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NICE (Reuters) - Les salariés du groupe Nice-Matin ont annoncé vendredi avoir récolté plus de 300.000 euros de dons de lecteurs afin de racheter leur entreprise placée en redressement judiciaire.
"C'est un cap symbolique, mais nous ne voulons pas nous arrêter là", dit Damien Allemand, journaliste à la rédaction web du quotidien. "Il faut le plus de contributeurs et d'argent possible pour être crédible devant le tribunal de commerce."
Les 1.137 employés de la société éditant les quotidiens régionaux Nice-Matin, Var-Matin et Corse-Matin ont lancé en août une campagne d'appel aux dons sur une plate-forme internet spécialisée dans le "crowdfunding" (financement participatif).
Plus de 2.000 versements allant de cinq à 50.000 euros, venus de France mais aussi des Etats-Unis, du Canada, de Belgique ou de Suisse, ont été reçus par les salariés.
Largement relayée sur les réseaux sociaux, leur démarche a suscité le soutien de personnalités de tous bords, comme les anciennes ministres Cécile Duflot (EELV), Nathalie Kosciusko-Morizet (UMP) et Marie-Georges Buffet (PCF).
Les journalistes Philippe Bouvard et Christian Jean-Pierre, les artistes Laurent Voulzy et Alain Souchon ainsi que des élus locaux, comme le député-maire de Nice Christian Estrosi (UMP) ont également appelé leurs administrés à se mobiliser.
Des artistes ont offert aux employés des oeuvres originales qui seront mises aux enchères avec d'autres objets lors d'une vente de soutien à leur cause le 6 septembre à Nice.
CINQ AUTRES OFFRES
La volonté des employés de reprendre leur outil de travail par le bais d'une société coopérative et participative (Scop) a été décidée après le placement du groupe en redressement judiciaire, le 26 mai dernier.
"L'idée de faire appel aux dons des lecteurs est venue après l'envoi d'un chèque de l'une d'entre elle, Simonne Peyre, âgée de 91 ans. Sans grandes ressources, elle nous a donné 4.000 euros. On s'est dit qu'il y avait peut-être plein d'autres Simonne qui avaient envie de nous suivre", dit Damien Allemand.
Pour être économiquement viable, l'offre de reprise par les salariés nécessite l'appui d'investisseurs privés. Des discussions sont en cours avec plusieurs d'entre eux, mais leur identité n'a pas été révélée.
"On a discuté entre autres avec La Provence (détenue par l'homme d'affaires Bernard Tapie-NDLR) et son consultant Patrick Le Lay", explique une source syndicale.
Le projet des personnels prévoit de limiter les départs volontaires à 120 contre les 400 licenciements généralement annoncés par les autres repreneurs, selon les syndicats.
En plus des salariés, cinq candidats sont sur les rangs pour acquérir le groupe détenu par le Groupe Hersant Média (GHM).
Il s'agit du principal actionnaire de Libération, Bruno Ledoux, de la société éditrice de Paris Normandie, du Havre Libre et du Havre Presse, de l’ex-propriétaire de La Tribune et de France-Soir Georges Ghosn, du groupe Azur Santé Retraite et du groupe de presse belge Rossel associé à des investisseurs.
Les offres détaillées des repreneurs potentiels devront parvenir au tribunal de commerce de Nice avant le 8 septembre pour une décision finale attendue début octobre.
par Matthias Galante
(Edité par Yves Clarisse)
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