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Sur le bureau de Paul Dini, le dernier numéro de Paru Vendu Photo © Jean-Luc Mège
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Propos recueillis par Marc Polisson
Instants rares dans l'intimité de Paul Dini qui nous a ouvert les portes
de sa propriété nichée sur les hauteurs du Beaujolais. Entrepreneur
dans l'âme et dans les tripes, il s'exprime pour la première fois sur la
faillite de Paru Vendu, leader de la presse gratuite d'annonces, issu
de la société Comareg qu'il a créée en 1968 puis revendue vingt ans plus
tard. Entretien intégral.
Quel est votre sentiment à l'heure où Comareg vient de fermer ses portes définitivement ?
Un sentiment de grande tristesse, c'est tout ce que je peux dire. Ayant
quitté la société il y a 24 ans, je n'ai pas de commentaires techniques à
faire mais forcément, étant attaché à ce que j'ai fondé en 1968, j'ai
un sentiment de tristesse comme si c'était un parent qui disparaissait.
Cette triste fin était-elle inéluctable ?
Cela fait partie des réponses techniques que je ne veux pas faire !
Etant maintenant retraité, je me sens un peu déconnecté de tout ça. Je
n'ose pas me prononcer sur le fait que c'est inéluctable ou pas. J'avoue
ici mon manque non pas de compétence mais de feeling, dirais-je !
Avez-vous pressenti que Comareg allait dans le mur ?
De façon générale, de nos jours les choses sont fragiles, on le sait
bien. Tout s'est accéléré avec les techniques nouvelles, la
mondialisation. On a toujours l'espoir que les choses durent donc il
serait tout à fait faux de ma part de dire « j'aurais pu penser que... »
Je dirais que j'ai moi-même, du temps ou j'étais en charge de Comareg,
eu des hauts et des bas et on a toujours l'impression que quand il y a
des bas, des hauts suivront, donc on peut toujours penser que les choses
s'arrangeront.
Suivez-vous les nouvelles technologies comme l'Internet ? Fait-il partie de votre vie ?
Oui, sans que j'en sois addict, ça fait partie de mon environnement, de
mon quotidien. Je ne suis pas forcément très adroit en la matière mais
quand je recherche un mot, je vais autant sur internet que dans un
dictionnaire. Mais je suis quand même très papier !
Ce fameux virage de l'Internet raté par Comareg, l'aviez-vous vu venir ?
Je me souviens très bien qu'il y a à peu près une quinzaine d'années,
quand la question m'était posée, j'étais tellement papier que je disais :
« rien ne remplacera le papier ». J'ai l'honnêteté de vous dire que je
n'ai pas eu à ce moment-là, il y a une quinzaine d'années, un flash
immédiat pour tout cela. Forcément, je m'y suis fait ensuite. De même
qu'alors que tel ou tel groupe a évolué, il semble que Comareg ne l'ait
pas fait à temps, c'est tout ce que je puis dire.
Comment auriez-vous réagi si vous aviez été encore à la tête de l'entreprise ?
Il y a un ancien président du conseil de la IVème République, Edgar
Faure, brillantissime, qui disait : « Je ne réponds jamais aux questions
qui ne se posent pas. »
En apprenant son placement en redressement judiciaire, n'avez-vous pas eu l'envie folle de voler à son secours ?
Non. Ma page était tournée depuis plus de 20 ans. Je ne pense pas que j'étais la solution la mieux adaptée.
Vous n'avez donc pas répondu à l'annonce : « Groupe de presse recherche sauveteur. Expérimenté et aisé ».
Non, je crois que ça aurait été la plus mauvaise solution ou la moins bonne.
Ces journaux avaient une identité locale très forte, du fait qu'ils
étaient ancrés dans leur territoire en portant le numéro de leur
département. Est-ce que ça n'a pas déjà été une première erreur de les
débaptiser et de leur donner le titre Paru Vendu ?
Je ne sais pas ce qui a motivé les dirigeants de l'époque, sans doute
ont-ils voulu donner une couverture nationale à ce qui pouvait sembler
disparate. Il est vrai que c'est une approche qui n'aurait pas été la
mienne car j'ai toujours été partisan de cette formule : « Un tout est
riche de la totalité de ses parties ». C'est vrai pour la peinture
aussi.
Comment vous est venue l'idée de lancer Le 38, un journal de petites
annonces en 1968 ? Et comment avez-vous pu dupliquer le modèle ?
Dans l'ordre des choses, il y a eu de ma part dans ces années-là (disons
en 1967-68), l'idée de créer une entreprise. Cela a été ma première
étape. J'ai eu envie d'être moi-même, dirais-je. A ce moment là, j'avais
29 ans et ça m'a démangé d'essayer de voir ce que je pouvais faire par
moi-même.
Entre HEC et la création de Comareg, que faites-vous pendant cette dizaine d'années ?
Il y a eu deux ans d'armée en Algérie au cours de laquelle j'ai été
pendant 6 mois en charge des journaux pour l'école militaire. De petites
choses m'ont marqué : l'imprimerie, les mises en page... Ensuite, j'ai
été 5 ans dans la société des pétroles BP, dans le domaine marketing et
commercial. Entreprise que j'ai beaucoup appréciée d'ailleurs. Ensuite,
j'ai été intéressé par ce que le Général de Gaulle appelait : le plan
calcul à l'époque. Une société avait été créée pour ça qui s'appelait
C2I (Compagnie Internationale pour l'informatique) ou cela m'a plu de
rentrer mais c'était un milieu d'ingénieurs où je ne me suis finalement
pas senti très à l'aise. Et, petit à petit, a émergé l'idée de me
prouver à moi-même que peut être je pouvais faire quelque chose. Je dois
dire que les événements de 68 m'ont un peu poussé.
Dans quel sens ?
Dans le sens où tout a été remis en question à ce moment-là et,
dirais-je, entre l'hypothèse de m'ennuyer ou de protester dans cette
entreprise en devenant syndicaliste par exemple. Finalement non, j'ai
préféré devenir patron.
Comment l'idée de créer un journal de petites annonces, qui à l'origine était une feuille A4 recto-verso vous est-elle venue ?
Un, vouloir monter quelque chose. Mais plus facile à dire qu'à faire. Il
est certain que j'avais un goût prononcé pour le papier. Même à HEC
j'étais responsable des journaux de l'école donc assez naturellement mes
reflexes étaient tournés vers le papier. Dans les années 68, on voyait
déjà émerger quelques feuilles distribuées en boîte aux lettres.
(J'étais en région parisienne à ce moment-là). Et c'est là qu'il y a eu
le « tilt ». Je me suis dit qu'il y avait quelque chose de plus
industriel, de plus pensé à faire dans le domaine du journal d'annonces
d'où cette idée d'illustrer par une opération papier mon envie
d'entreprendre.
Pourquoi Grenoble pour démarrer ?
Parce que je suis Stéphanois d'origine et donc du coup, bien qu'habitant
dans la région parisienne, je suis allé voir dans ma région de base,
Rhône-Alpes. Grenoble, l'année des Jeux Olympiques, allait de l'avant.
J'y suis allé en septembre-octobre 68 et finalement j'ai décidé de
plonger. Le premier 38 a dû sortir fin novembre 68.
A son apogée, votre groupe compte 140 publications en France. Comment avez-vous vécu ce succès ?
La première partie a été un développement naturel, de lancement en
Rhône-Alpes. Il y a eu une petite pause pendant que j'étais à la tête du
groupe Dauphiné Libéré et puis dès 1983, les décisions judiciaires ont
fait que je suis sorti du dossier. C'est alors que j'ai repris le
développement de Comareg dans la presse gratuite par voix d'acquisition
d'un certain nombre de confrères hors Rhône-Alpes. Je vivais ça comme
une sorte d'élan naturel. C'était un développement qui me semblait
naturel d'opérer. J'essayais que ce soit aussi raisonnable que possible
sur le plan financier. Mais il y avait une envie d'aller de l'avant et
de continuer à créer. Il n'y a pas de doute que c'est un point qui m'a
marqué toute ma vie.
Comment arrivez-vous au Dauphiné Libéré et comment les salariés vous ont-ils accueilli ?
La Genèse est assez simple. En fait les difficultés que rencontraient
l'ex groupe de Presse Progrès - Dauphiné Libéré avaient amené le
Dauphiné Libéré à ouvrir son capital et il s'est avéré que mon
intervention est apparue comme assez naturelle. En ce qui concerne
l'accueil, c'était évidemment un peu troublant à l'époque qu'un homme de
presse gratuite vienne à la rescousse d'un journal régional. Mais bon,
mes rapports avec ce monde de la presse étant bons, je crois que, passé
l'espace d'un moment, les choses ont été acceptées. Quant au personnel,
on avait déjà de grandes proximités à Grenoble et dans la région. Je
n'ai que de très bons souvenirs de l'accueil que j'ai reçu.
Pourquoi n'avoir pas persévéré ?
Au moment où la solution Dini a été proposée, le groupe Hersant Fournier
était déjà en place. Il s'en est suivi une série de conflits
judiciaires que finalement je n'ai pas gagnés. C'est à la suite des
résultats d'un procès en appel en faveur du groupe Hersant Fournier que
j'ai dû renoncer à ce dossier. Et je n'ai pas souhaité y rester. J'ai
retrouvé la Comareg et son développement.
20 ans après sa création, vous cédez Comareg au groupe Havas. Vous
êtes tout juste quinqua et riche... A quoi avez-vous songé à ce
moment-là ? Quel était votre état d'esprit ? Vouliez-vous passer à autre
chose ?
Oui, je crois que je peux répondre assez clairement. Dans ces années
86-87, j'avais le sentiment d'avoir atteint certaines limites. Limites
financières, capacité de travail etc... J'avais un ressenti de choses
qui étaient accomplies et de limites atteintes. Mes rapports très
anciens avec le groupe Havas avec lequel j'avais entretenu des liens
plus que cordiaux m'ont fait choisir ce successeur. Il y a eu une sorte
de rencontre que je peux qualifier de naturelle suite au sentiment que
j'avais moi-même de vouloir passer la main calmement. Ce qui s'est fait
sur trois quatre ans d'ailleurs.
Est-ce à partir de ce moment là que vous vous lancez dans la peinture ?
On ne quitte pas comme ça le monde des affaires, je suis quand même
resté présent mais en tant que partenaire financier dans un certain
nombre de dossiers. Notamment avec les éditions Milan à Toulouse.
J'étais donc toujours présent dans la presse. En l'occurrence une presse
spécialisée pour les enfants et les jeunes qui m'intéressait et où je
suis resté une quinzaine d'années ensuite. Je n'ai plus voulu être
manager au sens commandement du quotidien. J'ai voulu être un
accompagnateur financier mais quand même animateur au niveau de ma
société holding, prenant en compte les risques de cet accompagnement. Un
autre point lié à ma personnalité, une philosophie, qui m'a beaucoup
motivé en 68 pour créer une entreprise comme Comareg, c'est l'idée de se
réaliser en réalisant. Pour moi, c'est important. Comment me réaliser
en réalisant ? Je pense que c'est toujours ce que j'ai fait dans la vie
et dont ce que j'ai souhaité faire en termes de peinture.
Comment glissez-vous ensuite dans le monde de la peinture ?
L'histoire est simple, mes parents étaient enseignants et mon père
dirigeait une école normale d'instituteur qui formait les élèves maîtres
parmi lesquels il y avait des professeurs de dessin. Très jeune, j'ai
eu des rapports avec ce monde là. Ce n'était pas absent de mon
environnement. Très modestement, mes parents pouvaient acheter deux,
trois dessins. Il n'est pas douteux ensuite que c'est ma proximité avec
le monde du graphisme tant dans la presse gratuite que d'information qui
m'a fait me rapprocher des artistes. De même qu'à Lyon, par le passé,
beaucoup d'artistes ont travaillé pour La Fabrique, le velours et la
soie. J'avais été amené à m'intéresser à ces créateurs hors travail,
dirais-je. Et donc du coup à acquérir mais sans aucune idée rationnelle
de collection. Et puis m'installant à Lyon pour le développement de
Comareg, j'ai assez vite, en découvrant la ville, repéré les galeries,
les peintures, et je suis entré dans cet autre forme de la peinture où
Lyon m'a effectivement beaucoup marqué où j'ai découvert l'Ecole
Lyonnaise de Peinture. J'ai fait mon premier véritable achat dans les
années 70-71. Notons bien que tous ces achats étaient des actions
désordonnées, la notion de collection est intervenue plus tard.
A quelle époque démarre votre collection ?
Il y a une relation avec le fait qu'ayant plus de moyens financiers,
dans les années 89-90, j'ai sûrement accéléré mes achats d'artistes
rhônalpins et de ce fait j'écoutais bien les commentateurs qui disaient
autour de moi : « Ah vous avez une belle collection ! ». Ce sont eux qui
citaient le terme. Par la vision des autres, j'ai pris conscience
qu'une collection s'était constituée. Ce dont je n'avais pas forcément
eu la volonté.
Comment procédez-vous à vos acquisitions ? En galerie, chez les artistes eux-mêmes ou en salle des ventes ?
J'achète très majoritairement chez les galeristes et les marchands de
tableaux. Ils sont de très bons passeurs et pédagogues. Une manière pour
moi de garder une forme de distance et de faire des achats sereins.
J'aime mieux prendre mon temps.
Qui vous a aidé à constituer votre collection ?
A Lyon, Paul Gauzit, Olivier Houg, Madame Martin du temps de la galerie
Malaval, Denise Mermillon du temps de la Galerie Saint-Georges J'avais
des contacts lorsqu'il était galeriste à Grenoble avec Antoine de
Galbert qui, entre-temps, a créé la Maison Rouge à Paris. Et puis aussi
deux, trois galeries parisiennes.
Vous concrétisez votre passion en ouvrant le Musée Paul Dini...
J'avais pris conscience qu'il y avait une collection dans les années
90-92 et de ce fait a commencé à germer chez ma femme et moi l'idée que
ce serait dommage que ça se perde, d'où l'idée d'envisager une donation
vis-à-vis d'une collectivité publique qui s'est précisée vers 1994-95.
Forcément, j'avais une idée de la région. Je suis très sensible à cette
idée de la région au sens multi local du terme sur lequel ma vie dans la
presse avait joué un rôle : Le 38, Le 42, Le 73... Les éditions locales
du Dauphiné Libéré, tout ça c'est le même concept. Et avec les
créateurs artistiques, les artistes locaux, multi locaux, dans mon
esprit ça procède de la même idée. Il y a une peinture Rhône-Alpes car
il y a des artistes multi locaux.
Pourquoi avoir choisi Villefranche-sur-Saône ?
J'avais en tête les différentes villes de notre région. Les trois plus
grandes : Grenoble Lyon et Saint-Etienne, mais déjà équipées de grandes
institutions. Les autres, Valence, Chambéry ou Annecy avaient déjà des
musées marqués par leur histoire. Je me suis rendu compte que le secteur
de Villefranche n'avait rien et en 1996 j'ai rencontré Jean-Jacques
Pignard qui était maire de la ville à ce moment là. Et ça a été ma
première proposition : la ville de Villefranche veut-elle recevoir une
donation qui, à l'époque, était de 420 tableaux ? D'autres donations ont
suivi, et au total, au moment où nous parlons en 2011 nous avons donné
700 tableaux à la ville de Villefranche sur Saône. Le thème était très
précis : donation de peintures d'artistes de notre région sur une
période de 150 ans depuis 1865. Le sujet était bien défini. Et après
quelques semaines de réflexion, la ville a donné son feu vert pour que
nous allions de l'avant et la donation a été acceptée en novembre 1999.
En 2001, c'est l'ouverture du musée. Quel est votre sentiment au moment où vous découvrez l'écrin terminé ?
Villefranche sur Saône a reconfiguré un bâtiment emblématique qui était
un musée qui ne fonctionnait pas, suivi, en 2005, d'un second, une
ancienne usine Cornil. Grâce à l'architecte Jean-Claude Rérolle qui a
fait un excellent travail de rénovation. La ville a organisé un bel
écrin pour les œuvres que je donnais donc j'ai eu un sentiment
d'accomplissement, de fierté et aussi parce que le musée porte mon nom.
C'était une manière de signature, finalement en tant qu'entrepreneur
j'ai toujours assumé ce que j'ai fait dans la vie. Il a toujours fallu
le signer. En plus de l'idée de donation, ce musée est une idée
d'entreprendre ! Je souhaitais une opération de donation-création. Pour
montrer qu'il y avait un plus qui émergeait du néant, dirais-je.
Et c'est une entreprise qui marche...
Cela fait 10 ans maintenant avec des expositions temporaires et
renouvelées. La fréquentation est bonne, c'est un musée assez récent
tout de même. 25 000 personnes par an, je crois que ça fonctionne bien
et que ça rend service non seulement aux amateurs mais aux musées de la
région qui, par les prêts qu'ils nous font, sont amenés à ressortir de
leurs réserves des œuvres qu'ils n'auraient pas l'occasion de montrer.
Et comme les sujets qui ont été mis en œuvre par la conservatrice Sylvie
Carlier, la coopération avec les musées confrères s'est avérée très
naturelle et fructueuse.
Quels sont les projets en cours et à venir pour le Musée ?
Je crois que notre récente donation d'il y a deux ans de 200 œuvres
supplémentaires qui ont mené aux 700 fait qu'aujourd'hui ce musée d'une
ville de taille moyenne possède à peu près 850 pièces tout confondu. Il y
a eu d'autres donations après nous. Il paraît sage à tout le monde que
tout cela soit « digéré ». Tout ne peut pas être présenté en même temps.
C'est plutôt maintenant une période de « digestion » et de
stabilisation. De plus, des expositions temporaires contribuent à
l'animation du musée.
Quel est le rapport affectif que vous entretenez avec vos œuvres ? Et
comment arrivez-vous à choisir les peintures que vous donnez au musée
et celles que vous gardez ?
Le rapport affectif est très grand. J'éprouve un attachement à toutes
ces œuvres. Je suis presque en mesure de dire pourquoi j'ai acheté ceci,
cela. Il y a eu une sorte de coup de cœur majoritaire, j'ai peut être
aussi voulu compléter quand la collection était finie mais je n'ai rien
acheté à contrecœur. Il y a une fidélité aux œuvres et ma proximité avec
le musée me permet de continuer à les voir souvent mieux accrochées que
chez moi. Et le fait qu'elles soient sorties de mon patrimoine, ne m'a
pas posé de problème. Je suis heureux de ce partage avec la
collectivité. Il y a un attachement affectif, c'est un peu comme des
enfants qui prennent leur indépendance, comme quand j'ai cédé la Comareg
et qu'elle a pris une autre forme de vie. Pour mes œuvres, c'est
pareil. Elles prennent une autre forme de vie, sous la houlette d'une
conservatrice qui est elle-même collaboratrice de la ville de
Villefranche sur Saône. C'est un musée municipal, pas une fondation.
Alors que vous vous faites très discret, c'est au tour de votre
épouse Muguette, sénatrice, d'être sur le devant de la scène. Elle vous
ravit la vedette ?
Ecoutez, je crois pouvoir dire que n'ayant jamais forcé ma nature, je me
plais dans cette forme de discrétion. Non pas que j'ai des choses à
cacher, j'ai toujours assumé ce que j'ai fait. Et avec un nom qui est
donné à un musée, on ne peut pas parler de discrétion. Mais il est vrai
que je me sens très mal dans des mondanités ! Et j'ai un âge qui me
permet d'éviter les situations qui ne me plaisent pas. Mon épouse
Muguette a toujours eu une vie politique très ancrée sur le terrain, à
Ecully comme conseillère municipale, au conseil général pour le canton
de Limonest et puis au Sénat depuis 2004. C'est une manière de défendre
la vie multi locale, c'est un peu le même sujet. Je suis ravie que mon
épouse ait un épanouissement personnel. Cela a toujours été mon souhait.
C'est vrai pour mes filles, mes entreprises, mes tableaux.
Ca ne dérange pas votre égo d'être désormais présenté comme le mari de Muguette ?
Pas du tout, car pendant un certain temps, elle a été présentée comme la
femme de Paul et la conclusion de tout ça c'est que depuis 55 ans nous
formons un couple. Et un couple est fait pour s'auto épauler. D'ailleurs
en physique et mécanique, c'est les couples qui font tourner les
moteurs !