Pour une commission d’enquête
sur la situation du Groupe Hersant Média (GHM)
Déclaration du Front de gauche
mercredi 15 août 2012
Toutes proportions gardées, la
crise qui secoue le Groupe Hersant Média (GHM) provoque dans le monde
des médias un séisme au moins équivalent à celui de Peugeot pour le
monde de l’industrie automobile.
L’un des composantes du groupe, la Comareg, a été placée
en liquidation judiciaire le 3 novembre 2011, jetant 1650 salariés au
chômage ; mais 6 mois auparavant, 750 salariés avaient déjà été
licenciés.
Au total, ce sont 2400 salariés qui ont été envoyés à Pôle emploi.
Aujourd’hui, le Groupe Hersant Média est au bord de la faillite. Composé de trois pôles de presse quotidienne en métropole :
1 – le pôle Normandie avec Paris Normandie, Le Havre Presse, Le Havre libre et le Progrès de Fécamp ;
2 – le pôle Champagne, Ardenne, Picardie (CAP) avec
L’union – L’Ardennais, L’Aisne nouvelle, L’Est Eclair et Libération
Champagne ;
3 – le pôle Sud, avec La Provence, Marseille Plus, Nice-Matin, Var-Matin et Corse-Matin,
il a ouvert des négociations avec le groupe belge Rossel
pour a reprise de ses activités, mais celui-ci a dicté des conditions
drastiques, à savoir des plans de suppressions d’emplois qui ne
manqueront pas de remettre en cause le fonctionnement des différents
quotidiens et donc la qualité de l’information dans trois régions.
Ce groupe s’est constitué sur les restes de l’empire constitué au fil des années par Robert Hersant.
En 1985, Robert Hersant avait scindé son groupe en deux,
d’un côté la Socpresse et de l’autre France-Antilles (regroupant les
titres détenus outre-mer ainsi que les pôles Normandie et CAP) pour
échapper à la législation nouvellement adoptée sur la concentration dans
les quotidiens.
Son fils, Philippe, a hérité de ce dernier groupe. Puis
il lui a ajouté les 280 journaux gratuits d’annonces édités sous le
titre ParuVendu et racheté à Vivendi en 2003 et, enfin, les titres du
pôle Sud rachetés au groupe Lagardère.
Cet ensemble, largement bénéficiaire à l’origine, a
accumulé les erreurs de gestion et de management. On a vu le résultat de
l’absence de vision d’avenir et le retard pris à se redéployer sur
Internet : la Comareg en faillite a été liquidée.
Pour les quotidiens, Philippe Hersant rejoue le même
scénario : une perte de lectorat désastreuse, des investissements
industriels gigantesques et, au bout du compte, des déficits plaçant les
entreprises au bord du gouffre.
Le nombre total de licenciements, si Hersant va jusqu’au
bout de ses annonces, sera proche de 500. S’ajoutant aux 2400 de la
Comareg !
Un nombre important de banques a ouvert des lignes de
crédit à Philippe Hersant de façon inconsidérée. On peut légitimement
s’interroger sur leur responsabilité dans la situation actuelle.
Comme on peut s’interroger sur les responsabilités de
quelques élus qui n’ont pas hésité à « couvrir » les affaires de
Philippe Hersant.
Curieusement, les titres encore rentables il y a quelques années enregistrent des pertes en quelques mois.
Où sont donc passés les excédents d’hier ? Evaporés ?
On ne peut manquer de s’interroger sur la simultanéité
des déboires de Philippe Hersant en France et la montée en puissance de
sa société Editions Suisses Holding SA (créée en 2002).
Cette société a acquis des quotidiens à Nyon, Neuchâtel,
La Chaux-de-Fonds, dans le Valais, des participations dans des radios
et des chaines de télévision et dans un outil industriel ultramoderne.
Aujourd’hui, alors que le Groupe Hersant Média (GHM) a
bénéficié de nombreuses aides de l’Etat (aides à la presse et
subventions du fonds d’aide à la presse), la représentation nationale
doit s’interroger sur la situation réelle des différentes entreprises
constituant le groupe, sur les éventuels liens entre l’assèchement des
finances des entreprises de l’Hexagone et les investissements en Suisse,
sur les responsabilités du groupe dans les erreurs de gestion et sur la
nécessité de le contraindre à renflouer la trésorerie des quotidiens
malades de sa politique.
Les salariés des titres des trois pôles de GHM ne
doivent pas faire les frais des errements de leurs directions, d’une
part, et des choix d’investissements hors de France, d’autre part,
alors même que les quotidiens du groupe voient leurs responsabilités
dans le débat public remis en cause du fait des plans de suppressions
d’emploi massifs qui menacent leur fonctionnement.
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