Comment va la presse
gratuite ?
Pas si bien, selon le centre d'études Xerfi, qui prédit la
disparition dans les prochaines années de la presse gratuite d'annonces
(PGA). La presse gratuite d'information (PGI), dont le quotidien 20
Minutes est le porte-étendard, se porte un peu mieux mais va devoir
investir, notamment dans le numérique, pour survivre.
Ce n'est pas la presse gratuite qui signera
l'arrêt de mort des médias "traditionnels", c'est-à-dire payant.
Contrairement aux craintes nées lors de son apparition, la presse
gratuite, qu'elle soit d'annonces ou d'information, n'a pas réussi à
chambouler l'ordre établi et son avenir ne se présente pas sous les
meilleurs auspices. Les experts du centre d'études Xerfi, dans leur
étude intitulée "La presse gratuite à l'horizon 2015", prédisent même de
grosses difficultés dans les prochaines années. Selon eux, la presse
gratuite d'annonce file tout droit vers une mort certaine "dans les dix
prochaines années".
Le chiffre d'affaires de la presse gratuite d'annonces en recul de 52% depuis 2007
Si les modèles économiques des journaux de presse gratuite d'annonce
et d'information sont très proches - ils sont tous deux basés uniquement
sur les revenus liés à la publicité -, leurs résultats en matière de
rentrées d'argent diffèrent considérablement. Du côté de la presse
d'annonce, les choses vont de mal en pis. Le chiffre d'affaires du
secteur, qui a chuté de 52% depuis 2007, devrait encore être divisé par
plus de deux en 2012, selon les prévisions du groupe Xerfi. Ce type de
presse subit de plein fouet la concurrence des supports numériques, les
petites annonces basculant massivement sur la Toile. Par ailleurs, la
liquidation judiciaire de la Comareg, société éditrice de "Paru Vendu",
pèse lourdement dans le bilan de la presse gratuite d'annonces. Alors
que le secteur de la presse d'annonce rapportait encore plus de 510
millions d'euros en 2010, ils ne devraient plus générer qu'un chiffre
d'affaires de quelque 70 millions d'euros en 2015.
La presse gratuite d'information résiste...
Pour la presse gratuite d'information en revanche, le tableau n'est
pas si noir. Bien que la conjoncture ne soit pas favorable à la presse,
le chiffre d'affaires du secteur des journaux d'information gratuits n'a
cessé de progresser depuis son apparition, exception faite de l'année
2009. L'effondrement du marché publicitaire en 2009, qui avait durement
frappé la plupart des entreprises de presse écrite avec un recul de 9,2%
en presse professionnelle et 7,1% en presse nationale, a relativement
épargné la presse gratuite d'information qui n'avait subi une baisse que
de 3,5% de ses revenus publicitaires. En 2010, le chiffre d'affaires de
la presse gratuite d'information s'élevait à un peu plus de 320
millions d'euros, selon les données provisoires de la DGMIC (Direction
générale des médias et des industries culturelles).
... mais peine à être rentable
Ce faible recul avait alors attiré les annonceurs. Aujourd'hui,
certains journaux gratuits comme "20 minutes" et "Direct matin" tirent a
plus d'un million d'exemplaires. La direction de "Métro" a quant à elle
préféré s'étendre de manière géographique sans pour autant augmenter
son tirage. Mais après des années de pertes, le modèle paraît encore
bien fragile. Il n'existe pour l'instant qu'un seul quotidien
d'information gratuit rentable en France : "20 Minutes". "Direct matin"
vise la rentabilité pour 2013 et "Métro" compte sur son rachat par TF1 et donc les synérgies avec la régie publicitaire et la rédaction de la chaîne de télévision pour atteindre l'équilibre.
Des investissements indispensables
Pour poursuivre sur la voie de la rentabilité, la presse gratuite
d'information n'a pas d'autre choix que de nouveaux investissements et
levées de fonds. Le numérique s'impose comme un enjeu majeur des années à
venir, notamment car le mode de consommation des médias tend à évoluer
(mobiles, tablettes, applications smartphones...). "Si tel n'est pas le
cas, un arrêt de la parution de "Metro" ou de "Direct Matin" n'est pas à
exclure", selon Xerfi. Les voilà prévenus.