Associé à un fonds,
l'élu niçois Jean Icart achète le titre.
GHM, l'actuel propriétaire, conserverait
20 % du nouveau holding.
C'est
la fin d'un long suspense pour les salariés de « Nice-Matin ». La
direction a annoncé hier la prise de contrôle du quotidien régional par
l'élu niçois Jean Icart, conseiller général et municipal divers droite,
associé à un fonds d'investissement privé européen, spécialisé dans
l'immobilier de montagne et les yachts de luxe, dont le nom est tenu
secret. C'est une énorme surprise pour les salariés. Un nouveau holding
baptisé « Nice Morning », dont Groupe Hersant Média, l'actuel
propriétaire du titre, conserverait 20 %, serait créé. « Un soutien financier de l'ordre de 20 millions d'euros sera apporté au groupe dans les semaines à venir », précise la direction de « Nice-Matin ». Le journal évite ainsi le redressement judiciaire.
A
quelques semaines des élections municipales, la nouvelle de la prise de
contrôle de « Nice-Matin » ne devrait cependant pas manquer d'attirer
l'attention de Christian Estrosi, l'actuel maire de Nice, vice-président
de l'UMP, candidat à sa réélection. Car, à soixante-sept ans, son
ancien collaborateur Jean Icart fait aujourd'hui campagne contre lui. La
perspective de voir le principal journal local tomber entre les mains
de l'un de ses opposants n'est certainement pas une bonne nouvelle pour
le maire. « Jean Icart a fait part de sa décision de démissionner
de tous ses mandats politiques et de ne pas se présenter à la prochaine
élection à la mairie de Nice », affirme néanmoins la direction de
« Nice- Matin ». Elu à Nice depuis vingt ans, Jean Icart devait mener
une liste commune pour les municipales avec Jacques Peyrat, ancien maire
auquel avait succédé Christian Estrosi en 2008. Mais le premier a mis
fin à leur alliance fin 2013. Le second aurait appris la nouvelle... en
lisant « Nice-Matin ».
128 postes supprimés
Au
cours d'un comité d'entreprise extraordinaire, hier, a été présenté un
accord entre les salariés et la direction sur un plan social qui prévoit
la suppression de 128 postes d'ici à fin 2015, contre 150 réclamés au
départ par la direction. Au total, le plan coûterait à lui seul une
quinzaine de millions d'euros. Mais le journal a besoin de davantage
pour financer ses développements futurs.
De
son côté, Philippe Hersant cède un journal de plus et il ne lui reste
désormais que le pôle France-Antilles et une participation de 50 % dans
le très rentable « Corse-Matin », aux côtés de Bernard Tapie avec qui il
était encore récemment coactionnaire de « Nice-Matin » et de « La
Provence ». Les deux hommes ont depuis rompu leur alliance, ne restant
associés que dans « Corse-Matin », tandis que Bernard Tapie prenait le
contrôle de « La Provence ».