Rideau tiré pour ParuVendu. DR/Matias Grenn |
En décembre, le rachat de l'Union de Reims par le groupe Rossel a apporté aux Hersant les liquidités nécessaires à cette recapitalisation. Or, le groupe Rossel était depuis des mois un des plus ardents candidats à la reprise des titres du pôle sud du Groupe Hersant. Pour quelle raison a-t-il fini par renoncer à déposer une nouvelle offre avant le 9 janvier alors qu'il avait bataillé pendant des mois pour être les premiers sur la ligne d'arrivée ?
Sous le régime du "off", un membre de l'équipe Rossel délivre quelques éléments sur leur sortie du jeu, fin décembre, écartant d'une main ferme l'argument de "l'offre moins disante" vendue par le PDG de GHM Dominique Bernard et l'avocat de Tapie, Maurice Lantourne. "Nous avons fait une dernière offre ferme et définitive avec la caution de la BNP pour un montant de 51 millions. La seule différence et que nous avions ajouté au contrat une clause Comareg".
Un risque à 200 millions d'euros
La Comareg est le nom d'une des sociétés du groupe GHM qui éditait les titres gratuits sous la marque Paru Vendu. Longtemps fleuron et vache à lait du groupe de presse, la Comareg avait fini par perdre beaucoup d'argent dans les années 2000, faute d'un investissement conséquent de la part du groupe Hersant. En 2011, ce long déclin s'était soldé par une liquidation de l'entreprise et le départ au chômage de 1650 employés avec le minimum légal en termes d'indemnités.C'est cette chausse-trappe que les juristes du groupe Rossel présentaient comme un écueil insurmontable. "Il y avait un risque de co-emploi évalué par nos avocats à 200 millions d'euros". Le co-emploi est une clause juridique qui fait frémir les directeurs de ressources humaines des grands groupes. En cas de liquidation d'une filiale, elle permet aux salariés licenciés de se retourner contre la société mère en qualité de co-employeur à partir du moment où ces derniers arrivent à prouver qu'il y a confusion "d'intérêts, d'activités et de direction" entre la maison mère et ladite filiale.
Or, pour le groupe Rossel, le risque de " coemploi" était bien réel entre la Comareg et sa société mère GHM. "Je ne sais pas comment les avocats de Tapie ont réussi à écarter ce risque mais nos propres juristes n'ont pas trouvé l'astuce", reprend notre source.
Recours aux prud'hommes
Du côté des anciens salariés de Paru Vendu, l'amertume est forte. Ancien salarié d'Hebdoprint, qui imprimait Paru Vendu, Jean-Paul Fabre fait partie du collectif Paru Chomdu qui réunit les anciens salariés des sociétés qui éditaient Paru Vendu partout en France. "Nous, les anciens d'Hebdoprint, pour parler concret, nous n'avons touché que ce que prévoit le code du travail. Des salariés qui avaient 20 à 25 ans de boîte sont partis avec quatre mois de salaires d'indemnités. C'est-à-dire un mois tous les cinq ans d'ancienneté. Le Plan social de juillet 2011 prévoyait une enveloppe de 6000 euros. Et ceux qui ont été licenciés en novembre 2011 ont touché en tout et pour tout trois mois de salaires".Une délégation des anciens salariés a rencontré en novembre un membre de cabinet de la ministre de la culture pour évoquer leur situation et la reprise du groupe Hersant. "Apparemment, ils étaient surtout préoccupés par le maillage de l'ensemble du territoire par la presse quotidienne régionale", regrette l'ancien salarié. Ils ont tout de même sollicité un nouvel avocat "pénaliste" pour étudier toute possibilité de nouveau recours. Selon la lettre A, un des anciens de la Comareg a entamé une procédure auprès des prud'hommes. Une petite porte s'ouvre.
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