Le groupe de presse Nice-Matin placé en redressement judiciaire
Publié le lundi 26 mai 2014 à 17h32
Les salariés de "Nice-Matin" manifestent le 21 novembre 2013 à Nice
contre un plan de licenciement Photo de Valery Hache - AFP/Archives © 2014 AFP |
Nice (AFP)
Le groupe de presse déficitaire
Nice-Matin a été placé lundi en redressement judiciaire par le
Tribunal de commerce de Nice afin d'être en mesure de payer les
salaires du mois de mai, tandis que l'actionnaire Groupe Hersant
Média (GHM) a finalement abandonné l'idée d'avancer encore deux
mois de trésorerie.
L'actionnaire Philippe Hersant, qui
souhaite se désengager, avait proposé vendredi à la dernière
minute de réinjecter deux mois de trésorerie supplémentaires, soit
environ deux millions d'euros selon les calculs des syndicats, pour
donner plus de temps à un tandem potentiel de repreneurs, le fonds
d'investissements suisse GXP Capital associé à l'ancien élu local
Jean Icart.
"L'ouverture immédiate de la
procédure s'est finalement avérée préférable à la solution
envisagée vendredi dernier d'une avance de trésorerie de
l'actionnaire", a indiqué lundi dans un communiqué la
direction du groupe Nice-Matin, sans toutefois expliquer précisément
ce nouveau revirement.
"Elle n'empêche en rien Jean
Icart et le fonds GPX Capital de présenter un plan de continuation
conforme à leur proposition initiale, tout en apportant à
l'entreprise et à ses salariés les garanties de la mise sous
protection du tribunal", note la direction.
La procédure de redressement "peut
également permettre à d'autres investisseurs de se manifester et de
proposer des solutions alternatives", stipule-t-elle. "Les
différentes solutions alternatives seront examinées d?ici fin juin
2014" par les deux administrateurs judiciaires nommés lundi par
le tribunal.
Le groupe Nice-Matin affiche des pertes
depuis trois ans, "par l'effet du recul conjugué des ventes au
numéro et des recettes publicitaires", souligne la direction,
qui indique avoir sollicité elle-même Jean Icart et le fonds GXP
Capital.
Le tandem s'était "engagé"
début février à investir 20 millions d'euros, pour prendre une
participation majoritaire et financer la relance du groupe. "Depuis
février, Jean Icart et GXP Capital ont à plusieurs reprises reporté
la date de versement de cette somme, en raison de difficultés
techniques qui auraient retardé le transfert des fonds. La
trésorerie du groupe Nice-Matin a continué de se dégrader durant
cette période. C?est pourquoi, la direction de Nice-Matin a demandé
l?ouverture d'une procédure de redressement judiciaire",
poursuit le communiqué.
Dominique Bernard, PDG du groupe
Nice-Matin, s'est déclaré "déterminé et confiant pour
trouver rapidement une solution qui soit la meilleure pour les
salariés du Groupe, ses titres et les lecteurs de Nice-Matin et
Var-Matin".
Il avait été convoqué, avec
également des représentants de salariés, lundi matin au Tribunal
de commerce de Nice.
Le tribunal a décidé lundi
l'ouverture d'une procédure de redressement judiciaire pour le
groupe Nice-Matin (611 salariés), mais aussi pour sa société de
distribution Publinice-Services (346 salariés). Par ailleurs, une
procédure de sauvegarde judiciaire a été lancée pour sa régie
publicitaire Eurosud Côte-d'Azur (176 salariés). Une période
d'observation a été ouverte pendant six mois.
Un comité d'entreprise s'est tenu
lundi au siège du journal afin de nommer deux représentants
supplémentaires des salariés pour suivre la procédure de
redressement.
Les syndicats craignent que la facture
sociale devienne plus lourde avec ce redressement judiciaire et
signifie des licenciements. Un plan social négocié pendant des mois
-accepté par le repreneur suisse et son partenaire niçois- prévoit
environ 147 suppressions de postes et 2 millions d'économies.
Le groupe Nice-Matin, qui emploie
environ 1.200 salariés, a terminé l'année 2013 sur une perte
d'exploitation de 6 millions d'euros, qui s'est encore creusée en
2014. Il publie les quotidiens Nice-Matin (qui tire à 90.000
exemplaires), Var-Matin (65.000 exemplaires) et Monaco-Matin. Le
groupe détient aussi 50% du capital de la société Corse Presse,
qui édite Corse-Matin.
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