagne).
Concernant la destruction d’emplois, on observe un recul de la part des
entreprises à capitaux étrangers qui ont supprimé des emplois en France
(18 % contre 29 %), un emploi supprimé sur cinq reste le fait d’une
société étrangère.
Des collectivités territoriales détentrices d’un rôle clef
Malgré une baisse de 5 points par rapport à 2010, le
taux de création de sites demeure élevé (57 %) et confirme la nécessité
pour les territoires de disposer d’une offre territoriale attractive et
différenciée afin d’accueillir de nouvelles entreprises et de favoriser
le renouvellement de son tissu économique. La progression de la part des
extensions de site (43 % contre 38 % en 2010) démontre l’importance
pour les collectivités territoriales de bien connaître les entreprises
locales ainsi que leurs besoins prospectifs (gestion prévisionnelle de
l’emploi et des compétences territoriales) de façon à les ancrer
durablement sur le territoire.
Des collectivités locales sont donc détentrices d’un rôle clé en matière de création et destruction d’emploi. Elles doivent :
Identifier en amont les projets de restructurations des grands groupes
Constituer
une offre territoriale attractive (immobilier d’entreprise, formation,
innovation, parcours professionnels, infrastructures de communication,
haut débit…) afin de maintenir les entreprises locales et en accueillir
de nouvelles.
Plus globalement, l’intervention publique en matière de
création et destruction d’emplois doit être simplifiée, clarifiée et
mieux coordonnée pour être plus efficace.