mercredi 8 octobre 2014

Mercredi 08 Octobre 2014 - WebTimesMedias : Nice-Matin : et hop! Bernard Tapie revient avec la SCOP

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Nice-Matin : et hop!
Bernard Tapie revient avec la SCOP

 
©Droits Réservés

Coup de théâtre ce matin, juste avant le dépôt des offres définitives pour la reprise du groupe Nice-Matin : Bernard Tapie retire l'offre de La Provence et revient dans le projet de SCOP des salariés en apportant 8 M€, qui, du même coup, lui permettraient de mettre la main sur Corse-Matin. De quoi cependant redonner de l'air à la SCOP alors que trois autres offres restent également en lice dans cette dernière ligne droite : Rossel-Marzocco-Safa, Paris Normandie, Georges Ghosn.

Flamboyant spécialiste des coups de théâtre et des revirements de dernière minute! On le savait.Bernard Tapie l'a montré une nouvelle fois dans le dossier de reprise de Nice-Matin. Hier soir, un peu avant minuit, à quelques heures de la clôture des offres définitives pour la reprise de Nice Matin (il était fixé au 8 octobre à midi, mais a été prolongé jusqu'à mercredi minuit), l'homme d'affaires a une fois de plus bousculé le jeu. Il a créé la surprise en s'associant de nouveau au projet de SCOP des salariés. Mieux encore, il a retiré l'offre de reprise qu'il avait faite à travers le quotidien La Provence dont il est l'actionnaire principal et n'a gardé que cette entrée.
Du même coup, le projet de SCOP, qui semblait s'enliser dans la recherche de financements privés ou institutionnels, a repris de la crédibilité et vient se poser en challenger du favori, le trio "Rossel-Marzocco-Safa" réuni dans l'offre Nice-Matin-Avenir.

Pour s'y retrouver dans les différents épisodes Tapie

Pour ceux qui ne s'y retrouveraient plus dans ces méandres "tapisiennes", un rapide rappel des différents épisodes de ce dossier dans lesquels Bernard Tapie est apparu. L'entrée en scène d'abord. Là aussi elle s'est faite sur une volte-face. En décembre 2012, après avoir annoncé son retrait du dossier de reprise du Groupe Hersant Média, l'ancien président de l'OM engage in extremis un retour gagnant. Son offre à 50,5 M€, déposée avec la famille Hersant, est validée par les banques créancières qui abandonnent plus d'une centaine de millions d'euros de créances au passage. Bernard Tapie, qui lorgne Marseille, s'associe à 50/50 dans Nice-Matin,Var-Matin, Corse-Matin et La Provence.
Second épisode en juillet 2013 : le divorce. Les deux associés ne s'entendent pas. Pas du tout. Ils se séparent. Nice-Matin et Var-Matin reviennent dans le giron de Philippe Hersant, tandis que Bernard Tapie prend "La Provence", et que Corse-Matin reste en partage entre les deux (il l'est toujours). Troisième épisode : une entrée tardive, au sprint, dans la course à la reprise du groupe Nice-Matin. Après avoir clamé qu'il ne s'intéressait pas à Nice-Matin, que La Provence restait encore malade et que de mettre deux malades ensembles cela faisait un mort, il se positionne quand même sur le dossier. Et deux fois valent mieux qu'une : en s'associant avec le projet de SCOP des salariés auquel il apporte 8 M€ pour 35% du capital; en déposant un projet au titre de La Provence dont il est actionnaire majoritaire.
Quatrième épisode fin septembre : Bernard Tapie se retire du projet de SCOP, n'étant pas parvenu à un accord sur la mutualisation notamment de l'impression de Nice-Matin, dans un nouveau centre d'impression à trouver entre Nice et Marseille. L'homme d'affaires se maintient cependant à travers l'offre de reprise de La Provence.

8 M€ pour l'achat des 50% restants de Corse-Matin

Nouveau schéma donc depuis hier soir très tard : Bernard Tapie revient avec la SCOP et sa SCIC (Société Coopérative d'Intérêt Collectif). Il ne reparle plus de ce qui fâche. OK. Il est d'accord pour garder l'impression du journal sur les rotatives de Nice-Matin; les salariés sont en passe de gagner; leur projet préserve le maximum les emplois (170 suppressions de postes mais avec des départs volontaires). Le propriétaire de La Provence apporte 8 M€ comme dans le premier montage, mais en revanche il ne demande plus à entrer au capital. Il s’engage simplement "à soutenir à titre personnel le financement de l’offre de la SCIC à hauteur d’une somme de huit millions d’euros".
Un soutien qui n'est pas cependant désinteressé. Il devrait lui permettre plus particulièrement de récupérer Corse-Matin toujours détenu à 50/50 par La Provence et Nice-Matin. Dans un courrier officiel, Marie Tellechea, l'avocate de Bernard Tapie, précise que "la somme de 8 M€ sera affectée à l'achat de 50% des titres de participation de Corse-Presse et à l'achat de l'immobilier des bureaux représentant certaines agences et dont la valeur est estimée à une somme de l'ordre de 4 à 5 M€."

Le projet de SCOP boucle son financement

Les salariés, à l'heure de l'échéance, n'avaient il est vrai guère d'autres choix. Le projet de SCOP, qui patinait sur le financement, peut ainsi boucler son volet financier. Outre les 8 M€ mis sur la table par Bernard Tapie, il peut compter sur 3,5 M€ qu'apporteront différents organismes de SCOP, sur 2 M€ des salariés qui ont de plus renoncé à leur treizième mois, sur les 600.000 € de la souscription, tandis que la Région apporterait 2 M€ à titre d'avance remboursable plus 2 M€ débloqués par des organismes associés PAGEST-SOCODEN et SIFA. Un début de polémique d'ailleurs s'est fait jour, la Métropole Nice Côte d'Azur et le Conseil général des Alpes-Maritimes, ayant renoncé d'accorder le même soutien, invoquant le droit communautaire et des obstacles juridiques qui empêcheraient les aides de leurs collectivités respectives.
Conseiller régional, Front de gauche, Gérard Piel, dans une lettre ouverte à Christian Estrosi et Eric Ciotti, a aussi regretté que la Métropole et le Conseil général ne se soient pas associés à l'opération. "Personne ne comprendrait que ce qui est possible pour une collectivité ne peut l'être pour les autres", écrit-il. "Personne ne comprendrait que la moitié du chemin étant réalisé, la métropole et le Conseil général des Alpes-Maritimes renoncent à accompagner la solution la moins attentatoire aux emplois."

La démission d'Olivier Biscaye, directeur des rédactions du groupe

Autre événement de la journée : la démission du directeur des rédactions, Olivier Biscaye, l'homme de GHM. Agé de 37 ans, il a passé 15 ans dans le Groupe Hersant Média dont six à Nice, à la tête des rédactions du groupe de presse. Olivier Biscaye qui a annoncé ce matin sa démission, quittera effectivement ses fonctions dans les prochaines semaines. Vraisemblablement peu après que le repreneur aura été nommé. Rappelons que c'est normalement le 21 octobre que le Tribunal de Commerce doit rendre public son choix.
Quatre offres restent en piste avec un volet social lourd pour la plupart : Rossel-Marzocco-Safa avait programmé 428 départs sur 1.100 mais a fait savoir hier soir qu'il avait abaissé ce chiffre à 380; la SCOP (169 départs "volontaires" en partie compensés par 67 offres de reclassement de salariés après formation); Paris Normandie (370); Georges Ghosn (270 au début, mais une dernière offre qui programme 239 départs, tandis que la proposition financière a été doublée). Ce sont ces offres que le Tribunal de Commerce de Nice étudiera à partir de lundi 13 octobre à 14 heures pour rendre son verdict huit jours après.
Publié le 8 octobre, 2014 - 18:29 par Jean-Pierre Largillet

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