samedi 24 mars 2012

Samedi 24 Mars 2012 - OUEST FRANCE - La relance de l'imprimerie d'Iffendic se complique

OUEST FRANCE - La relance de l'imprimerie d'Iffendic se complique

Deux sociétés proposent de racheter le site d'Hebdoprint. Le mandataire judiciaire préfère celle qui promet plus d'argent à celle qui propose plus d'embauches. Ce qui condamnerait l'imprimerie à fermer.
Qui reprendra le site d'Hebdoprint, à Iffendic ? Le tribunal de commerce de Lyon étudiera la question le 2 avril prochain. Il aura le choix entre deux offres. Une de la société Diamen France Imprimeries, qui propose de remettre les machines en route et de relancer l'activité existante. L'autre de la SAS Demeuré, entreprise voisine d'Hebdoprint, dont elle voudrait utiliser les terrains pour créer tout autre chose.L'offre de SAS Demeuré, grosse société de négoce agricole, transport, fioul, jardinerie et quincaillerie, est une surprise. Christophe Martins, maire d'Iffendic et conseiller général (PRG), n'en a pris connaissance qu'hier : « Je n'étais pas au courant et ça ne m'arrange pas du tout. Je me suis battu pendant plusieurs mois pour trouver un repreneur, mobiliser les élus, les salariés, monter un dossier... Si j'avais su, je ne l'aurais pas fait ! »
20 créations d'emplois promises
Le maire espérait que l'imprimerie de la commune, filiale de la Comareg, société éditrice du journal d'annonces gratuites Paru Vendu, survive à la liquidation du groupe, prononcée en novembre dernier. Ce fut le plus gros plan social de France en 2011, avec plus de 1 600 licenciements au niveau national. Dont 60 à Iffendic.
En décembre, « sollicité par un ami », Armel Dubourg, président de Diamen France Imprimeries, propriétaire de plusieurs imprimeries dans l'Ouest, s'est intéressé à l'affaire. Après trois mois d'études conduites en étroite collaboration avec les élus locaux, il propose 25 000 € pour racheter les actifs d'Hebdoprint. En complément, Monfort Communauté offre de devenir propriétaire des terrains et bâtiments à hauteur de 200 000 €.
190 000 € de différence
« Le fonds de revitalisation des entreprises est prêt à participer, de même que le conseil général et le conseil régional, complète Armel Dubourg. Toutes les conditions sont réunies pour relancer l'activité, avec 11 créations d'emplois au démarrage, plus quatre au bout de quatre mois et cinq autres dans les deux ans qui suivent. »
Le projet Diamen promet donc 20 créations d'emplois en deux ans, dans les métiers de l'imprimerie, ce qui devrait permettre à une partie des 60 salariés d'Hebdoprint d'Iffendic de retrouver du travail. Mais ce projet, qui a le soutien des élus, ne permettra à l'État de ne récupérer que 225 000 € pour régler les dettes de la Comareg. La SAS Demeuré, elle, propose de créer cinq emplois en cinq ans sur le site, en y développant une nouvelle activité de logistique. Et offre 415 000 € pour reprendre les bâtiments et les terrains. Soit 190 000 € de plus que la proposition de Diamen.
Cette différence a convaincu le mandataire judiciaire désigné pour liquider Hebdoprint de recommander au tribunal de commerce de Lyon de préférer l'offre de la SAS Demeuré à celle de Diamen. Au grand dam de Christophe Martins et d'Armel Dubourg. Ni l'un ni l'autre n'ont de griefs contre l'entreprise Demeuré, dont ils comprennent et respectent la démarche. Mais tous deux disent ne pas comprendre le choix du mandataire, « qui privilégie une rentrée d'argent à la poursuite de l'activité et à la sauvegarde de l'emploi ».
« Les machines seront perdues »
« Je suis très déçu, mais je me battrai jusqu'au bout, insiste Armel Dubourg. Même si je sais que le tribunal suit la recommandation du mandataire dans 98 % des cas, je continue ! »
Christophe Martins connaît lui aussi cette statistique. « Je voudrais vraiment que l'imprimerie, qui fait partie de notre histoire, continue, conclut-il, dépité. Là, les machines seront perdues et les créations d'emplois pas du tout à la hauteur de ce que nous attendions. Je vais voir ce qu'on peut faire : surenchérir, préempter, discuter... Si tout cela tenait à une simple question d'argent, il aurait mieux valu nous le dire dès le départ. »
Stéphane VERNAY.  Ouest-France  

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