La liquidation de la Comareg empoisonne le Groupe Hersant Média - Une affaire Hersant est en train de naître
lundi 28 novembre 2011
Détenu par les héritiers
de feu papivore Robert Hersant, le Groupe Hersant Média traverse une passe
difficile. Son ancienne vache à lait, la Comareg, a été liquidée, laissant 1.650
salariés au chômage.
La liquidation de la
Comareg, filiale de presse d’annonces gratuites du Groupe Hersant Média (27
quotidiens régionaux), qui signe le plus important plan social de l’année en
France avec 1.650 salariés licenciés, n’a pas fini de faire parler
d’elle.
Et si après « l’affaire
Tapie », la France était frappée par « l’affaire Hersant », va même jusqu’à
lancer un banquier ? La question peut surprendre mais de plus en plus de voix
s’élèvent contre le rôle du groupe Hersant dans cette liquidation. D’autant que
la facture de la liquidation de l’éditeur du journal gratuit de petites annonces
« ParuVendu » pourrait être élevée.
« Le
cumul, entre les plans sociaux et la liquidation, la Comareg et son imprimerie
Hebdoprint, qui employaient il y a encore trois ans 3.200 salariés, coûtera plus
de 100 millions d’euros répartis entre l’État et les entreprises via les
AGS », calcule un ancien cadre
du groupe.
FINANCEMENT DES MESURES
Les politiques s’en mêlent
également. Le président socialiste de la région Champagne-Ardenne, Jean-Paul
Bachy, a interpellé le 21 novembre par courrier le ministre du Travail et de
l’Emploi, Xavier Bertrand, pour avoir des précisions sur l’engagement de l’État
vis-à-vis des salariés concernés.
Même requête de Catherine
Vautrin, député UMP de la Marne, qui a demandé vivement au ministre lors d’une
séance à l’Assemblée : « Quelles mesures seront prises pour accompagner au mieux
les salariés, et qui assumera le financement de ces mesures ? ».
Sur le financement,
« c’est l’État qui va financer », a assuré Xavier Bertrand. « Scandaleux »,
dénonce un cadre de la Comareg. « La famille Hersant a touché de la vente du « Figaro » à Dassault
en 2002, plus de 1,3 milliard d’euros. Tous les héritiers Hersant, Philippe en
tête, qui n’est autre que le PDG de GHM et vit en Suisse, sont des exilés
fiscaux, et ils n’ont donc pas payé d’impôt sur cette vente. Aujourd’hui, c’est
le contribuable français qui va payer un plan social estimé à des millions
d’euros."
Des accusations qui font
bondir l’entourage de Philippe Hersant, PDG et premier actionnaire de GHM. « On
n’avait pas d’autre choix », s’insurge un proche. Quant aux charges selon
lesquelles GHM se serait payé sur la bête, « depuis 2003, nous avons versé 53
millions d’euros à la Comareg dont 30 millions pour la seule année 2011 »,
répond-il. Mais surtout, « contrairement à ce que certains politiques affirment,
Hersant Média n’a jamais reçu un centime d’euro de dividende de la Comareg »,
s’emporte-t-il.
Reste qu’aujourd’hui, la
Comareg n’est plus et Hersant est montré du doigt comme celui qui fait payer ses
erreurs à l’État. GHM estime avoir tout fait pour sauver sa filiale de presse
gratuite et que, n’étant pas le seul responsable de la chute de la Comareg, les
banques comme l’État doivent participer à l’effort. « Quand la Comareg a été
rachetée en 2003 à Vivendi pour 120 millions d’euros, il y avait une dette de 70
millions d’euros qui a été par la suite fondue dans les 215 millions de dette de
GHM », explique le groupe.
L’éditeur de
« ParuVendu », numéro un avec 19 millions d’exemplaires distribués par semaine,
était alors la machine à cash du groupe. Mais la concurrence du Web et la
migration des petites annonces sur la Toile stoppent cette belle machine. La
Comareg connaît, à partir de 2008, une lente descente aux enfers. Et surtout,
que « les banques prennent une partie de la paume, à hauteur de 70 millions
d’euros, n’a rien de choquant », insiste un proche de Philippe
Hersant.
Pour l’heure, GHM a
d’autres préoccupations. Il tente depuis plus d’un mois de trouver un accord
avec les 17 banques à qui il doit plus de 200 millions d’euros. Conditions sine
qua non pour rapprocher GHM avec le belge Rossel et donner naissance au
troisième groupe de presse régionale en France.
Une nouvelle réunion est
prévue ce lundi avec les banques.
Par Sandrine Bajos,
La Tribune