Chute de la maison Hersant :
et maintenant les Antilles !
La
chute de la maison Hersant se poursuit, cette fois outre-mer, au cœur
de ce qui fut la naissance du groupe « France Antilles »
(devenu ensuite GHM). Le 30 septembre, le quotidien « France
Antilles Martinique » a été placé en redressement judiciaire
par le tribunal de commerce de Fort-de-France, suite à sa cessation
de paiement la semaine précédente. Cette mesure, qui concerne aussi
la Guyane, se traduit par la nomination d’un administrateur
judiciaire et une période d’observation de six mois. Pour les
salariés, c’est la crainte d’un plan social qui pourrait
concerner entre 30 et 50 personnes, sur les 200 que compte
l’entreprise.
Quand
on sait que les Antilles ont longtemps représenté une rente sans
souci pour les héritiers du papivore Robert Hersant, on mesure à
quel point la bonne gestion était à l’ordre du jour. Là-bas
comme ailleurs. Car cette énième mauvaise nouvelle dans le paysage
de la presse est un épisode scandaleux de plus dans la déconfiture
de Groupe Hersant Médias (GHM). Le petit empire qui a compté
jusqu’à 27 titres, en métropole comme outre-mer, avec
télévisions, radios et presse écrite, finit là de se désagréger.
Tandis
que Philippe Hersant continue de prospérer avec son petit groupe de
presse en Suisse, protégé par son statut d’exilé fiscal, il a
complètement abandonné un navire amiral en train de couler. Depuis
la liquidation de la Comareg en 2011 (3000 licenciements au total) à
la mise en redressement judiciaire de deux pôles (« Paris
Normandie » en 2012, « Nice-Matin » actuellement),
en passant par la vente d’actifs (dont « Le Journal de
l’Ile » à La Réunion, « Les Nouvelles
Calédoniennes », « L’Union de Reims »,
« L’Est-Eclair », « L’Aisne Nouvelle »)
et la cession des « Nouvelles de Tahiti » tellement bien
préparée qu’elle a abouti à sa fermeture en mai dernier, la
catastrophe est permanente depuis trois ans. Et que dire du
rapprochement avorté avec Rossel dans le sud ou le mariage éphémère
entre GHM et Bernard Tapie qui s’est achevé par un rapide divorce,
l’ancien patron de l’OM récupérant la totalité de « La
Provence ».
Quand
les pouvoirs publics, garants des aides à la presse, vont-ils se
décider à bouger ? Quand aboutira l’enquête sur la
présomption d’abus de biens sociaux ouverte sur les flux
financiers entre le groupe de presse, au bord de la liquidation fin
2012 et le golf familial de Nantilly (Eure-et-Loir) ? Est-ce
pour organiser son insolvabilité par rapport au risque Comareg (356
anciens salariés ont attaqué GHM devant le conseil de prud’hommes
de Lyon, contestant la validité de leur licenciement et réclamant
des dommages-intérêts : la décision suite à l’audience de
septembre est attendue le 17 février 2015) que la famille Hersant
liquide ainsi ses actifs, laissant les salariés sur le carreau ou
dans l’incertitude d’une reprise plus ou moins socialement
désastreuse ? Il serait urgent que le gouvernement se saisisse
de cette interrogation. Et demande enfin des comptes.
Le
Syndicat national des journalistes (SNJ), première organisation de
la profession, apporte son soutien total aux salariés de « France
Antilles Martinique » et sera à leurs côtés, comme il l’a
été dans les autres titres de GHM, pour qu’ils ne deviennent pas
une simple variable d’ajustement dans un compte de résultat. Il en
va non seulement de la pérennité des emplois, d’une entreprise,
mais aussi du pluralisme de la presse, pilier de la démocratie.
mercredi
1er octobre 2014
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