lundi 13 octobre 2014

Lundi 13 Octobre 2014 - LibérationECRANS : Les salariés de «Corse-Matin» vent debout contre Tapie

Les salariés de "Corse-Matin"
vent debout contre Tapie

PRESSE

Furieux d'avoir appris que leurs collègues de Nice-Matin voulaient les vendre à l'homme d'affaire, les salariés de «Corse-Matin» comptent faire entendre leur voix à l'audience qui se tient ce lundi pour la reprise du groupe.


Bernard Tapie face aux employés du groupe Nice-Matin à Bastia, le 13 mars 2013. (©Photo Pascal Pochard Casabianca. AFP)
C’est ce lundi que le tribunal de commerce de Nice se penche sur le sort du groupe Nice-Matin, placé en redressement judiciaire. Alors que la compétition entre les candidats s’est resserrée autour de deux offres, celle du Belge Rossel (la Voix du Nord) et celle des salariés, les salariés de Corse Presse, qui détient Corse-Matin dans le même groupe, se sont mis en colère. Ils ont appris mercredi dernier que les représentants du personnel de Nice-Matin s’étaient entendu «sur(leur) dos» avec Bernard Tapie. Il s’engage à leur racheter des actifs, dont les parts que le groupe Nice-Matin possède dans Corse Presse (50%). Cela les a effarés, et profondément ulcérés.
Le Syndicat des travailleurs corses (STC), majoritaire à Nice-Matin, s’est fendu d’un communiqué incendiaire jeudi (voir ci-dessous), puis il a travaillé tout le week-end pour allumer des contre-feux. Furieux de ne pas avoir reçu seulement un coup de fil de ses collègues syndicalistes niçois, le STC découvre son jeu, et révèle que seul le groupe Rossel s’est déplacé jusqu’en Corse pour présenter son offre de reprise, les autres se focalisant seulement sur Nice-Matin. Un journaliste de l’agence d’Ajaccio indique que l’offre de Rossel a fait bonne impression, parce qu’elle prévoit de lourds investissements. La contrepartie, un plan de licenciement assez lourd, ne concerne pas Corse-Matin, ça aide à se montrer séduit.

CHEVAL DE TROIE

Au sein de la coopérative des salariés de Nice-Matin, on défend l’idée de se séparer de Corse-Matin, même s’il s’agit du seul titre bénéficiaire dans la région. «Nous avons déjà un titre à relever, dit Yann Chapellon, pressenti pour diriger la coopérative. Ce n’est pas une bonne idée d’en développer un autre aussi éloigné physiquement. Par ailleurs, nous ne sommes pas certains d’avoir envie d’être associés de Bernard Tapie dans Corse-Matin.»
Le STC ne l’entend pas de cette oreille et pour lui le deal entre les salariés de Nice-Matin et Tapie est très douteux. Parce que «l’on n’a pas le droit de vendre des actifs que l’on ne possède pas encore». Et parce que «les règles du jeu ont changé de façon troublante en cours de route». Au départ, les offres n’étaient pas divisibles. Il fallait se placer pour la reprise de l’ensemble du groupe détenu par Hersant dans le quart Sud-Est de la France. Et puis, le 19 septembre, les administrateurs judiciaires ont alerté les candidats de ce que cela changeait. Les offres devenaient divisibles. Ce qui permettait à Tapie de se positionner seulement sur Nice-Matin, «grâce à son cheval de Troie, la coopérative des salariés de Nice-Matin», grince un journaliste corse.
Le STC, décidé à ne pas se laisser faire, a mandaté un avocat, Paul Sollacaro, figure plutôt accrocheuse du barreau de Nice, pour un dossier qui n’a peut-être pas encore livré toutes ses surprises. 
Communiqué du Syndicat des travailleurs corses

OLIVIER BERTRAND CORRESPONDANT À MARSEILLE  13 OCTOBRE 2014 À 08:26

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